[R-PVP] Politesses dans la forteresse du Jarl
#84
Citation :Dione, mon frère adoré,

Ce matin, alors que les doux rayons d'une aube naissante caressaient mon visage, les songes qui me hantaient, ont pris fin pour me laisser émerger dans une réalité sans toi. Mes yeux, encore embrumés par les larmes de mes cauchemars, te cherchaient désespérément dans la chambre où je venais de m'éveiller. Ils ne rencontrèrent que ceux, d'un bleu troublant, de ce noble maladroit dont nous nous étions moqués, dans l'intimité, lors de cette expédition dans les Marais de Tenagos.

C'est lui qui m'apprit ta survie, ainsi que ton départ dont il profita pour te remplacer à mon chevet. Tu riras certainement de cette ligne et de l'inconstance de ta sœur qui se laisse attendrir par un sourire charmeur et des bras protecteurs, mais tu comprendras, je crois, bien vite en le revoyant ce qui m'attire à présent en lui.

Toujours encore, je reste sans nouvelle de notre Yan. Mon angoisse à son sujet reste, néanmoins, modérée à la vue de ces fameux événements. Son chemin s'est détourné du mien, du nôtre. Je ne lui en veux pas, son pragmatisme préservera sa vie bien plus surement que cette folie dont tous m'accusent.

Démone. Succube. Folle. Renégate. Traitresse. Les qualificatifs pour évoquer ta sœur ne manquent pas et trouveront leurs échos dans la bouche des délateurs, trop heureux de flageller un bouc-émissaire devant les autorités de notre peuple plutôt que d'assumer l'échec de leurs propres décisions. Je pose l'amertume de mon cœur sur ce papier pour que nous n'oubliions jamais la façon dont nos pairs nous ont utilisés dans cette maudite forteresse. Toi, comme chair à canon. Moi, comme coupable.

L'échafaud sera dressé dés le retour en notre belle Yris de ces braves, braves héros, qui ont courbé l'échine face aux hommes du Nord à la seule évocation de la magie Holdar. L'espoir d'une sentence clémente ne m'est pas permis ; la roture n'est jamais victorieuse dans ces tribunaux de cours, encore moins dans ce cas.

Qu'importe, j'assumerai les conséquences de mon sang sans sourciller. De ce sang qui boue dans nos artères et qui s'est embrasé à la vue du Jarl Aaren. C'était bien lui, Dione. C'était bien ce père que nous avons longtemps recherché. Tous les indices, toutes les rumeurs, tout concorde, jusqu'aux battements saccadés de mon cœur. J'en ai l'intime conviction. Nous en reparlerons de vive voix.

Mes seuls regrets sont de n'avoir su ni protéger Père tant de ses ennemis que de lui-même, ni anéantir d'un feu vengeur ce colosse aux tatouages, responsable de tes tourments.

Va, mon frère.
Prends l'essor dont notre Salamandre a besoin pour s'immiscer au cœur des affaires Taliennes. Je saurai œuvrer à sa cause et te retrouver bien vite malgré les détours que le destin m'infligera.

Puisses-tu sentir mes caresses sur ton doux visage.

Pour toujours ta sœur,
Selinde
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