[R-PVP] Politesses dans la forteresse du Jarl
#39
Ils ont beau porter des armures, arborer des épées et manipuler les arcanes.
Ca ne reste que des enfants.
J'ai été bien sotte et naïve de croire qu'il en serait autrement.

C'est avec cet esprit que je regardais avec consternation et lassitude certains de mes « alliés » s'incliner vers le Broden Aaren.
Certains d'entre eux ne le faisaient que par pur intérêt, espérant se servir du jarl dans leur propre intérêt pour vaincre les agars et les nains et ensuite les achever, et affichant ainsi clairement ler
Comme si leur plan allait se passer exactement comme leurs prédictions.
D'autres semblaient vraiment avoir sombré dans une démence sombre et inquiétante.
Selinde incarnait l'exemple le plus marquant, et semblait même entraîner d'autres, que les derniers événements avaient fragilisés, dans sa chute.

J'ignore pourquoi le jarl a pris cette décision.
Quand il est passé près de moi, j'ai cru saisir dans son regard une lueur, presque imperceptible, humaine et j'irais même presque à dire, paternelle... Avant de s'estomper, avalé le tourbillon impétueux de sa folie.
Je ne pourrais sans doute jamais répondre à cette question, même dans quinze ans… Si je vis encore jusque-là.

Celui-ci avait visiblement décidé de nous accorder « sa bonté » et de nous épargner, même de nous aider.
Mais il n'en sera pas sans conséquences, bien évidemment. Qu'il gagne ou qu'il perde.


Tout cela car dans leur fierté et rage de vaincre, les aventuriers n'avaient pas voulu accepter le spectre de la défaite.
Ils étaient prêts à tout.
Ainsi s'étaient-ils décidés à se ranger auprès de cet homme –si on peut encore le désigner ainsi-, sans vraiment en calculer les conséquences.
Il était leur ennemi.

Mais pas qu'eux.
Les Agars l'étaient aussi.
Mais aussi étrange que cela soit, je ne leur voue pas une haine féroce et éternelle, même suite aux événements s'étant enchaînées depuis notre entrée dans la forteresse.
Longtemps ils ont été nos cousins, et des brides de patrimoine commun coulent autant dans leur sang que dans le nôtre, nous Taliens.
De plus, en tant qu'ex-militaire et stratège, je ne me pouvais à résoudre à ne pas les féliciter mentalement pour leur stratégie et leur victoire qui pour moi, depuis quelques jours déjà, était incontestable
.
Leur plan n'était ni complexe ni intelligemment mené.
Il n'y en a sans doute même jamais eu.
Néanmoins, leur coordination, leur réactivité et leur capacité à punir nos fautes jusqu'à présent fut remarquable.
En tant que militaire, je ne peux que les approuver dans leurs choix.

J'ai bien voulu essayé d'imposer un minimum de discipline et de tactique à ces jeunes, insolents et sans peurs.
Mais pourquoi iraient-ils écouter une vieille femme aux relents de vinasse, se disputant bruyamment et sans cesse avec son élève ?
J'avais été contre l'investissement de la pièce centrale une fois le commandant tué, étant plus favorable à un plan misant sur la patience et l'attente dans le couloir, afin de laisser les Agars et Nains investir la salle, pour ensuite les prendre en tenaille entre nos forces et celles restantes du jarl rénégat.
Ils avaient refusé, souhaitant se précipiter, encore et toujours.
Je n'ai pas réussi à m'opposer.
J'ai pensé à faire demi-tour, mais je ne pouvais laisser Dyanese, et je savais pertinemment d'avance que cette dernière n'aurait jamais voulu me suivre, fière et téméraire comme elle est.
Ainsi j'ai gardé silence et je les ai suivis.
Sans doute si j'avais insisté, nous aurions pu éviter ce dénouement.
Mais je ne l'ai pas fait.
Pour cette réponse simple et universelle que j'ai essayé sans cesse d'inculquer à Dyanese pendant toutes ces années.
Notre pire ennemi est nous-même. Mais aussi notre meilleur enseignant.
Ils ont appliqué leur plan.
Les agars et les nains, la stratégie à laquelle j'avais moi-même pensé plus tôt.
Je n'ai pas de regrets.
J'ai cessé d'en avoir.
Pour autant… Cela ne signifie pas que je vais laisser cette bande d'éberlues terminer ainsi, et ruiner leur potentiel avenir avec une situation aussi absurde.
J'ai été silencieuse et passive bien trop longtemps.
L'heure de passer à l'acte est arrivée. Et j'en assumerais les conséquences.
Je jette un regard déterminé à Illaria, hors d'elle-même.
Puis à Léonide, tout aussi fulminant.
Et enfin à Dyanese qui… Dyanese quoi.
Je perçu tout de suite leurs sentiments quant à la situation.
Ils pensaient comme moi.
Leur choix était fait.
Le mien aussi.
Je m'apprêtais à les suivre.
Mais avant.
Avant.
J'avais quelque chose à accomplir.

Je me retourne à nouveau vers l'intérieur de la pièce.

Je regarde une fois de plus Selinde.
Sonder son regard m'apprend que son état n'a guère changé. Elle est prête à aller jusqu'au bout.
Moi aussi.

Je m'approche légèrement vers elle, avec un sourire attristé, presque maternelle.
Ma main se tendit dans sa direction.
Puis-je dis :
"Désolée... mais ça risque de piquer un peu."
Et je prononça la formule.
Un rayon blanc écarlate transperça les voûtes antiques. Un condensé de lumière pur visant à dissiper les ténèbres et les maléfices. Comme ceux qui avaient pris possession du cœur de la jeune femme. La détonation résonna entre les colonnes, et sans doute même jusqu'au couloir.
Avant que chacun dans la pièce ne puisse réaliser ce qu'il s'était passé, la fumée et la poussière retombèrent autour de Selinde.
Ma main se tendit à nouveau, et cette fois, c'est une délicate volute blanche, douce et bienfaisante, qui partit de ma paume et enveloppa, comme une mère serrant son enfant contre son cœur, la jeune femme, afin de panser et guérir les blessures résultantes de sa « conjuration ».

Alors je donna un coup sec de mon bâton sur les dalles de marbre éclaircies par le temps et l'usure, et je me mis à prononcer haut et fort ces quelques mots :
"TALIENS.
HAUT-ELFES.
Qu'importe la victoire ou la défaite.
N'oubliez pas qui vous êtes vraiment !

A savoir…
"
Je pris une grande inspiration… Avant d'enchaîner :
"Une bande de gamins capricieux et inconscients qui n'ont rien de mieux à faire de leur fichue et ennuyante vie qu'à jouer à la guerre, criant et gesticulant tout en agitant leur épée de bois et en allumant des étincelles dans tous les sens.
Et qui dans cette situation, ne font que geindre et ramper au sol, jusqu'à même avoir la honte, que dis-je ! le déshonneur de se retrouver à la traîne derrière une vieille alcoolique, un fossile clopinant, une truie pimbêche et une éclaireuse éteinte pour le combat final.


C'est tout. "

Décidément. Les discours dramatiques ne seront jamais mon fort.
Le passé militaire que voulez-vous.
Ca me perdra. Un jour.

Sur ce je fis demi-tour, et mi'élança sans un regard en arrière vers la salle centrale rejoindre le combat contre Broder Aaren.
Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :