Les destins empoisonnés
#1
Dans une maison vétuste de la capitale, vivait un archiviste oublié de tous. Tout le monde avait fini par se lasser de ses histoires, et les échoppes s'étaient débarassées de ses oeuvres. Si bien que désormais, il vivait reclus. Reclus dans une demeure délabrée et vide de vie. La poussière recouvrait le mobilier de chaque pièce et s'accumulait sous les tapis. Un peu partout disséminés, des morceaux de solitude, et dans les coins, tels des métiers à tisser, d'immenses toiles d'araignées. Des chaises étaient allongées sur un plancher en très mauvais état, avec des vêtements en lin mis en boule. A en croire ces lieux, il y avait de la négligence. Mais si l'on entrait dans la pièce la plus profonde de la maison, on réalisait combien l'homme qui résidait là était méticuleux. De fait, la pièce en question était aménagée avec goût et rangée à la perfection. Chaque chose était à sa place comme si elle n'avait jamais été dérangée.


Le vieil elfe avait allumé les quelques bougies d'un chandelier ornementé qu'il avait ensuite posé sur un large bureau. Une douce lumière flottait au-dessus du meuble sur pieds. Et dans la pénombre, on devinait une bibliothèque fournie tout contre le mur. Les livres qui se tenaient sur les étagères étaient parfaitement alignés, classés par volume et par taille.


Après un long et bruyant baillement, l'archiviste suranné s'empara d'un minuscule ouvrage rangé tout au bout d'une tablette. Il l'ouvrit.


« Quelle belle histoire, fit-il à voix haute, comme si quelqu'un l'écoutait. Elle a empreint des générations d'elfes, et porte en ses pages le symbole de l'amour. C'est l'histoire d'amour par excellence, l'archétype du coup de foudre. On y découvre une violence sans fin et on y souffre des affres de la passion. Entrez-donc dans la destinée de ces deux personnages, à une époque où les mystères ne sont pas résolus, et où les villes sont encore raisonnablement peuplées. Revenez en 1690 sous le règne d'Osirwë, plongez dans un siècle qui est l'apogée de notre civilisation ! »


L'archiviste s'interrompit et feuilleta quelques pages du livre qu'il tenait sur ses genoux.


« Quelle belle époque, murmura-t-il, nostalgique. Ce ne sont plus les moeurs d'aujourd'hui... mais sachez qu'en ces temps, la plupart des elfes étaient de petites gens, des coeurs justes. Tous évoluaient dans un havre de paix avec un sentiment de sécurité. De fait, les armées elfiques avaient étendu le territoire au-delà de nos frontières, repoussant toujours plus loin les tribus barbares. Il n'y avait plus ni peur ni menace. Et alors, une grande bonté soufflait sur l'Empire. De nombreuses activités naissaient ou se développaient. C'est à cette époque notamment, que l'on vit l'émergence du Théâtre en Erioss. L'Empire portait un intérêt soudain à la musique et à la littérature... mais il connaissait tout juste ses plus beaux personnages et ses plus grands héros... »
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