[RP] Sur les traces de la truanderie
#3
Je m'étais assise sur une caisse de marchandises, les jambes ballantes et la respiration encore haletante après l'effort. Les contrebandiers n'étaient déjà plus que des lambeaux de chairs calcinées et lacérées gisant sur le sol de la pièce. Celle-ci, d'une taille confortable, abritait divers caissons et malles remplis pour la plupart de babioles sans intérêt. Mais résolus à ne quitter ces lieux nauséabonds qu'après les avoir intégralement vidés, nous ne laissions aucune cassette, même la plus insignifiante, sans l'avoir au préalable inspectée.

Le sorcier encapuchonné, Vagnard, s'approcha pour féliciter notre fratrie pour sa vitesse d'exécution des truands. Bien qu'il me semblait sincèrement surpris, je me contentai de hausser les épaules d'un air blasé.

« Ces pouilleux n'étaient pas bien résistants. Et pas bien fortunés non plus. »


Accompagné de Sophia, avec qui nous avions déjà combattu face à des porcs parasités, et d'une autre sorcière dont je ne me souvenais que l'œillade aguichante dont l'avait complimentée Dione au détour d'une ruelle d'Yris, il était arrivé sur les lieux fort tardivement et n'avait eu l'occasion que de voir le dernier bandit s'écrouler. Nous leur avions ôté la vie sans la moindre difficulté.

Sans le moindre remord pour ma part.

Tandis que d'autres répugnaient à commettre l'irréparable, j'envoyais mes adversaires sans état d'âme se confronter à leur propre reflet dans le Miroir d'Anastraph. Qu'importe si je finissais par les y rejoindre, dans le Puits des Âmes Damnées. J'en avais la certitude, intime et impérieuse qu'un jour les Flammes me tourmenteront dans ma mort autant qu'elles me consument dans ma vie.

Ah, j'en frissonnai encore, de ce plaisir malsain qui m'étreint à chaque fois que le Don me domine. Cette sensation de puissance… Conquérante. Jubilatoire. Ce moment où le feu se répand, tel un incendie de forêt, carbonisant tout sur son passage. Cet instant où les gémissements de douleur de mes victimes retentissent, sinistre et néanmoins si douce mélodie à mes oreilles, sous l'effet des flammes qui lèchent leurs peaux boursouflées et noircies. Je me moquais de leur souffrance. Pire, je m'en nourrissais dans une extase sadique.

Durant cette transe cruelle, seule la crainte de toucher ma sœur ou l'un de mes frères m'horrifiait. Il s'en était fallu de peu qu'une boule de feu ne s'écrase aussi bien sur les contrebandiers que sur Dione, dans un tragique dommage collatéral. Ce sortilège m'était inédit en situation sur le terrain, l'excitation d'autant plus intense. L'occasion était bien trop belle pour déchainer toute la violence de ma pyromancie. Le feu brûlait en moi, impatient de libérer sa folie ardente sur ces misérables. Déjà les flammes commençaient à entourer mes doigts. Mon regard se posa sur mon frère au dernier moment. Je ne pouvais pas. Mon incantation prit fin instantanément.

Le combat n'était pas pour autant terminé et j'étais bien décidée à délivrer un torrent de feu sur nos ennemis. J'eus une brève hésitation et quelques mots d'excuse : Finrod était toujours dans la mêlée. Le flot de flamme se répandit, acharné en enragé dans sa mission destructive.
L'arbalétrier s'en tira avec quelques brûlures superficielles. Sa survie, à lui, m'importait peu.
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