Le Raid, récits de chasse

[Morane]

Le combat touchait à sa fin, les pauvres guerriers elfiques, venus pour massacrer du barbare, étaient désormais nettement moins fiers.

Dégolas étaient de ceux là. Rien que son allure était étrange, un haut-elfe aussi petit semblait particulièrement bizarre aux yeux des agars. Un croisement entre un gobelin et une haut-elfe qui aurait trop bu ?
Des rumeurs des temps anciens faisaient référence à des êtres étranges, qui habiteraient dans des maisons de pierres levées, aux cheveux toujours humides et qui se nourriraient exclusivement de beurre plongé dans de l'eau de mer auquel il ajoutaient toute sorte de chose, mais généralement du lait et de la farine. Improbable n'est-ce pas ?
Celui-ci semblait cependant bien loin d'être aussi joueur et espiègle que le savoir populaire ne le laissait entendre, mais bien plutôt penaud.

Se rendre ? Mais de quoi il parle ?



Quel était ce concept étrange ? Sauver sa vie ? Mais ça n'avait aucun sens, les dieux eux mêmes s'en chargeaient toujours tant que l'honneur était là. Pourquoi refuser quelques petits instants certes difficiles mais indispensables si c'était pour terminer dans l'Askàheim ?

Le temps que les agars intègrent la manière de penser du peuple elfique, voilà que le gnome part à quatre pattes vers la protection de la ville, sans plus attendre, avec un grand sourire aux lèvres et un geste des plus explicites. Ah si, on retrouvait bien l'espièglerie des légendes. Perplexes, les agars haussèrent les épaules. La prochaine fois, ils frapperaient.

Les autres combattants avaient soit suivis les conseils avisés de leur capitaine improvisé et étaient partis la queue entre les jambes, enfin, du moins, s'ils en avaient eu une, ou restaient sans réaction devant la boucherie avant de rejoindre les corps qui se vidaient de leur sang.

Les corbeaux, animaux bien plus sociaux qu'on ne pourrait le penser, appelaient leur frères au grand banquet qui leur était servi sur tapis d'herbe fraiche. Quand il y en avait pour 3, il y en avait pour 30 dans ce monde aviaire. Le ciel, dans un vain espoir de nettoyer son sol du sang elfique, avait choisi de faire tomber la pluie, ce qui arrangeait bien au côté dramatique de la scène.

Plus jamais, se disaient-ils sans doute, dans une langue ou l'autre, plus jamais nous ne viendrons nous battre contre ces barbares bien trop brutaux pour nous !
Sans un seul mort de leur côté, assez surpris d'ailleurs de ce point, les agars étaient satisfaits d'avoir ainsi glorifié les dieux et leur peuple, et après avoir invités à grand coup de hurlements les elfes à sortir de l'abri de leur ville, face au silence, ils plièrent bagage, bien décidés à revenir plus tard.

Morane se tourna vers la ville, un sourire effrayant aux lèvres, le sang coulant de sa bouche, avant de chuchoter :

A la prochaine, les amis !

Le Raid était terminé. Pour cette fois.