Le Raid, récits de chasse

[Mûnr]

Grouille-toi, Nabuk, on va arriver en retard et il n'y aura plus de gibier pour nous ! Morane a encore facilement 2 ou 3 jours de marche d'avance sur nous... La connaissant, elle va tout cribler de carreaux, et il ne nous restera plus qu'à porter les têtes sur le chemin de retour pour en faire des trophées...


Me grouiller ?! T'es drôle, toi... Si t'avais pas passé ton temps à jouer au bûcheron, mineur et même fleuriste... tu aurais rejoint Morane depuis longtemps et je n'...

Eh ! Toute marchandise est bonne à ramasser. De toutes façons, j'avais de l'avance sur toi et je t'ai attendu. Disons cel....


Et je n'aurais pas à me trimballer une tonne de fer. Tu as réfléchi avant de te charger comme un mulet avant une partie de chasse ?


Les deux compagnons marchent d'un pas pressé dans la plaine. Au loin, ils aperçoivent une bergère entourée de mouton, qui ne les quitte pas du regard jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une tâche de couleur dans les collines.

***

Lorsque le crépuscule poind, nos deux amis, éreintés après une dure journée de marche, montent un sommaire camp et Floki entreprend d'allumer un feu.


On aurait pu croire qu'un puissant sorcier serait capable d'allumer un feu...



Ferme-la, sinon j'éteins ton feu dès que tu auras fini de jouer avec tes silex. Ça, crois-moi, je sais bien faire... Selon mes estimations, nous devrions rejoindre Gared dès demain mataaaaaAAaarGh... Rhaaaaargl. Au secouuuurrrraaaaarh !

Comprenant que la diction de Nabuk est entravée par un événement extérieur, probablement quelque chose de gros, poilu et avec des crocs, Floki bondit sur ses pieds, hache à la main, alors que les brindilles commencent à s'embraser dans le foyer improvisé.

Devant lui, aux prises avec un Nabuk désemparé et ensanglanté, un énorme loup blanc, l'oeil féroce, et ses crocs... Une lueur terrifiante luit sur ses longues canines, déjà tâchées du sang du pauvre sorcier.



Nabuk, en bien piètre état, est plaqué au sol par les deux pattes avant de la Bête, qui tente de lui dévorer le visage. Il arrive tant bien que mal à repousser les assauts avec son bâton. N'écoutant que son courage, Floki lance de toutes ses forces une hachette au milieu de la masse de muscles qui est en train de déchirer son ami et hurle de sa voix la plus profonde.

Hééé ! Sale bête, laisse-le tranquille et viens te mesurer à moi si tu l'oses.
Mais je préfèrerais que tu te contentes de t'enfuir, si possible


Le loup pousse un grognement sonore lorsque la lame de la hache vient pénétrer sa chair. Pendant un bref instant, le prédateur fixe les yeux de Floki, qui ne détourne pas le regard et dégaîne une deuxième hachette. Derrière-lui, le ranger sent le feu gagner en puissance et la chaleur lui carresser les mollets, tandis que les bûches commencent à crépiter. Nabuk, toujours à terre, murmure une incantation en direction de Floki, qui sent ses bras se gonfler de puissance.

Puis tout à coup, le loup bondit sur Floki, avec une rapidité epoustoufflante pour sa taille.



Par pur réflexe, Floki se jette sur le côté et parvient à esquiver de justesse l'assaut. Il envoie une nouvelle hachette, qui vient entailler le flanc de l'animal, qui grogne à nouveau, furieusement. Alors que la bête se retourne et se prépare à un nouvel assaut, Floki attrappe deux bûches enflammées, dans le brasier, et les agite de manière menaçante vers le loup. Celui-ci hésite, donnant le temps à Floki d'envoyer une des bûches dans sa direction et de se baisser pour en saisir une deuxième. L'imposante masse poilue esquive le projectile enflammé d'un bond apeuré, et recule peu à peu dans l'obscurité croissante de la nuit tombante.

Rapidement, Floki assemble de multiples foyers autour du camp. Le loup est désormais loin dans la pénombre, mais ses grognements menaçants semblent malgré tout bien trop proches. Une fois le périmètre du camp sécurisé, Floki tâche de panser les plaies de Nabuk, qui murmure des incantations de guérison. Une impression d'écoulement et une chaleur apaisante émanent de son corps, et Floki ne s'inquiète guère de sa capacité à être à nouveau sur pieds demain.


Allez, puissant sorcier, montre-moi que ta magie est aussi impressionnante que tu le prétends. Mais n'oublie pas de te reposer... et de manger !


À tout hasard, Floki pose un jambon à côté de son compagnon désormais assoupi et début sa garde. Durant la nuit, interminable, il entretient les feux et adopte une posture menaçante dès qu'il croit entendre la bête aux alentours du camp.

***

L'aube se lève enfin, et Nabuk se réveille, la mine grise mais l'oeil alerte. Il dévore le jambon avec un appétit surprenant et se dresse sur ses pieds en vacillant.


Décidément pas ma meilleure nuit... Bravo pour le feu, je vois qu'il a fini par prendre.


Une demi-douzaine de foyers finissent de se consumer en fumant.


Mettons-nous vite en route, j'aimerais rejoindre Gared avant que ce monstre ne décide de revenir à la charge.


Les deux Agar lèvent le camp en vitesse et reprennent leur chemin. S'ils n'ont aucun indice de la présence du loup à leurs trousses, ils hâtent malgré tout le pas comme s'ils étaient traqués. Au bout de quelques heures, ils aperçoivent une large silouhette, appuyée contre un arbre, qui semble manger une pomme.


Gared ! Heureux de te voir ici. On a rencontré un sacré monstre sur la route.



Hé les gars ! Je vois que Nabuk a un peu de mal à s'adapter à la vie au grand air ! Qu'est-ce que c'est que cette mine, on dirait que tu sors de ta tombe !


Floki et Nabuk racontent à Gared les événements de la nuit.

Ah ! Ça faisait bien une semaine que je savais qu'il me suivait, ce gros loup ! Il a bien tenté de me croquer une fois ou deux, mais il n'a jamais pu trouver un bon angle d'attaque ! Il semble qu'il se soit rabattu sur un gibier plus à sa portée !


Le large guerrier sourit de toutes ses dents, lançant un regard presque tendre à l'imposant fléau accroché à sa ceinture.




Bon, débarassons-nous de cette bestiole et allons rejoindre les autres... Ils nous en voudront si on s'amuse trop sans eux. Nabuk, tu seras notre appât, des objections ?

***

Floki et Nabuk enroulent la fourrure fraîchement arrachée à l'aide de deux bonnes ficelles, tandis que Gared astique son fléau avec une étoffe, tâchant d'éponger toute trace de sang sur l'acier.


Pourquoi tout paraît si simple, avec lui ?



Il était ptet pas si méchant que ça, ce loup...


Au loin un cri résonne. Suivi d'un long hurlement bestial, étrangement familier.


Il semblerait qu'on n'ait pas fini de s'amuser, les enfants ! La chasse est bel et bien commencée !



Ce n'était pas le gibier auquel je m'attendais... Hé ! Tu as utilisé mon manteau pour essuyer ton machin ?