Le Raid, récits de chasse

[Morane]

Les neiges cédaient la place aux grandes étendues verdoyantes, même les loups perdaient leur pelage blanc immaculé, Morane était elle même chargée d'une énergie nouvelle.

Elle adorait la neige, ce froid mordant qui donnait l'envie profonde de vivre, cette joie d'avancer à la vitesse d'un mouton au repos en profitant du paysage, tomber sur un refuge parfait pour la nuit puis réaliser qu'il y a là un loup... au sens propre... bref, la vie d'une agar dans les grands espaces du Nord.

Cependant ce petit redoux et la perspective de la chasse l'enthousiasmait plus qu'elle ne s'y attendait. Attendre des heures que la bête arrive, ou la traquer silencieusement, l'entourer et frapper... Ah, quel beau sport !

Un bruit, à une vingtaine de pieds, pas plus qu'une brindille qui craque... une tâche blanche. Silencieusement, Morane sort son arbalète de derrière son dos, l'arme et vise. La tâche bouge, elle relâche la gachette... et c'est le drame.

Le carreau part avec 6 bon pieds de déviation pendant que la corde explose en une demi-douzaine de morceau qui viennent lui fouetter le visage........


Chiure puante, qui m'a fichu une corde pareille !


Et voilà la bête qui répond, contre toute attente :

Mais tu t'es fais bercée trop prêt du mur ou quoi la débile, tu crois que j'tai pas vu avec tes gros sabots ?


En guise de méchant loup se dégage du buisson la forme... très reconnaissable au demeurant, d'une bergère sur ses grands chevaux, enfin, ses grands moutons, dans ce cas précis.

On n'a pas idée d'être aussi stupide, t'as failli m'épingler au... j'en sais rien, va, m'épingler à un truc, c'te arbre, tiens !


Frustrée de n'avoir pas fini son expression en beauté, elle est comme... rassurée ??? par un de ses moutons qui lui caline la jambe.


Oui, Roger, tout va bien, tout va bien, Maman est énervée, c'est tout, c'est parce que la dame est aussi mature que ton sabot, c'est tout.


Et voilà le mouton qui hoche la tête et qui se remet à brouter, suivi par tous ses confrères. Se secouant la tête comme pour se réveiller, Morane n'a pas le temps d'enchaîner que la bergère reprend :


T'es pas cinglée oui, si tu savais viser, mes pauvres enfants, z'auraient été tout seul, incapables de survivre, plus que moi pour les garder !


Au regard d'amour... presque sensuel, qu'elle jette à ses bêtes, Morane comprend qu'il s'agit d'elles. Et l'heure qui suit est une suite d'incompréhensions : non, ce n'est pas une pioche-arc, c'est une arbalète, oui, c'est pratique, non, pas pour creuser, pour ti... non, ce n'est toujours pas une pioche, oui, ça tire, mais non, c'est pas un arc... non, ce n'est pas un piège à ours, c'est un hamac, pour la nuit, non, pas pour les nids... dit, elle est gelée ta corde, hein, normal qu'elle pète, si tu la met à côté d'un glaçon... ah, c'est pas un glaçon, mais une arme... de Chil ??? Mais c'est débile, de prendre un glaçon, ça fond ! et ainsi de suite pendant une bonne heure. Heureusement les pichets de lait fermenté et le fromage agrémentent agréablement la discussion plutôt laborieuse.

Mais c'est n'est pas stupide le coup du glaçon, si je mettais ça dans le charg...


Ah, crotte ! Mais t'es pas le couteau le plus fin du tiroir., mon sac va puer le lait pourri, maintenant !



Oh, ça va hein, de toute façon, on t'entend déjà à des lieux de distance, on te sentira juste en plus maintenant !


Quelques heures après, Morane s'est fait une nouvelle amie, mais il faut déjà se quitter, la nuit tombe et le gibier l'appelle et le point de rendez-vous avec les chasseurs du Raid est quasiment là. Elle ne l'oubliera pas.