Gang de blafards
#2
La flamme vacilla.

Hélas, ce n'était que le fait du souffle du vent et non celui de ma volonté. Je soupirai. Un échec encore. Peut-être était-ce le dixième depuis que Lev, insouciante, s'était assoupie la tête sur mes genoux ?

Ma douce sœur dormait à poing fermé, étrangère aux bruits parfois terrifiants que réserve la nuit aux voyageurs de la belle étoile. Je déposai un léger baiser sur son front, dégageant quelques mèches de sa chevelure laiteuse qui cachaient son visage à ma vue. Comme Mère l'était avant que le temps ne désagrège son éclat, Lev est belle. Si belle que tous détournent les yeux pour admirer sa divine silhouette et contempler son visage délicat. Si belle que Mère en était fière et disait que sa fille éclipsait même la clarté de la lune. Elle, elle n'aurait aucun mal à se faire une place enviée en tant que favorite d'un noble en villégiature à la capitale.

Par contre, pour moi, aucune issue avantageuse n'était possible, me répétait-elle. Pas avec ce regard suffisant défiant quiconque osait le fixer avec insistance. Les hommes aiment les femmes dociles et fragiles, pas celles qui les bravent, me disait-elle. Pas avec ces nombreux hématomes qui altéraient mon corps et révélaient les bagarres de rue dont j'étais l'une des ferventes amatrices. Que pouvait-elle ajouter de ces joues constamment tuméfiées si ce n'est un haussement d'épaule dédaigneux ? Sa fille, son ainée, n'était qu'un voyou sans avenir après tout.

Je posai ma main contre ma propre joue, encore chaude et rougie par l'impact. La main de Mère. Toujours plus insatisfaite. Toujours plus violente. Au moins, cette fois, elle n'avait pas usé du martinet pour me châtier. Qu'importe, Mère ne taperait jamais aussi fort qu'une Matrone saurotarque. A cette pensée, j'eus un petit rire, étouffé pour ne pas les réveiller.

Cette nuit, c'était à moi de veiller.
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