[RP] Animation : Aiguemirail
#66
Derrière son sourire affable, celui que l'on réserve généralement à la stricte politesse, je devinai chez Victor une certaine rancœur après mes propos. Ceux-ci n'avaient pourtant visé qu'à le rassurer sur notre éventuelle intention de détacher son joli minois de ses épaules plutôt robustes, Lev semblant supposer qu'il s'en préoccupait.

Fallait-il que je tombe en pâmoison devant ses faits d'armes si exceptionnels, devant sa tempérance hors du commun, pour qu'il bombe le torse de toute sa superbe ? A vrai dire, je n'avais que faire des états d'âme d'un jeune noble complexé, à l'ego tourmenté par ses propres erreurs, et dont le besoin de s'auréoler de gloire était palpable.

Mais…

La compassion n'est pas l'une de mes qualités, et ce n'est certainement pas celle-ci qui guida mon geste lorsque je me permis d'attraper spontanément le bras du jeune guerrier avant qu'il ne s'éloigne hors de la tente.

« Victor, avant de chercher la reconnaissance dans le regard d'autrui, commencez par avoir confiance en vous. En définitive, ce n'est que cette dernière qui vous a manqué pour faire un excellent commandant. »

Cet aveu, quasiment un compliment, me piqua la langue. Je ne l'avais prononcé qu'à voix basse, le regard droit dans le sien, traquant sa réaction avant de le lâcher pour lui permettre de s'en aller. L'elfe des neiges m'avait-il entendu aussi ? Probable. Leurs sens étaient bien plus aiguisés que les nôtres après tout.

D'une voix plus claire, je repris, me tournant également vers l'elfe.

« En effet, nous risquons de nous croiser à nouveau, et ce sera un plaisir renouvelé. Je dois admettre que les Sentinelles savent s'y prendre pour faire mordre la poussière, enfin la tourbe, à des saurotarques furieux.

Cyrijäl… Ce nom n'évoque à mes oreilles que les légendes entendues de-ci, de-là. Ma fratrie n'a jamais eu l'occasion d'aller au-delà d'Asteras. A vrai dire, j'ignorai que cette froide région subissait des troubles notables. Du moins, pas plus qu'ailleurs.»

J'eus un petit rire amusé lorsque Lenwë argua le manque de fonds de la guilde. Il ne pouvait avoir conscience que nous avions toujours manqué de tout.

« L'argent… Le nerf de toute guerre," répliquai-je sans pourtant me départir d'un sourire.

« Pour l'heure, nous comptons simplement profiter de notre présence à Yris pour visiter notre mère quelques jours, avant de partir enquêter dans la campagne Talienne pour le compte de la Garde. »

Il me fut impossible de cacher un vague sentiment de dégoût en évoquant la perspective de voir Mère. Je m'inclinai en guise de salutation.

« Permettez-moi de me retirer, ma sœur et mes frères m'attendent.
Oh, lorsque nous nous verrons à nouveau, j'espère que vous aurez soigné votre mauvais rhume.
Bonne continuation.»
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