Un bout de bobine
#4
Une promotion.
Si seulement.
Après avoir pataugé plus d'un mois dans un marais fétide et affronté une tribu de saurotarques en colère, la Redresseuse de Tort d'Yris s'était contentée d'un vague remerciement affecté. Il s'agissait certainement d'une façon de signifier ouvertement qu'elle se déresponsabilisait, elle et les autorités Taliennes, du massacre de reptiles qu'il nous avait été suggéré, ou plutôt vivement conseillé. Cette sombre farce avait encore un goût amer. Comment envisager l'obtention d'un galon d'officier dans ces conditions ?

Cela étant, je n'avais aucune raison de contredire la demoiselle, aussi certaines que soient les railleries.

"A dire vrai, mes frères et moi sommes actuellement en mission pour le compte d'un particulier inquiet pour la sécurité de sa fille. Celle-ci aurait quitté le manoir familial pour rejoindre quelques nobliaux en quête de gloire et d'aventures. Il convient de la ramener avant qu'elle ne finisse par se blesser avec l'épée qu'elle a dérobé dans la foulée."

Je me gardais bien d'étayer mes pensées sur les caprices de cette jouvencelle prétentieuse. Encore une lubie d'une noble n'ayant jamais mis un pied en dehors de ses luxueux appartements. Au moins, la tâche serait aisée, quitte à cogner sur ses compagnons pour que la belle retourne à ses dentelles et bals mondains.

Je détaillai du regard l'elfe toujours à la hâte.
Elle ne m'avait guère inspirée aux premiers abords. L'insolente s'était empressée de nous réclamer de déguerpir alors que je peinai à cautériser les multiples plaies de chacun d'entre nous. Ce n'était pourtant pas le sang qu manquait pour lui inspirer la compassion sur notre situation. La rencontre avec l'un de ces guerriers orcs avait failli nous être fatale. Et celle avec Mhara s'était transformée par un coup de sang de la part de Dione, irrité d'être ainsi bousculé alors que chaque pas nous était douloureux, jusqu'à s'achever par un conte sur des jumelles apothicaires. Tout du moins, le début.

Mais lors d'une seconde brève rencontre, la fille de l'air qui parvenait à laisser sans voix mon frère Dione me déroba un léger rire. Peut-être n'exagérait-il pas lorsqu'il affirmait avec vanité qu'il laissait toujours aux femmes un souvenir impérissable ? La manière dont celle-ci le toisait semblait en tout cas l'approuver.
Habituellement, je n'interférai jamais au sujet de ses conquêtes féminines. Mais cette fois-ci...

"Je suppose que vous pouvez nous accompagner si vous en avez le désir. Dans un sens, il vous suffira de faire acte de présence pour que la récompense offerte en dédommagement soit également vôtre."
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