22-09-2016, 13:23:38
310 de l'ère du renouveau (cette année, il y a quelques mois)
La petite embarcation en peau de phoque revenait à quai.
Son équipage, semblait de bonne humeur.
La pèche avait été bonne dans la baie, seule partie de la mer de glace dégelée en cette saison.
Les pécheurs commencèrent à remonter leurs prises, attrapées au filet rudimentaire ou au harpon, sur des pontons de bois vermoulus qui bordaient le petit village pénitentiaire.
Le bagne ici était assez unique en son genre. Il était situé si loin de tout dans le grand nord du continent, qu'il fallait des jours de marche en convoi dans la toundra balayée par les vents avant de rejoindre la moindre zone habitée plus au sud.
S'enfuir par la mer n'était pas non plus une option envisageable, puisque la mer, gelée une grande partie de l'année, devenait un chaos de glaçons tranchant s'entrechoquant au gré des vagues à la meilleure saison.
Les prisonniers étaient alors laissés relativement libres de leurs faits et gestes dans leur village constitué de maisons de bois basses a moitié enterrées pour ne pas offrir trop de prise au vent qui soufflait parfois de façon assez rude à cet endroit.
Il y avait quelques "gardiens". Des natifs de la région qui échangeaient leur "hospitalité" aux seigneurs Agars qui expédiaient ici des indésirables, en échange de biens manufacturés d'autres parties du monde.
Leur tâche se limitait principalement à s'assurer que les prisonniers ne constituent pas de réserves de nourritures en vue de tenter une folle traversée.
En suivant les règles relativement simples de ce village étrange, Tasr'Amal avait bon gré, mal gré, fini par s'intégrer dans la petite communauté.
Le plus dur avait été d'abandonner son mode de vie de nomade.
Aujourd'hui douze ans après, il aurait été difficile de le distinguer d'un indigène dont il s'était efforcé d'apprendre le langage, les coutumes, et le mode de vie.
Les habitants du camp l'avaient renommé Tasr'Amuk.
Il était dans cette barque ce matin-là, lorsqu'un soldat en armure vint héler les pêcheurs en train d'accoster.
« Y a –t-il un dénommé Tasr'Amal parmi vous ! »
Un ton autoritaire, exigeant, hautain.
Un inconnu au camp. Sans doute un convoi de nouveaux prisonniers était arrivé pendant la partie de pêche.
Tasr'Amal, aujourd'hui bien âgé, s'avança, reconnaissant son ancien nom.
« Que puis-je pour vous ?
- Vous allez nous suivre. Rassemblez vos affaires.
- Je suis libre ? Libéré ?
- Je n'en sais rien, je suis les ordres. Quelqu'un a Bjornhill a requis votre présence. »
Tasr'Amuk se demandait ce qu'on pouvait bien lui vouloir, lui, l'oublié, après tout ce temps.
« C'est le Gothar qui vous envoie ?
- Je n'en sais rien, mais je ne pense pas. Il s'agit d'une Dame. Assez de questions, présentez-vous à la porte à midi. »
Pour une raison encore inconnue de ce dernier, le vieux Tasr'Amuk était appelé à retourner dans le grand tourbillon du monde.
La petite embarcation en peau de phoque revenait à quai.
Son équipage, semblait de bonne humeur.
La pèche avait été bonne dans la baie, seule partie de la mer de glace dégelée en cette saison.
Les pécheurs commencèrent à remonter leurs prises, attrapées au filet rudimentaire ou au harpon, sur des pontons de bois vermoulus qui bordaient le petit village pénitentiaire.
Le bagne ici était assez unique en son genre. Il était situé si loin de tout dans le grand nord du continent, qu'il fallait des jours de marche en convoi dans la toundra balayée par les vents avant de rejoindre la moindre zone habitée plus au sud.
S'enfuir par la mer n'était pas non plus une option envisageable, puisque la mer, gelée une grande partie de l'année, devenait un chaos de glaçons tranchant s'entrechoquant au gré des vagues à la meilleure saison.
Les prisonniers étaient alors laissés relativement libres de leurs faits et gestes dans leur village constitué de maisons de bois basses a moitié enterrées pour ne pas offrir trop de prise au vent qui soufflait parfois de façon assez rude à cet endroit.
Il y avait quelques "gardiens". Des natifs de la région qui échangeaient leur "hospitalité" aux seigneurs Agars qui expédiaient ici des indésirables, en échange de biens manufacturés d'autres parties du monde.
Leur tâche se limitait principalement à s'assurer que les prisonniers ne constituent pas de réserves de nourritures en vue de tenter une folle traversée.
En suivant les règles relativement simples de ce village étrange, Tasr'Amal avait bon gré, mal gré, fini par s'intégrer dans la petite communauté.
Le plus dur avait été d'abandonner son mode de vie de nomade.
Aujourd'hui douze ans après, il aurait été difficile de le distinguer d'un indigène dont il s'était efforcé d'apprendre le langage, les coutumes, et le mode de vie.
Les habitants du camp l'avaient renommé Tasr'Amuk.
Il était dans cette barque ce matin-là, lorsqu'un soldat en armure vint héler les pêcheurs en train d'accoster.
« Y a –t-il un dénommé Tasr'Amal parmi vous ! »
Un ton autoritaire, exigeant, hautain.
Un inconnu au camp. Sans doute un convoi de nouveaux prisonniers était arrivé pendant la partie de pêche.
Tasr'Amal, aujourd'hui bien âgé, s'avança, reconnaissant son ancien nom.
« Que puis-je pour vous ?
- Vous allez nous suivre. Rassemblez vos affaires.
- Je suis libre ? Libéré ?
- Je n'en sais rien, je suis les ordres. Quelqu'un a Bjornhill a requis votre présence. »
Tasr'Amuk se demandait ce qu'on pouvait bien lui vouloir, lui, l'oublié, après tout ce temps.
« C'est le Gothar qui vous envoie ?
- Je n'en sais rien, mais je ne pense pas. Il s'agit d'une Dame. Assez de questions, présentez-vous à la porte à midi. »
Pour une raison encore inconnue de ce dernier, le vieux Tasr'Amuk était appelé à retourner dans le grand tourbillon du monde.