Un bandit cogne toujours deux fois
#29
Tandis qu'Illaria et Xanticor continuent de s'afférer à leur cadavre respectif, je me tiens assise à côté du mien, plongée dans mes réflexions et nullement affectée par la présence du macchabé à quelques pouces de moi, dont d'ailleurs le corps à moitié nu est mon œuvre, si on peut appeler ça ainsi. Sacrilège diront certains. Acte condamnable dénonceront d'autres. Goûts morbides souffleront les derniers. Je m'en moque. J'ai obtenu ce que je souhaitais, et cela compte des centaines fois plus que les possibles commentaires d'aigris en manque de commérages.
Ignorant l'humidité des dalles imprégnant peu à peu ma robe, je tente au mieux en m'aidant de la lumière faiblarde des torches, de déchiffrer ce bout de parchemin moisi sur lequel un vague et imprécis schéma est très grossièrement dessiné.
Néanmoins, après quelques minutes d'attentif examen à me rappeler mes souvenirs de la configuration des couloirs que nous avons emprunté jusque-là, je peux confirmer que ce vulgaire bout de papier et les traits vagues tracés à la hâte dessus constituent bien le plan de ces égouts.

[Image: 508801plangoutsRP.png]

A partir de là, un rapide examen m'apprend ce dont j'ai besoin. Deux sorties semblent être indiquées : celle que nous avons empruntée pour venir au Nord-Ouest, et une seconde au Sud-Est. Si ces égouts suivent un minimum la structure de la ville située juste au-dessus, alors cette sortie ne peut donner sur nul autre que l'Erion.
Le contrebandier a fui vers le Sud, le reste de la troupe à sa suite, cependant il peut très bien être tenté de faire le tour pour filer par où nous sommes entrés, ce qui serait un beau comble.
Hélas, je regrette que ce plan ne soit pas plus précis et n'indique pas les probables passages secrets dont notre cible pourrait toujours se servir comme dernier atout.
Mais c'est déjà mieux que rien. Il va falloir faire avec.

Alors que je me lève en laissant échapper un mince gémissement -l'humidité n'a jamais été prescrite pour les rhumatismes- un début de tactique se dessine dans mon esprit. A voir si les autres vont suivre ou n'en faire qu'à leur tête… Gare à eux s'ils choisissent le second choix… Mais j'aurais tout le temps par la suite pour échafauder de sombres et machiavéliques plans de vengeance.
" Illaria, Xanticor, arrêtez votre fouille, j'ai trouvé ce que nous cherchions."
Je brandis le parchemin puis me retourne et entame déjà le chemin du retour sans en dire d'avantage. J'attends qu'ils me rejoignent pour leur débiter un bref résumé tout en continuant de marcher avec un rythme soutenu, en espérant qu'ils soient un minimum attentifs et que je ne m'épuise pas en vain:
« Nous devons retourner à l'entrée des égouts. Une fois devant, vous descendrez au Sud avec possiblement les autres aventuriers que vous croiserez sur votre route. Les égoûts dessinent grossièrement un cercle. Ainsi en descendant au Sud directement après l'entrée au lieu de monter au Nord comme nous l'avons fait, et en tournant toujours à gauche, vous devriez tomber sur le reste du groupe. Et il est fort probable que ce manant ce joue de nos camarades en profitant de cette information. Mais notre avantage est qu'il ignore que nous la possédons également. Ainsi vous lui barrerez la route et le prendrez peut-être par surprise, suffisamment pour l'acculer et le capturer.
S'il parvient néanmoins à vous échapper, il n'a alors très vraisemblablement qu'une seule échappatoire : le fleuve. Concernant ce point, j'en fais mon affaire, ne vous préoccupez donc ni de moi, ni de cette sortie. Je n'ai rien d'autres à ajouter."


Les indications terminées, j'accélère mon pas, du moins aussi vite que ma démarche mal assurée me le permet. Qu'importe qu'ils aient saisi et s'ils obéissent ou non. Je sais ce que j'ai à faire, et je l'accomplirais.
Arrivée à l'entrée et sans même un regard aux autres, je m'élance vers les escaliers pour bientôt déboucher à l'air libre.
Aaah… Comme toutes les grandes villes Asteras n'est pas caractérisé par un parfum de rose, mais tout s'en rapprocherait après ce séjour prolongé dans les égouts… Même Dyanese.
Mais pas le temps de savourer. Il me reste encore pas mal de chemin à faire, et le temps presse.
Je patiente quelques secondes que mon œil s'habitue à nouveau à la luminosité ambiante, puis reprend ma route. Direction : le port !
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