Un bandit cogne toujours deux fois
#19
Tous s'étaient rués en avant à la poursuite du mystérieux assaillant et à ma décharge, ma première réaction avait été de me lancer dans la bataille, stupide réflexe d'héroïsme débile. La meilleure façon d'aller à la rencontre d'une mort rapide et inutile. Reprends toi ma fille et souviens toi de ce que disait alors ton père :"Illaria, être à l'écoute de son cœur est une belle et bonne chose, mais ne le laisse jamais te gouverner." Je pensais avoir pourtant retenue la leçon, rudement inculquée à grand renfort de parties d'échecs et de débats enflammés. Père, êtes vous seulement encore en vie ? Cette pensée morbide suffit à me plonger dans un abîme de tristesse et je me rend soudain compte en avoir oubliée de respirer quand mes poumons se rappellent à mon bon souvenir. Erk, l'air ambiant est franchement infect ! Je jette un regard en arrière vers les autres, puis vers la salle de stockage. Je soupire. Bonne chasse, soyez prudents.

Décision aussitôt prise, demi-tour aussitôt fait, je conserve toutefois mon arbalète prête à tirer tout en pensant à mettre le cran de sûreté. Je m'en voudrais de mettre fin aux jours de quiconque par accident. A peine ai-je eu le temps de rentrer dans la salle qu'une Elena autoritaire se tourne vers moi -non sans glisser dans son sac plusieurs flacons au contenu visiblement vinicole- et se met à me donner une série d'instructions d'un ton fluide et rapide. Je me raidis instinctivement, toute mon attention tournée vers cette vieille chouette au ton sec et professionnel de vieux briscard et avant même de me rendre compte de ce que je fais, me voilà en train de saluer sur un :"A vos ordres, sergent !" aussi vif que clair. Je cille, aussi surprise qu'étonnée de ma propre réaction avant de lui adresser un demi sourire d'excuse. Les vieilles habitudes ont la peau dure, surtout quand on vous les à inculquez à grand renfort de coups de pieds au cul.

Je me dirige vers le cadavre désigné par mon aînée, dague en main et me met à l'ouvrage, pas dégoûtée pour un sou de devoir manipuler un mort. Celui-ci au moins avait été tué proprement (enfin façon de parler !) et n'avait pas eu le mauvais goût de se faire déchiqueté par quelques prédateurs en maraude (si l'on exclu les aventuriers en maraude de cette catégorie, bien sûr). Je commence donc par lui faire consciencieusement les poches, examinant attentivement leur contenu avant de lui retirer ses bottes et de les retourner à la recherche de quelques objets dissimulés.
Je lui ôte ensuite ses vêtements, les réduisant précautionneusement en lambeau à l'aide de mon couteau, à la recherche de poches secrètes ou de doublures cachées. Cela fait, je m'attelle à la dernière partie de mon examen, palpant attentivement le corps désormais dénudé du brigand, notant doctement les meurtrissures et les plaies que lui ont infligés mes camarades. J'insiste en m'attaquant aux endroits les plus farfelus, lui ouvrant la bouche, lui écartant les paupières sur ses yeux révulsés et morts (sait-on jamais si celui là n'en aurait pas perdu un et cacherait un quelconque papier derrière son œil de verre ?). Bon il ne me reste plus qu'un endroit... J'enfile une paire de gants de vieux cuir usés par le temps et retourne le cadavre d'un coup de pied pour inspecter le corps des oreilles jusqu'aux pieds. Je songe bêtement qu'il me faudra acheter une nouvelle paire de gants après ça.
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