Premières années.
#5
Lenwë releva la tête de son ouvrage. La jeune femme venait le remercier. Il ne s'attendait pas à cela mais le prit avec le sourire. L'elfe prenait toujours avec plaisir les compliments sur son travail, et ses talents en magie lui tenaient particulièrement.

"De rien Yùla. Mon nom est Lenwë Ezellohar" échangea-t-il en retour. Son ton dénotait également l'accent du nord de l'empire, un accent plus froid et austère que le parler d'Asteras. La similitude fortuite de leur elfique provoqua un petit rire à Lenwë. Qu'elles étaient les chances de croiser une elfe des neiges dans cette école ? Alors une sang-mêlé Talienne/elfe du nord, ce révélait exceptionnel.
"Je ne m'attendais pas à ça."

Lenwë reposa sa plume sur le côté. L'encre prenait toujours un peu de temps pour sécher. Cela parlait de flux de mana et de la manière des les manipuler. La magie relevait du domaine du rêve et de l'imaginaire, mais brûlait un combustible presque aussi tangible que l'eau pour les mages : la mana, l'énergie de l'esprit. Tout être, toute chose, toute vie était parcouru par elle et elle s'écoulait en rivières visibles pour les initiés. Quand un imprudent ose manipuler l'arcane, la mana brille de mille feux avant même que la première syllabe de son incantation ne franchisse ses lèvres. Naturellement son corps va attirer lentement la mana aux alentours, dans l'air par exemple, pour compenser partiellement la perte occasionnée par l'effort. C'est à ce moment là qu'un mage peut instiller sa propre mana dans sa cible et l'utiliser pour non seulement couper le sort, mais également sonner l'imprudent.
En théorie, en pratique, nombres de pratiquants compétents de l'arcane trouvent des moyens détournés pour se protéger d'un telle manipulation, ou au contraire pour l'insuffler à quelqu'un qui ne fait usage de magie.
Enfin, cela n'importait pas pour le moment. L'elfe referma le grimoire qu'il étudia et poussa plus loin son carnet pour le laisser sécher ses notes.

"Vous avez un parent à Cyrijäl ?" s'enquit Lenwë. Les origines similaires semblaient être une bonne base pour lancer un sujet de conversation, plutôt que d'aller chercher les différences. Les "camarades" qui rappelaient sans arrêt les différences se montraient particulièrement insupportable avec le temps, même si les hauts-elfes cultivaient beaucoup leurs différences. Lenwë l'expérimentait régulièrement. Avec son teint laiteux, ses cheveux blanc cassé de bleu et son accent, aucun elfe qui vivait assez longtemps en ville ne pouvait se tromper sur son origine. Sur celle-ci Ezellohar a tout entendu, entre les insinuations sur leurs mœurs barbares jusqu'aux accusations de traîtrise. Pourtant ses ancêtres combattaient pour la couronne d'Asteras avant qu'elle abandonne le nord. Des souvenirs déplaisant qu'il chassa de son esprit au plus vite, tout en conservant le sourire charmant que tout elfe se devait d'avoir envers une dame.
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