[Fin de la Manche III] Une nouvelle aube.
#12
Leitha était sur le champ de bataille, avec les autres, mais elle ne voyait personne. Tout autour d'elle, le sang et les cris. Elle aurait aimé qu'il pleuve pour nettoyer son front et ses paupières des giclées chaudes d'hémoglobine, car à l'allure où allait le combat, elle ne verrait bientôt même plus le bout de son nez. Mais la Générale Hélionne était intouchable. Les elfes enviaient son style, ou du moins, l'auraient-ils envié si elle n'était pas en train de découper en tranches leur ligne de front à grand coup de cimeterre. Leurs flèches n'entamaient pas sa cuirasse frappée d'un Lion. Elle était terrible, comme des années auparavant.

Mais la fatigue allait la rattraper, comme elle commençait petit à petit à les rattraper tous. Rapidement, les cohues furent de moins en moins coordonnées, les assauts de moins en moins puissants. Rapidement, même, les hommes se mirent à hurler, pour se donner le courage et la force.
Eriador perça les lignes ennemies sans difficultés. En arrière durant tout ce temps, il n'avait pas eu le temps de se fatiguer. De même, Denthe avança, et personne ne pouvait rater sa progression tant il était grand parmi les hommes, et son aura de corbeau plombant le cœur de quiconque osait lui jeter un regard.
Le général sylvain y vit une occasion de mettre un coup dur aux hommes-bêtes : il dévia et commença à filer parmi les troupes vers le Grand Corbeau. Lope, rusé comme un renard, le vit également et fit signe à Alba de le suivre. La Chouette ne s'accorda pas une seule seconde et suivit le mouvement.
Eriador voulu frapper mais un carreau siffla à sa droite, tiré de la lourde arbalète que la jeune femme tenait fermement entre ses doigts. La Justice de Korri le fixait alors, de ses grands yeux noirs, et elle su à ce moment même que personne ici n'avait gagné.
Ils venaient tous de perdre.

Une aura chaude s'alluma au niveau de ses omoplates et de son plexus. Elle ne baissa pas les yeux, car elle savait déjà de quoi il s'agissait. Elle serra les dents, ses sourcils se froncèrent très légèrement, comme la sensation était désagréable, et darda ses yeux de jais sur Eriador. Le général sylvain la fixa, eut un petit signe de tête respectueux, alors qu'Alba Flèchelune tombait à genoux sur le sol, une flèche brûlante de magie plantée dans le dos.
Derrière elle, à une trentaine de mètre, perchée sur sa monture, la reine Silmareïn relâchait la corde, d'un air contrit. Elle était certaine qu'ils ne devaient pas en arriver là, mais si c'était nécessaire, alors elle s'exécuterait. Son peuple n'aurait pas à souffrir pour du vent.

[Image: 90960.png]« Alba ! » hurla Atawoko, qui s'extirpait d'entre deux colosses, un harpon dans une main, agile et sauvage à la fois. Elle se jeta à genoux devant elle et rattrapa la jeune femme, ses doigts serrant ses épaules. La Justice de Korri était déjà pâle et de sa bouche coulait un fin filet de sang, rouge et épais. Elle souriait.


[Image: 90785.gif]« Va et venge... »
Elle s'écroula sur Atawoko. La panthère releva les yeux, croisa les deux orbites embuées de Lope, ses oreilles de renard basses sur le haut de son crâne. Loin de pleurer, la guerrière se redressa et poussa un hurlement de rage tonitruant.


[Image: 90961.png]« Tu ne passeras pas » annonça Reda, dans le dos du général des armées sylvaines.
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