Un rêve d'encre et de plume.
#2
Le terrier de la Camarilla était un labyrinthe simple et chaud. L'entrée était un grand cercle de pierre creusée sous la terre de Korri, à la façon de la Galerie des Songes.
Cette grande pièce donnait sur plusieurs couloirs plus ou moins étroits ; le plus sinueux d'entre eux était celui qui amenait à la chambre de la Corbic. Décoré de plusieurs squelettes empalés sur des pieux d'ivoire taillés, le couloir serpentin laissait seulement assez d'espace pour qu'une seule personne, et une seule, n'y entre.
Au fond de ce couloir s'étalait l'étrange chambre de Quoth Corbic. Un bain de sang était caché derrière les hautes bibliothèques hélionnes, remplies de divers livres traitant sur les esprits et leur manipulation. Au travers de ses lectures elle avait découvert la magie corrompue de certains haut-elfes mais rien de semblable avec son art. Elle ne jouait pas avec les démons, du moins le Grand Freux n'en avait pas l'apparence.

Aussi, c'est dans son bain que Quoth attendait, trempant dans un curieux mélange d'eau, de lait et de sang qui permettait après un savant dosage d'obtenir une crème onctueuse et rougeâtre. Quelques pétales de pivoine parfumaient le tout, embaumant la pièce d'une odeur macabre et chaude à la fois.
Posé sur la table face à la baignoire creusée dans la pierre – une sorte de bassin enfoncé dans le sol – se tenait la cage sombre où le corbeau fait de chair et d'os était prisonnier. L'animal, rencontré la veille, faisait toujours un boucan infernal. A coup de bec il attaquait furieusement les barreaux pour tenter de s'échapper, tandis qu'il croassait aussi fort qu'il le pouvait comme pour appeler à l'aide. Effrayé par la multitude d'autres corbeaux qui, comme lui s'était retrouvé dans cette cage, et qui maintenant reposait suspendu à un fil au dessus d'un chaudron à faisander lentement, il se faisait détestable dans l'espoir fou qu'elle lui ôterait plus vite la vie, ou mieux, qu'elle le libérerait.
Il avait bien raison de se méfier finalement car ce qui l'attendait serait sans doute pire que la mort. Bien pire encore.

Finalement, Quoth s'extirpa de son bain. L'eau faisait en sorte que le sang ne tâche pas sa peau diaphane. Là, elle attrapa une serviette faite de coton blanc et essuya méticuleusement chaque portion de son corps, chaque parcelle de peau, frottant au hasard comme pour chasser quelques saletés imaginaires. Ensuite, elle enfila sa robe d'aile-charbon. Elle laissa sa lourde coiffe d'os juste à côté de la cage noire. L'oiseau s'en tenait particulièrement éloigné, terrifié par la possibilité que cela ne le touche. Elle passa finalement la pièce en revue, d'un regard circulaire et sombre. Tout était à sa place.
Il ne manquait plus qu'une seule chose.
Et il ne tarderait pas à arriver.

Quoth leva la main et son sceptre de noirceur se cala dans sa paume. La faible lumière qui émanait de la belle gemme améthyste se décupla à son contact. Ce n'était pas un brasier éblouissant non plus, mais l'éclat tamisé avait redoublé entre ses doigts.

[Image: 1.gif]« Ne t'inquiètes pas, petite chose. Tu aurrras plus de valeurr morrt que vivant. Dis toâââ que je vais... te sublimer. »

Un petit sourire fendit en deux le visage de la Corbic. Elle tira une chaise pour s'y asseoir, tout en avisant le corbeau fait de chair qui reculait, pris au piège entre Quoth et sa coiffe peu rassurante.
Comme elle l'avait prédit, un homme au masque fait d'os passa le pas de sa chambre. Elle releva sur lui sa face blafarde et c'est avec un sourire encore qu'elle murmura :

[Image: 1.gif]« Cadeau. »
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