Nouvelle lune.
#3
Il faisait sombre, mais ce n'était pas bien grave. Dans l'obscurité, l'émissaire n'avait pas besoin ni de ses yeux ni de sa bouche, mais seulement de ses oreilles. Une voix lui chuchotait tout ce qu'elle avait besoin de savoir, et plus encore…

« Apprroches alorrs, ne rrestes pas planter là… » Sa voix était écorchée, douloureuse, étranglée.
La Corbic s'écarta de l'entrée de son trou à rat et laissa passer la jeune Yummi pour mieux refermer derrière elle la lourde porte d'ébène. La pièce était circulaire et sombre. Sur les murs, des trophées de chasse, de grands masques et des bijoux étaient accrochés, formant un mélange aussi hétéroclite que dérangeant. Sur la droite on trouvait un lit de taille moyenne dont la couche était faite d'un tas de mille plumes sombres et d'une peau de bête noire comme la nuit – un loup ou un ours, à coup sûr.
Sur le sol, un tapis rond trônait, tissé au fil cramoisi. C'était le seul élément d'une certaine beauté dans la pièce. Tout le reste était soit glauque, soit sale. De grands pots attendaient par exemple sur la table, remplis d'eau et de morceaux humains. Un bocal d'œil aurait attiré l'attention du premier venu, mais pas de Yummi, non, la loutre était trop habituée à cet étrange spectacle. Et puis, Quoth n'invitait pas n'importe qui.
Les invitations de la Corbic laissaient toujours quelque peu à désirer.

Sur la petite table de chêne qui était posée vers la gauche de la pièce, il y avait la petite boîte de bois de Quoth. Souvent on la voyait la tenir ou la porter, précieusement. Il n'y avait rien d'autres au monde qui ne fut plus précieux que cette petite boîte, ou alors était-ce son contenu ?
Yummi n'était pas au courant de ce qui se cachait sur le petit coussin vermeil, et sans doute que si elle avait su, elle aurait tiré une vilaine grimace et aurait fui bien loin, mais là, piégée dans la pièce circulaire, elle ne pouvait plus fuir. Plus jamais.

« J'ai enfin déniché un crrrristal de mana… » En disant ses mots d'un ton plus léger, Quoth attira l'attention de la loutre. D'ailleurs, elle posa juste devant son nez, juste à côté de la boîte de bois, un magnifique cristal à la couleur saphir, douce et brillante. La pierre respirait la puissance à plein nez. La Corbic avait eu bien du mal à la trouver, mais maintenant qu'elle était sienne, elle en ferait le meilleur usage au monde.
« Maintenant, ton Oncle n'aurrra plus à me rrrembourrser quoââ que ce soââ… J'ai tout ce qu'il faut. »

Un sourire en dent de scie fendit la vilaine face du Corbeau qui, rien qu'à l'étrange flamme violette qui brillait dans le céruléen de ses yeux, présageait mauvaise augure.
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