Voyages d'un marchand de tout et de rien
#9
Il en trouva,

Des fragments de matière dure et translucide reposant plus ou moins enseveli par le sable commun du désert qui constituait la base de cet étrange environnement entre les grands monolithes.

Nettoyés de leur poussière, les blocs captaient la lumière pour la diffracter dans de multiples directions, des jeux de reflets relayés par les surfaces murales des cristaux géants.

Mais Tasr'Amal ne pouvait pas se laisser aller à la fascination qu'éveillait en lui ces jeux de lumière.

La quantité de cristaux de sels ramassée devrait suffire.

Il le fallait.

Les feux-follets approchaient à vive allure et pénétraient la forêt de cristal.

Tasr'Amal entendait déjà le crépitement de leur combustion et la lumière mouvantes des feux se reflétait aussi dans les facettes géantes, annonçant leur présence.

Il entraina sa monture hors des salines, reprenant la route de l'ouest, marchant à pas rapide afin de mettre autant de distance que possible entre lui et les feux-follets.

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Une fois ceux-ci distancés, il infléchit sa marche vers le sud, rejoignant la cote.

Un littoral aride mais le fait de marcher le long des plages interminables facilitait la progression.

Et puis le vent marin rafraichissait l'atmosphère rendant la température bien plus supportable que dans l'intérieur des terres.

Des jours de voyages assez tranquilles se succédèrent.

Enfin Tasr'Amal atteignit les embouchures des fleuves Sorlin et Loreline.

Ce n'était pas précisément le meilleur endroit pour traverser, en ce point ou les eaux étaient les plus larges. Mais le marchand savait qu'au-delà débutait les premiers sous-bois de la mystérieuse forêt de Korri, seconde étape d'importance de son voyage.

Le camélidé aurait pu se débrouiller tant bien que mal pour traverser à la nage, mais impossible de faire traverser son chargement en le maintenant au sec. De toute façon Tasr'Amal, lui, était un piètre nageur et il ne connaissait rien des courants et contre-courants de l'embouchure d'un fleuve.

Ils firent donc un détour pour rejoindre une communauté de pêcheurs, vivant de l'abondance offerte par les flux de poissons qui se réunissaient en ces eaux avant de remonter les deux grands fleuves pour la ponte, loin, loin en amont.

Il réussit à négocier son passage à bord d'une embarcation de pêche en échange de quelques flacons d'huiles parfumées qu'il s'était procuré à la capitale des hélions. Les villageois fumaient le poisson et le séchait au soleil. Ils étaient habitués à ces odeurs prégnantes de poisson et de fumée, cependant ils restaient sensibles à la subtilité de ces fragrances fruitées évocatrices des oasis hélionnes que le marchand leur proposait.

Tasr'Amal et sa monture traversèrent donc les deux estuaires à bord d'un large bac utilisé en temps normal pour déployer des filets.

Le pêcheur qui les guidait montra a Tasr'Amal une raison supplémentaire de se féliciter de ne pas avoir traversé à la nage : des nuées de serpents marins qui pullulaient dans ces eaux saumâtres, en particulier autours des embarcations qui rejetaient parfois du poisson.

Une nourriture facile en fait.

Lorsque le marchand débarqua, il vit également au loin se reposant dans le sable une grande salamandre, de la taille d'un crocodile, qui se reposait dans le sable sec.

Le pêcheur lui conseilla de s'enfoncer dans les terres au plus vite avant que cet animal ne se réveille et ne le prenne en chasse.
On les trouvait généralement dans les marais, mais il arrivait parfois qu'elles s'aventurent jusqu'au bord de mer. En tout cas elle n'hésiterait pas à suivre une proie loin dans les zones humides de Korri.

Tasr'Amal ne se le fit pas dire deux fois, remercia chaleureusement son passeur pour le service rendu, et reprit sa route vers le pays des hommes-bêtes.
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