Voyages d'un marchand de tout et de rien
#6
Tasr'Amal recopia tout ce dont il avait besoin, aussi bien la recette que le procédé de fabrication, revint remercier chaleureusement le bibliothécaire qui l'avait mis sur la voie et quitta la grand bibliothèque.

Babylios était en effervescence. La nouvelle d'une guerre venait de se propager et beaucoup se préparaient aux temps difficiles à venir.

Tasr'Amal, lui, se retrouva comme pris au dépourvu par ce changement de contexte qu'il n'avait pas vu venir. Sa recherche documentaire à la bibliothèque était devenue tellement prenante les derniers jours qu'il n'avait pas prêté suffisamment d'attention aux rumeurs entendues sur le bazar concernant la santé du Cheikh et les négociations en cours.

Malgré la sympathie qu'il éprouvait pour son peuple d'origine, il ne pouvait pas se permettre de se laisser prendre par la mobilisation en cours.

Pas maintenant.

Pas après avoir fait ce pas important vers la réalisation de son contrat.

De toute façon, il savait qu'il n'était pas un soldat.

Ses talents se limitaient à l'approvisionnement en denrées rares. La seule chose qu'il pouvait faire c'était apporter un tout petit appui logistique à l'effort de guerre. Il se doutait que cela ne ferait pas pencher la balance.

Tasr'Amal fit une pause dans le jardin public central de Babylios, étrangement calme en comparaison des rues fébriles.

Cela l'aida à prendre une décision sur la marche à suivre.

Il en avait vu des conflits, au cours de ses voyages. Pas nécessairement de l'ampleur de celui qui débutait ici, mais il savait ce qui faisait défaut à chaque fois dans les régions sinistrées par la guerre.

Dans un premier temps, il y aurait besoin de matériel de premier soin pour traiter les blessés, puis si les combats se prolongeaient sur le long terme, ce serait au tour de la nourriture de manquer.

Son instinct de marchand lui soufflait insidieusement qu'il y aurait là des fortunes à se faire.

Mais Tasr'Amal n'était pas ainsi. Il ne cédait pas facilement aux tentations vénales qui se présentaient sous forme d'opportunités faciles. Trop faciles.

Il ne pourrait jamais charger des réserves alimentaires suffisantes pour réduire significativement les effets d'une famine. Il en était conscient. Il ne disposait que d'une seule bête de somme. Mais le transport de produits alchimiques à usage médical etait tout a fait dans ses cordes.

Il remercia Onados, divinité de la chance de l'avoir conduit à la recette juste à temps, récupéra l'ensemble de ses biens au caravansérail, fit l'acquisition des rations nécessaires à son prochain périple, ainsi que d'une quantité importante de baumes et de bandages, s'acquitta des taxes en sursis à la Guilde et finalement quitta la capitale sur le pied de guerre afin de reprendre une fois de plus la route du désert.

Il distribuerait le matériel de soin à perte s'il croisait des victimes. Mais si sa quête finissait par aboutir, il la récompense promise compenserait facilement cette attitude non rentable.

S'il voulait se rendre utile sur le long terme, il ne devait surtout pas négliger son projet.

La première étape s'imposait d'elle-même : les salines naturelles de Salith.

Le marchand espérait que les armées engagées ne pénètreraient pas si loin dans le désert. Ce serait donc l'étape la plus paisible en principe.

Il y avait fort à craindre qu'il en serait tout autre avec les destinations suivantes.
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