[CONCOURS RP] Au cœur de l'action !
#14
Erreur de ma part, j'avais oublié un des textes qui m'avaient été envoyé en MP. Toutes mes excuses à son auteur. Il prend place dans la sélection puisqu'il avait été envoyé largement à temps.

Citation :L'Agar se pencha sur sa femme. C'était une belle Talienne aux cheveux ocres, dont le visage ivoire, aux traits fins et délicats, était parsemé de tâches de rousseur. Elle détourna imperceptiblement la tête pour lover son regard azur dans l'ébène de celui de son mari, et esquissa un évanescent sourire d'adieu. Puis elle expira délicatement, renfermant ses paupières comme on tire le rideau final d'une tragédie. Tendant son immense main calleuse, l'Agar arracha d'un geste sec la flèche qui trouait la gorge de celle pour laquelle il avait tant sacrifié. Puis il darda son regard vers le lointain, en direction de l'écarlate propre au nurmeth, couleur qui bariolait la partie de chasse insouciante qui poursuivait sa chevauchée, indifférente au sort d'une vulgaire paysanne. L'Agar poussa un lourd soupir de lassitude. Il avait le mal du pays.


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Le cheval bai du chevalier se cabra de surprise face à l'irruption de la massive silhouette sur le sentier. Malgré la clarté déclinante du couchant, il était aisé de reconnaître celui que tous surnommaient simplement "l'Agar". Un colosse aux mains gigantesque, à la barbe fournie, et aux cheveux sombres, maculés en ce jour de la terre d'une tombe fraîchement creusée. Il était un simple bûcheron, qui s'était établi aux alentours il y a quelques années de cela. Aussi taciturne que reclus, il n'avait d'autre passion en ce bas monde que celle qu'il vouait à sa femme.

Dominant son cheval tant bien que mal, le chevalier cracha avec humeur :

-Attention à toi, manant ! Un accident de chasse est vite arrivé !

Il n'eut jamais le temps de prendre conscience de son pauvre choix de mots, puisque la hachette tournoyante se ficha profondément dans son front, pétrifiant sur son visage une ultime expression d'incrédulité effarée. Se cabrant à nouveau, sa nerveuse monture s'enfuit, le traînant par le pied, toujours accroché à l'un des étriers, en cabossant son crâne aux pierres parsemant le chemin. L'Agar, quant à lui, progressa tranquillement en direction du reste de la partie de chasse.

Le nurmeth revint rapidement de sa surprise, et s'écria avec colère en le désignant d'un geste impérieux :


-Tuez-le ! Lâchez les chiens !

Ployant sous l'obéissance, le garde-chasse libéra la horde de bêtes écumantes. Mais l'Agar, d'un grognement bestial, lourd de toute la colère primale qui animait son être, fit reculer les chiens, subjugués instinctivement par la férocité qui émanait de lui. A nouveau, la surprise fit tressaillir le nurmeth et ses compagnons, avant que ne succède aux glapissement des bêtes le chuintement métallique des épées qui voyaient le jour.

Trouvant le courage nécessaire dans leur nombre, les Taliens l'assaillirent de concert. Mais c'était comme s'attaquer à une avalanche. Ils furent balayés en quelques instants de violence absolue, ponctués d'atroces bruits de chairs tuméfiées et d'os brisés. Regardant avec horreur sa jambe qui formait un angle impossible avec son genou, le nurmeth rampa péniblement sur le dos de façon à s'éloigner de son adversaire, tout en tentant de substituer le verbe à la lame.


-Ecoute, l'Agar, on peut trouver un terrain d'entente. J'ai de l'argent, beaucoup d'argent. Si tu me laisses vivre, tu seras un homme riche !

Mais l'Agar garda le silence, se contentant d'avancer dans la direction du nurmeth, projetant son ombre massive sur lui en un funeste présage. Tétanisés par la terreur, aucun de ses domestiques ne s'interposa, et la douzaine de témoins encore en vie se contenta de garder une immobilité de pierre. Le dos du nurmeth finit par rencontrer la résistance d'une souche. Se sentant acculé, il s'écria d'une voie rendue aïgue par la panique :

-Mais bon sang, que me veux-tu, à la fin ?

En guise de réponse, l'Agar mit un genou en terre devant lui, et plongea sa main dans le repli de ses fourrures. Il en extirpa une flèche, qu'il offrit au regard du noble. La pointe était maculée d'un sang désormais sec. L'empennage, quant à lui, arborait les couleurs distinctives du nurmeth. D'une voix grave, l'Agar finit par répondre tranquillement :

-Je veux simplement te rendre une flèche que tu as égarée.

Joignant le geste à la parole, il plaça la pointe sur la pupille du nurmeth, avant de l'enfoncer dans son orbite avec une lenteur infinie, arrachant à sa victime des hurlements de douleur incommensurables.


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L'Agar interrompit sa marche un bref instant. Se retournant dans un crissement de neige tassée, il balaya la vallée en contrebas du regard, à travers la buée de sa respiration. Ses poursuivants étaient encore loin. Avec un peu de chance, ils n'arriveraient pas à le rattraper, et demeureraient en vie. Reprenant sa route en direction des montagnes du Bord du Monde, l'Agar s'abîma quelques instants dans la contemplation du scintillement d'un glacier, dont le bleu profond lui rappelait le regard de sa femme.
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