06-03-2012, 18:57:15
L'enfer. Un nom assez pompeux - d'une banalité navrante, à vrai dire, le Khorg ne devait pas avoir beaucoup d'imagination - mais qui décrivait finalement assez bien les lieux. Une caverne aux parois sombres, au sol de pierre couvertes de cendres formant un vaste cercle autour d'un grand lac de lave en fusion. Les forges de Thuri elles-même ne devaient pas être très différentes de ces lieux. Il faisait une chaleur étouffante, chaque pas était un effort. Rapidement Hagnûr fut tout à fait desséché, et sa gourde ne resta pas pleine bien longtemps.
Komodo alerta toute la compagnie lorsque, ayant devancé les autres, il se retrouva nez à nez avec un golem de pierre et de feu qui semblait s'amuser à ressembler le plus possible au décor. Une stratégie - sommaire, mais efficace - fut rapidement élaborée. Les deux guerriers, Parnel et Goïmgar foncèrent au corps à corps pour retenir le golem pendant que les autres contournaient la créature. Seulement, tout ne se passa pas si bien que prévu. Komodo et Barnek passèrent les premiers. Hagnûr contourna à son tour le golem, mais à cet instant précis, un éclair de feu jaillit de nulle part.
Le gardien du Roc fut projeté à terre. Assommé quelques secondes, les vêtements brûlés, il mit un moment à comprendre ce qui se passait. L'évidence s'imposa bientôt à lui: le Khorg les avait rattrapé. Et ce fut la panique. Hagnûr se redressa du mieux qu'il pouvait, et commença à avancer comme un dératé pour échapper au démon. C'est à peine si il aperçut Goïmgar qui tentait de fuir à ses côtés. Le Khorg avait projeté par magie un nuage de fumée, si bien que les Nains ne voyaient absolument plus rien.
Krajnisson entendit un hurlement dans son dos. Tout semblait être dans un rêve. Tout ce qu'il voyait était un brouillard épais. A travers les brumes, il distinguait ça et là des éclats lumineux dégagés par des éclats de lave, mais rien de plus. Le cri cessa brusquement. Etait-ce celui de Parnel? Possible, mais Hagnûr n'aurait pas pu le certifier. Il s'en fichait d'ailleurs assez. Tout semblait si irréel, il se demandait si il n'allait pas se réveiller brusquement à côté d'un feu de camp, sur la route pour se rendre à la mine de mithril. Mais cela était absurde. La douleur, elle, était bien réelle.
Et puis, le silence. Un silence de mort. Etait-il devenu sourd en plus d'être aveugle? Hagnûr n'avait jamais eu si peur de sa vie. Il tentait de marcher, encore, un pas puis un autre, mais toute énergie l'avait quitté. Il se sentait vidé de toute force, manquait de trébucher à chaque instant. Il finit effectivement par s'effondrer. "Juste une seconde, une seule..." Pensa t-il. "Simplement le temps de souffler."
La seconde dura une éternité. Le Nain n'avait tout simplement plus les capacités de se relever. Et après tout, pourquoi faire? Si il devait mourir, pourquoi fuir? Autant en finir tout de suite. Il était si bon d'être affalé sur le sol, même si celui-ci était brûlant. Ne plus bouger, fermer les yeux et attendre la mort. Et soudain, une étincelle. Hagnûr se rappela qui il était, la mission qu'il s'était donné, les projets à accomplir, ses compagnons. Il ne DEVAIT pas se laisser mourir de la sorte. Il fallait qu'il continue.
Avec un effort surhumain, il se redressa et, s'aidant de son marteau, se mit à genou. Les deux mains posées sur son arme, il pria silencieusement.
"O Thuri, père de tous les Nains, premier forgeron des Runes, entend moi. Je t'implore, moi, ton misérable serviteur, à deux doigts de la mort, tous ses compagnons, déjà morts peut-être. Je suis Hagnûr Krajnisson, et en ton nom j'ai été initié à l'art des runes. J'ai juré de vouer ma vie au service de la communauté Khazad, de tout faire pour assurer le bonheur et la prospérité à notre peuple. Ton peuple. Donne moi la force de continuer. Ne me laisse pas mourir ici, quand tant de choses restent à faire! Aide moi, Roi au dessus de tous les rois, je t'en conjure! Aide moi, pour que je puisse être en ton nom un outil de la grandeur de Karad."
La prière d'un désespéré, d'un condamné à mort, certes. Mais une promesse d'espoir. Tous les Nains sont des instruments dans les mains des Dieux. Hagnûr était persuadé d'être un outil de Thuri dans la quête de grandeur des Nains. Et Thuri ne laisserait pas perdre son outil si facilement. Du moins le maître des runes osait l'espérer. C'est avec cette maigre lueur en tête que le Nain se releva et, en gémissant, reprit sa route.
Komodo alerta toute la compagnie lorsque, ayant devancé les autres, il se retrouva nez à nez avec un golem de pierre et de feu qui semblait s'amuser à ressembler le plus possible au décor. Une stratégie - sommaire, mais efficace - fut rapidement élaborée. Les deux guerriers, Parnel et Goïmgar foncèrent au corps à corps pour retenir le golem pendant que les autres contournaient la créature. Seulement, tout ne se passa pas si bien que prévu. Komodo et Barnek passèrent les premiers. Hagnûr contourna à son tour le golem, mais à cet instant précis, un éclair de feu jaillit de nulle part.
Le gardien du Roc fut projeté à terre. Assommé quelques secondes, les vêtements brûlés, il mit un moment à comprendre ce qui se passait. L'évidence s'imposa bientôt à lui: le Khorg les avait rattrapé. Et ce fut la panique. Hagnûr se redressa du mieux qu'il pouvait, et commença à avancer comme un dératé pour échapper au démon. C'est à peine si il aperçut Goïmgar qui tentait de fuir à ses côtés. Le Khorg avait projeté par magie un nuage de fumée, si bien que les Nains ne voyaient absolument plus rien.
Krajnisson entendit un hurlement dans son dos. Tout semblait être dans un rêve. Tout ce qu'il voyait était un brouillard épais. A travers les brumes, il distinguait ça et là des éclats lumineux dégagés par des éclats de lave, mais rien de plus. Le cri cessa brusquement. Etait-ce celui de Parnel? Possible, mais Hagnûr n'aurait pas pu le certifier. Il s'en fichait d'ailleurs assez. Tout semblait si irréel, il se demandait si il n'allait pas se réveiller brusquement à côté d'un feu de camp, sur la route pour se rendre à la mine de mithril. Mais cela était absurde. La douleur, elle, était bien réelle.
Et puis, le silence. Un silence de mort. Etait-il devenu sourd en plus d'être aveugle? Hagnûr n'avait jamais eu si peur de sa vie. Il tentait de marcher, encore, un pas puis un autre, mais toute énergie l'avait quitté. Il se sentait vidé de toute force, manquait de trébucher à chaque instant. Il finit effectivement par s'effondrer. "Juste une seconde, une seule..." Pensa t-il. "Simplement le temps de souffler."
La seconde dura une éternité. Le Nain n'avait tout simplement plus les capacités de se relever. Et après tout, pourquoi faire? Si il devait mourir, pourquoi fuir? Autant en finir tout de suite. Il était si bon d'être affalé sur le sol, même si celui-ci était brûlant. Ne plus bouger, fermer les yeux et attendre la mort. Et soudain, une étincelle. Hagnûr se rappela qui il était, la mission qu'il s'était donné, les projets à accomplir, ses compagnons. Il ne DEVAIT pas se laisser mourir de la sorte. Il fallait qu'il continue.
Avec un effort surhumain, il se redressa et, s'aidant de son marteau, se mit à genou. Les deux mains posées sur son arme, il pria silencieusement.
"O Thuri, père de tous les Nains, premier forgeron des Runes, entend moi. Je t'implore, moi, ton misérable serviteur, à deux doigts de la mort, tous ses compagnons, déjà morts peut-être. Je suis Hagnûr Krajnisson, et en ton nom j'ai été initié à l'art des runes. J'ai juré de vouer ma vie au service de la communauté Khazad, de tout faire pour assurer le bonheur et la prospérité à notre peuple. Ton peuple. Donne moi la force de continuer. Ne me laisse pas mourir ici, quand tant de choses restent à faire! Aide moi, Roi au dessus de tous les rois, je t'en conjure! Aide moi, pour que je puisse être en ton nom un outil de la grandeur de Karad."
La prière d'un désespéré, d'un condamné à mort, certes. Mais une promesse d'espoir. Tous les Nains sont des instruments dans les mains des Dieux. Hagnûr était persuadé d'être un outil de Thuri dans la quête de grandeur des Nains. Et Thuri ne laisserait pas perdre son outil si facilement. Du moins le maître des runes osait l'espérer. C'est avec cette maigre lueur en tête que le Nain se releva et, en gémissant, reprit sa route.