En quête de mithril
#32
L'ordre avait vite été suivit par la compagnie. Hagnûr était très satisfait de la discipline qui régnait dans sa guilde, et chez son peuple en général. Même Goïmgar Frontdur, parfait inconnu à la Confrérie, mais envoyé comme elle par la maison Grunderson, avait pris note des directives de Krajnisson et s'était précipité avec Parnel pour défendre les maîtres des runes qui, de leur côté, s'étaient placés en cercle. Hâtivement, mais avec une précision sans faille, Deraor, Komodo, Barnek et Hagnûr gravèrent sur le sol un pentacle orné de quelques runes avant de se placer chacun à une extrémité.

Les quatre maîtres se regardèrent un moment avant de commencer. La tension était palpable. À vrai dire, Hagnûr n'était pas rassuré; il n'avait pas fait d'incantation de groupe depuis ses études à l'école de magie de Karad. Une telle expérience ne s'oubliait pas, la fusion des énergies magiques était une sensation à la fois déroutante et délectable. Un sentiment de puissance et de dépossession de ses forces en même temps. Le gardien du Roc se souvenait de la marche à suivre, et ses compagnons aussi espérait-il.

Mais voilà, dans ce genre de situation, quand le coeur bat la chamade, qu'une créature invulnérable menace à tout instant de frapper et que, par les étroits couloirs de la mine, l'écho et les lueurs orangées rappelle qu'un démon fou furieux approche, difficile de rester maître de soi. Un faux pas et c'était la catastrophe; l'effondrement de la mine sur le groupe ou, au contraire, un échec ridicule suivit rapidement d'un tête à tête avec le Khörg qui, parlons franchement, avait fort peu de chance de bien tourner.

Les maîtres des runes fermèrent les yeux pour se concentrer, mais chacun dans sa tête visualisait parfaitement le morceau de roc à faire tomber. Hagnûr fit appel à toute l'affinité à la Terre dont la nature l'avait doté. Un sentiment de calme et de force l'envahit. Il n'était plus Hagnûr Krajnisson, gardien du Roc. Il était partie intégrante de la pierre, de toute la mine environnante. Il sentait les vibrations dans la terre, ne faisait qu'un avec les parois. Plus il se concentrait, plus il sentait son âme fusionner avec son environnement, et rapidement il sentit d'autres présences au plus profond du roc. Ses trois compagnons aussi étaient en train de se disperser dans les entrailles de la terre.

Une fois bien à son aise, se sentant maître des parois, dans une sorte de transe, il commença à psalmodier quelques mots en langue Khazad primitive. Les quatre maîtres des runes murmurèrent ainsi leur chant à l'unisson. Un spectacle très impressionnant de l'extérieur, dégageant une sérénité absolue. Les voix semblaient venir d'un autre monde, le monde de la terre et du roc, le royaume de Thuri et Grungar. La voûte commença à trembler, et le roc visé par les compagnons commença à se décrocher du plafond, progressivement, découpé avec une précision d'orfèvre.

Faire tomber la plaque rocheuse était en soi un jeu d'enfant pour un maître des runes aguerrit. Mais le plus dur, et de loin, ce qui nécessitait que les Nains fassent ce rituel et fusionnent toutes leurs énergies avec la terre, c'était de faire en sorte que les parois de la mine tiennent bon et que tout le tunnel ne s'effondre pas en même temps que cette pierre...
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