La cité des Nains
#5
Une information stratégique.

D'après ses calculs, c'est la nuit à l'extérieur.
Aucun son ne parvenant à ses oreilles, l'elfe se dit que si la porte donne sur l'extérieur, il aura une chance de ne pas se faire repérer.

Poussant doucement sur la porte, sa première tentative n'aboutit à rien d'autre qu'un cliquetis de son équipement qui lui paraît monstrueusement bruyant dans le silence pesant.
La porte ne bouge pas d'un pouce, comme bloquée, et pourtant elle ne dispose d'aucune serrure... visible.
Peut-être une serrure magique invisible ?

Après une courte pause, le rôdeur tente sa chance sur le second panneau.
A sa grande surprise, la porte s'entrouvre sans aucun effort, et surtout sans aucun bruit.
Comme prévu, aucune lumière ne s'infiltre par l'entrebaillement.
Seul un souffle léger et doux lui amène des odeurs de bière, de lard grillé, de charbon de bois... des odeurs de ville !
Aucun son de lui parvient de l'autre côté.
Poussant un peu plus la porte, son coup d'oeil lui confirme que la porte donne sur l'extérieur.
Le sol est dallé et le mur à côté de la porte est en pierre taillée de très bonne qualité.
Vers le haut, il peut apercevoir des créneaux sur le ciel étoilé.
Aucune torche ni aucune lampe n'éclaire les lieux.

Poussant un peu plus la panneau, le rôdeur s'avance à pas feutrés, courbé sur le sol.
Il est dans une rue très large adossée contre un mur d'enceinte.
Des constructions se dessinent à quelques pas.
Encore une fois, il ne voit aucune lumière dans aucune direction et aucune bruit ne se fait entendre.
Il doit se trouver dans une citadelle ou une forteresse militaire.
Aucune ville ne dort jamais à ce point !

Comme pour le faire mentir, un bruit de pas trainants attire son attention.
Une ombre de petite taille, à peine visible dans la nuit s'avance doucement, balançant de droite et de gauche, comme... un Nain ivre ?
Le ranger ne peut pas rester là.
Il tente de repousser la porte, mais celle-ci refuse de bouger !
Il n'a pas le choix, il doit avancer pour se cacher.

Alors qu'il s'apprête à progresser à l'opposé de l'ombre, un éclat lumineux éclaire soudain un visage adossé contre le mur à moins de trente pas.
Un Nain vêtu d'une armure lourde, son heaume et son marteau de guerre posés au pied du tonneau sur lequel il est assis, il tente d'allumer une pipe.
Plusieurs chopes et bouteilles s'entassent à ses pieds.
Il grommelle, et soudain l'ombre ivre semble lui répondre par un cri sourd ou un rôt puissant et accélérer dans sa direction.
Maudissant sa malchance, le rôdeur recule vers le tunnel qu'il venait de quitter, tout heureux que le nain sur le tonneau ne l'ait pas aperçu.
Aussitôt à l'intérieur, il tente de refermer la porte une nouvelle fois.
Celle-ci bouge légèrement mais refuse de se fermer totalement.
Espérant que cela suffise à ne pas attirer l'attention du Nain ivre, Melmoth dégaine sa dague et colle de nouveau son oreille sur le bois.

Il devine plus qu'il n'entend les pas lourds du Nain ivre qui passe devant la porte sans s'arrêter.
Il n'a rien remarqué.
Par l'entrebaillement, le rôdeur aperçoit le Nain qui rejoint l'autre, qui chute soudain du tonneau !
Il reste au sol, à demi-recroquevillé sur lui même, une main tendue dans une position impossible, sa pipe éteinte cassée en deux.
Le second Nain s'étale à son tour sur l'autre en butant sur lui comme si il ne l'avait pas vu.
Plus aucun ne bouge.
Cependant les premières lueurs de l'aube commencent à préciser les contours des créneaux.
Quoique à peine visible, Melmoth reconnait toutefois l'héraldique qui figure sur le fanon accroché sur une des poutres du chemin de ronde : Karad Zirkomen !

Il a atteint la cité des Nains. Il a atteint son but...enfin presque.
Et Le chemin a été anormalement facile et rapide.
Ce chemin est-il déjà oublié des Nains depuis de si longues années ?
Peut-être estiment-ils qu'il n'a pas à être gardé ?
Le rôdeur aurait-il passé ses gardiens sans les apercevoir ?
Se pourrait-il qu'on l'ai laissé arriver ici volontairement ?
Cette information devra être donnée au conseil des Hauts-Elfes, ce sera aux sages d'y réfléchir.
Il pourrait peut-être revendre assez cher cette information stratégique...
Il faudra pour cela retourner en vie chez les elfes.
Mais avant, il devait accomplir sa mission première pour terminer sa formation.

Rengainant son arme, Melmoth tire de toutes ses forces sur la porte pour tenter une dernière fois de la refermer.
Elle vient soudain se refermer sans un bruit, faisant chuter l'elfe dans son effort non mesuré.
Se relevant, il maudit les Nains pour leurs constructions erratiques et les bénit pour leur incroyable addiction pour l'alcool.
S'éloignant de quelques pas jusqu'à une alcôve légèrement en retrait des portes, il se restaure rapidement de quelques champignons et de pain de voyage.
Se dissimulant dans sa cape d'esquive, il devra retenter sa chance ce soir et en attendant, il ne peut que se reposer dans l'inquiétant silence de la Mine, achevant de recouvrer toutes ses forces.
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