Concours de RP : tome 1
#28
A mon tour.

Citation :Pour certains, c'est un endroit dont on ne parle qu'avec apréhension.
Son nom n'évoque alors qu'une gêne sournoise, une peur sourde qui remonte du fond de l'âme avec lenteur, qui fait froid dans le dos et des noeuds dans le ventre, sans qu'on ne sache réellement dire pourquoi.
Pour d'autres c'est un havre de paix.
Là on y trouve la sécurité, le calme, des soins et des remèdes, longs et fastidieux mais plus efficaces que toute autre médecine.

Tout le monde en a déjà entendu parler, peu s'y sont rendus, aucun n'en est jamais revenu sans y avoir été invité.
Pourtant ce n'est paraît-il qu'un repaire de vauriens, de bandits de grand chemin, de voleurs et d'assassins.
Les initiés savent qu'ici la Liberté trouve son dernier rempart.
Tout le monde aura reconnu la cache des Ombres, parfois appelé Le repaire.

Curieusement, il semblerait qu'elle soit partout et nulle part en même temps, dans chaque ville, village, hameau ou ferme, dans chaque colline, montagne, grotte ou plaine, chaque forêt, chaque désert, et même au fond des lacs et des mers...
La Légende dit que partout les Ombres peuvent trouver refuge parmi les leurs et échapper ainsi aux yeux du monde.
Ceux qui liront ces mots devront bien entendu oublier la vérité.
En réalité, le repaire est tout cela, jamais situé plus de quelques lunes au même endroit, presque toujours différent...
Presque.


Son histoire remonte à l'aube des temps, quand la grande cité des Hauts Elfes fût construite, aux racines même du Conclave sur les terres d'Andoras.
A cette époque reculée, un rôdeur nommé Melmoth fit un pacte avec les Dieux, car le dernier monde sur lequel il avait mis le pied était encore trop turbulent pour permettre de s'y développer.
Dans un tourbillon de lumière, de bruit et de mana, il fût emporté de ses lointaines terres pour se retrouver sur les jeunes royaumes d'Andoras.
Il découvre ici un monde nouveau, encore jeune là aussi mais déjà apaisé.
Il rencontre aussi un peuple puissant mais dispersé, ses frères Elfes, et un peuple primaire mais fraternel, les Nains.
Les terres sont encore vierges et sauvages, et tout reste à faire.
Un bel avenir en perspective pour les Ombres.
L'heure était venue...
Ou presque.


Avide de connaissances et d'expérience, le curieux rôde de nombreuses années aux marches du royaume, affronte des Nains devenus progressivement des ennemis par leurs paroles et leurs actes, cotoie de grands Elfes tel le Général Kerita, et fait régulièrement allégeance aux Dieux.
Puis vient l'âge sombre, la magie puissante au-delà des capacités des plus grands mages que cette terre ait jamais porté.
Le monde bascule dans le chaos.
Les peuples sont éparpillés, les villes désertées, les campagnes vidées.
Alors le Messager se retire à l'abri des regards, cherchant un refuge pour les siens.
Et très vite il est pourchassé, car il est bien plus facile de se battre contre ses amis que contre ses ennemis...
Alors le rôdeur devenu paria se déplace (ou plutôt s'enfuit) au gré des bonnes et mauvaises aventures.

Bientôt il s'établit dans les bas-fonds de la grande cité des Elfes.
Là, au bout d'une ruelle étroite, ou les pavés se joignent aux murs pour accompagner une eau croupie qui serpente lentement parmi les effluves nauséabondes, un trou étroit et bas dans un mur à demi écroulé, dissimulé derrière des buissons rabougris et piquants, un passage permet d'accéder à une cour pavée qui semble à l'abandon.
Elle est entourée de colonnades où la lumière ne passe jamais, à l'image des cloîtres païens.
Au centre d'une des arches figure un porche plus noir que la nuit, qu'aucune lumière ne peut pénétrer.
Ici se trouve une porte de bois sombre dont chacun imagine aisément le nom.
Si on y regarde attentivement, on peut voir rôder dans les parages des ombres discrètes et furtives, capuches rabattues, insaisissables.
Légèrement décalée au seuil de cette entrée figure une stèle de pierre.
Dessus est gravée une dague blanche de la pointe de laquelle s'écoule une goutte rouge.


Lorsque les bons mots sont glissés aux Gardiens par la lucarne, une dague acérée pointée dans la nuque par le veilleur à la capuche, la porte s'ouvre sans bruit sur le silence et la poussière d'un grand hall meublé d'un simple tabouret de bois.
Pour ces visiteurs, des portes s'ouvrent ou se ferment dans les murs, là où il ne semblait y avoir rien que la pierre, suivant les humeurs des Gardiens et les droits de chacun.

Pour qui franchit sans encombre cette première salle, leur choix peut se porter sur un salon discret, ou ils pourront discuter avec le Conclave d'intérêts communs,
Ou alors partager la table des Ombres et leurs repas simples mais nourissants, souvent réhaussés de vins goûteux et riches, un luxe que peu peuvent se permettre en toutes circonstances,
Ou alors se faire guider dans la grande bibliothèque au mille ouvrages, certains même oubliés de tous ou n'existant plus à la surface d'Ecridel
Ils peuvent aussi bien choisir de rôder parmi les âmes reposant en paix dans les cryptes insondables, où de multiples objets reposent après les faits d'arme des initiés, certains juste très anciens, d'autre juste très puissants.


Seul les quartiers des initiés ne peuvent être foulés par quiconque n'est pas une Ombre.
Lorsque les bottes des volontaires se portent sur la stèle, point n'est besoin de mots chuchotés aux oreilles des Gardiens pour que la porte ne s'ouvre, sans non plus que la lame froide et acérée ne laisse une petite entaille minuscule à la naissance du cou.
Mais alors le hall n'est pas disposé de même, car il comporte juste derrière l'entrée une alcôve disposée devant une table ronde de bois poli.
Autour de la table, cinq chaises de bois sculptées à haut dossier sont disposées autour, chacune disposée devant une bougie allumée... pour l'instant.
Dans chaque fauteuil figure une silhouette encapuchonnée.
Il faut alors que les réponses aux interrogations des Gardiens ne finissent pas par brûler leurs doigts dans la cire, car lorsque la lumière s'enfuira dans la nuit...

Ceux pour qui la lumière préserve leur ombre, il y a des réserves, des cuisines, des dortoirs... tous les lieux communs des citadelles et des grandes cités sont alors mis à disposition des adeptes.
Mais aussi des coffres, des armureries et des salles d'arme, et enfin la salle du Conseil et la chambre de la voix.
Ces dernières salles ne sont toutefois accessibles qu'avec des laisser-passer, protégées par de puissants sortilèges, des toiles tissées par de puissants mages qui y ont souvent laissé la vie.
Tous ces endroits sont en général assez grands et bien fournis, mais faiblement ornés et meublés, à la manière sobre du Conclave.

Bien entendu, ces lieux n'ont pas été crée en un jour, ni même en un an, mais plutôt en milliers de cycles, un Messager prenant la place d'un autre, ce dernier devenant le scribe de la compagnie avant de se retirer dans les cryptes et d'y trouver le repos éternel.


Comme dans la Légende et les contes de rue, un tel endroit se trouve tantôt ici, tantôt là, passant d'une cité à une autre, d'une grotte à une autre, d'une forêt à une autre.
Alors la ruelle est un petit Ru aux eaux froides, la cour une petite combe au pied d'une cascade joyeuse, l'arche un passage sous les eaux ruisselantes...
Ou bien le ruisseau est un bosquet touffu, la combe une clairière presque inaccessible, le passage sous la cascade est un tronc puissant creusé par les temps...
Ou bien encore le bosquet n'est qu'une crevasse sans fond, la clairière un terrier invisible creusé dans ses flancs, le tronc une cheminée inaccessible...

Partout où on le croit établi, et à chaque cycle de quelques lunes, le Conclave disparaît dans la nuit pour rejoindre une autre cache parfaitement dissimulée.

Ainsi va la légende des Ombres et de sa demeure insaisissable.


Bien entendu, tout cela n'est que le fruit de l'imagination fertile d'un barde, trop bien remercié en boissons ennivrantes pour ses habiles discours.
Tout cela n'est que ragot, bavardages, rumeurs...

Demain, tout sera oublié.
edit : mise en forme idem aux autres conteurs
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