Les chroniques de la mère morte
#12
Chaque gorgée de son breuvage semblait cicatriser un peu plus ses blessures, ce qui le convainc d'en commander un autre. Préoccupé par la nature étrange du liquide sirupeux qu'il avait récupéré, il remarqua à peine les deux énergumènes qui passaient devant lui hâtivement pour aller se soulager aux lieux d'aisance dont la porte jouxtait la table du fond.

Vider l'outre dans l'océan ou dans les marais, ou même dans l'étang des jardins du palais ? Peut-être qu'une puissance à sa botte apparaitrait... En consommer, pour s'imprégner de sa nature arcanique ? En verser dans sa bière ? Un peu risqué, mieux valait discrètement en verser dans celle du voisin et observer le résultat... mais si cela lui conférait une puissance magique jamais égalée ? Il n'en serait pas le bénéficiaire. Pire, si le quidam venait bêtement à trépasser, il serait accusé de meurtre. Déjà qu'il était en sursis pour avoir fricoté avec les prêtresses, mieux valait ne pas être condamné à mort une seconde fois. Il y avait aussi des solutions plus simples : la vendre, l'offrir a l'Arpenteuse en espérant qu'elle puisse en remodeler une sphère, la faire boire a un nain pour voir si les résultats étaitent différents que pour un elfe, soulager sa vessie dans l'outre, tenter de tremper sa baguette dedans, en enduire son corps pour devenir invulnérable, briser la fiole sur un alligator géant, sur une fleur de mana... il lui faudrait des litres de cette substance pour tout essayer. Qui pourrait l'aider à en savoir plus ? L'arpenteuse ? Le serpent géant qu'avait mentionné sa cousine ? Ces prétentieux prêtres ? Le sévère professeur de magie ? Un haut-fonctionnaire d'Asteras ? Un devin ?

Comme il était à cette pensée, il remarqua soudain, attablée un peu plus loin, une demoiselle aux atours typiques de tireuse de cartes, qui lui faisait un signe discret et inhabituel. Croyant d'abord à une racoleuse qui voulait l'aguicher, il comprit : se retournant vivement, il retrouva l'un des deux énergumènes pressés qui tenait dans sa main la bourse encore liée à la ceinture du trouvère. Repéré, celui-ci fit mine, sans convaincre personne, de ramasser un os qu'avait laissé traîner quelque chien ou pire, et quitta l'auberge précipitamment. Sorn sourit à la diseuse de bonne aventure, décrocha sa bourse, et la secouant à l'envers, lui montra qu'elle était vide. Une autre était en sécurité ailleurs. Mais il lui adressa tout de même une profonde révérence de remerciement.

A défaut d'un devin, peut-être qu'une sibylle ? Ce devait être un signe.
Il se leva et alla trouver celle qui avait sauvé sa bourse-leurre.

- Sirial et merci pour le vilain, peut-être pourriez vous m'aider encore,
J'ai là un résidu de monstre liquide à examiner dont tout j'ignore.


Il l'invita pour plus de discrétion a le suivre dans sa chambre, et comme la proposition pouvait prêter à confusion, lui laissa entrevoir la fiole pour la convaincre qu'il agissait en tout bien tout honneur.

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[Image: sorn_araknelee.jpg]
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