Transition troublante
#5
En été les bois sont secs et odorants. L'elfe marche sur un parterre d'herbes brulées et des fleurs aux couleurs vives. A l'entrée des sous bois, toute la nature rayonne de teintes vives et de rayons d'or. Elle n'y prêtre aucune attention. Son regard porte sur un autre monde. Il ne ressemble en rien à celui-ci.
Elle marche mécaniquement, le pas assuré par les longues heures d'entrainement. Seule une petite chanson, qu'elle fredonne, la relie à cette réalité.


*Lorsque viendra l'hiver, l'hiver sauvage qui tuera colline et forêt ;
Lorsque les arbres tomberont et que la nuit sans étoiles dévorera le jour sans soleil

Les bois sont déserts. Ceux de sa race sont loin, le champ de bataille n'est plus qu'un lointain souvenir pour Orme. Il n'est pas dans sa réalité immédiate, elle a déjà oublié les raisons de ce conflit. Ce monde est devenu absurde.

*Lorsque le vent sera à l'est mortel, alors dans la cinglante pluie,
Je te chercherai et t'appellerai ; je reviendrai vers toi !

Elle ne voit pas approcher la silhouette. La guerrière n'aurait pas vu venir un ours. C'est avec le même regard vide qu'elle bouscule la femme elfe. Elle n'y aurait pas prêté attention en temps normal. Un elfe ce n'est pas très intéressant, il y en a plein partout.

*Lorsque viendra l'hiver et que les chants finiront ; lorsque les ténèbres tomberont enfin;
Lorsque sera brisé le rameau stérile, et que seront passés la lumière et le labeur

Orme aurait continué son chemin sans l'étrange regard, à peine entre-aperçu de la voyageuse. Ses yeux semblaient ternes et vides. Mais en même temps, une petite étincelle étrange luisait faiblement au fond des yeux. Comme si elle cherchait son chemin dans l'esprit embrumé de l'archère.

*Je te chercherai, et je t'attendrai, jusqu'à ce que nous nous rencontrions de nouveau ;
Ensemble nous prendrons la route sous la cinglante pluie !

Dans un autre monde, l'elfe s'arrête et salue la rencontre inattendue. Qui aurait fait attention à ce genre de détail ? ... Orme avait toujours subit cette malédiction. Les gens étaient comme des images ouvertes pour elle. Cela faisait longtemps qu'elle n'aimait plus ce qu'elle pouvait y voir.

« Tu as l'air complètement perdue. Pourquoi tant de craintes ?»

La bretteuse dévisage maintenant la belle jeune femme qui a tant d'émotions contradictoires dans les yeux.


(*Le poème est un extrait de la chanson des Ent, de J.R.R Tolkien, les Deux Tours.)
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