Les plus lointains souvenirs...
#2
Partie 2 : Une nouvelle vie

Cela faisait maintenant six mois que Filhamel et Eiwaz étaient rentrés à Asteras. Filhamel fit de lourds efforts car avoir un jeune enfant à sa charge était nouveau pour lui. La petite elfe commençait tout juste à reparler. A leur retour d'Asteras elle semblait tout comprendre mais ne disait jamais un mot elle se contentait d'acquiescer ou de faire une drôle de grimace lorsqu'elle désapprouvait.

Filhamel devint un père pour elle, il l'aimait et la chérissait comme sa propre fille. Sa vie prit un tout autre sens le jour où il la découvra dans la forêt d'Alda. Eiwaz apaisait son chagrin, égayait sa vie, il avait un nouveau but maintenant.

Un soir de décembre alors que Filhamel lui contait des histoires fantastiques, elle le regarda posa sa petite main sur le visage de l'elfe à l'allure imposante et dit d'une douce petite voix :

- Tant que nous serons ensemble tout ira bien, je veillerai sur toi comme tu as veillé sur moi.

Filhamel était bouche-bée, pourquoi avait-elle gardé le silence si longtemps ? Etait-ce grâce à lui si elle parlait ainsi ? Des tas de questions se bousculaient en son esprit. Cependant il se contenta de sourire. Eiwaz lui parlerai le moment venu, lorsqu'elle sera prête, il en était sur.


Eiwaz grandit, elle reçut de bons enseignements et des valeurs de la part de ce père adoptif. Il entraina Eiwaz au combat afin qu'elle puisse se défendre et défendre le royaume de son peuple, celui pour lequel il s'était battu toute sa vie. Filhamel ne partageait pas toujours les décisions de son peuple mais son éducation militaire faisait de lui un loyal sujet du roi et ne discutait aucun ordre. Il apprit cet état d'esprit à Eiwaz qui ne contredisait aucune décision mais choisissait seulement d'y prendre part ou non. Elle s'était rapidement montrée douée pour l'arc et appréciait le manier, elle était agile et très réactive, elle savait être discrète et prenait souvent son père par surprise le mettant en fâcheuse posture lors des entraînements.

Cela rappelait à Filhamel des tendres souvenirs, lorsqu'elle était encore une enfant Eiwaz se cachait partout dans la maison dans l'espoir de surprendre son père, Filhamel, qui remarquait une forme derrière les rideaux, ou des petits pieds dépasser de sous une table, faisait mine de rien et continuait son chemin jusqu'à ce que la petite se jette sur lui. Elle disait à son père :

- Un jour je serai aussi forte que toi !


Eiwaz devenait une jeune elfe gracieuse et dotée d'un charme mystérieux. Ses longs cheveux gardaient cette étrange couleur bleuté, ses yeux étaient perçants mais on y lisait un regard doux, apaisant. Cependant elle ne s'était jamais vraiment sentie à l'aise en présence de ses compagnons, elle se savait différente et la plupart le ressentait également. Elle se voulait forte, depuis qu'elle était partie de la forêt d'Alda avec le soldat elle n'avait plus jamais versé une seule larme malgré un regard souvent rempli de souffrance.
Filhamel s'inquiétait de cette solitude, sa fille pouvait se montrer très froide, distante envers les autres, elle contenait sans cesse ses émotions. Eiwaz se voulait toujours souriante, ce qui contrastait régulièrement avec les propos qu'elle tenait envers certains elfes. La jeune fille s'absentait souvent de la maison pendant plusieurs jours sans donner de nouvelles mais Filhamel savait. Oui, il savait qu'elle partait pour la forêt d'Alda se recueillir sur la tombe de son frère. Cependant elle refusait la présence de Filhamel lorsqu'elle s'y rendait, ce dernier ne sachant pas les raisons, se pliait à la vonlonté de la jeune fille.

Cela faisait maintenant plusieurs années que Filhamel s'occupait d'Eiwaz, une nuit d'été elle demanda timidement :

- Père ? Pourquoi m'as-tu nommé Eiwaz ?
- C'est une longue histoire tu sais, nous pourrions y passer toute une nuit
, dit-il gentiment.
- Je t'en prie, raconte moi, répondit-elle avec enthousiasme.
- Et bien, ma défunte femme s'intéressait à la magie des runes, elle trouvait cela fascinant. Elle passait des heures et des heures à lire des ouvrages et surtout a en rechercher de la science naine. Filhamel souriait à l'annonce de ce doux souvenir, mais il se reprit vite. Bientôt elle se fascina pour une rune en particulier. La treizième rune, la « treize de malchance ».
- Mais… Quel est le rapport avec mon prénom ?
demanda-t-elle avec un air d'incompréhension.
- La treizième rune se nomme « Eihwaz » . Eihwaz symbolise le bois d'if, l'arbre sacré. La treizième rune symbolise également les bouleversements, les renversements et les remises en question ; elle symbolise la mort profonde mais aussi les liens entre le monde d'en haut et le monde d'en bas.


La jeune elfe souriait, elle avait toujours pensé que son prénom était quelque chose d'anodin, mais maintenant elle savait que son prénom avait un sens tout particulier, surtout pour son père et cette idée la rendit heureuse. Mais cela annonçait aussi une décision pour elle. Elle s'agenouilla près de Filhamel et annonça d'un air grave :

- Je ne me souviens plus exactement de ce qui s'est passé, j'étais bien trop jeune et ma mémoire semble avoir banni des éléments de cette nuit-là. Cependant il est temps que je te raconte ce dont je me souviens.
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