Entre Légendes et Réalité, la malédiction de Thana
#10
[…]Je l'écoute attentivement. Assise au coin d'un feu où dorent des lapins, elle tripatouille son bâton, ne sachant pas comment commencer. Elle prend une grande inspiration, je me penche pour ne rien perdre de l'histoire.
« Comme vous le savez, je suis ou plutôt j'étais une prêtresse de Thana… Les nains et naines n'aiment pas trop évoquer notre Déesse et pourtant elle est bien présente.
- Mais elle devrait rester secrète…
dis-je sans faire attention.
- Et pourquoi donc ? Nous-mêmes, naines, sommes dissimulées la plupart du temps. Mais certaines sont capables de grandes choses ! Enfin bon, je ne suis plus à ça près. Notre première prêtresse, notre Guide avait trouvé dans une bibliothèque un vieux grimoire écrit avant même la création de Karad Zirkommen et évoquant Thana. C'était la pièce la plus importante de notre temple… Il reposait sur l'autel. Mais, à force de traduire ce vieux langage nain, nous avons compris de nombreux passages. Mais j'aurai aimé ne jamais comprendre ce passage…
- Quel passage ?
- Un rituel, un rituel d'appel à Thana, censé nous envoyer ses suivantes pour nous aider, nous les naines. Mais… Ce ne sont pas les envoyées de Thana qui sont venues. Tout a commencé il y a deux lunes. Nous avions préparé le rituel. Mais, seule la Première est allée dans le cercle. A ce moment, nous n'utilisions pas le sang d'autres personnes, mais le nôtre. Nous n'avons pas remarqué au début que l'esprit qui s'était emparé d'elle était si mauvais. Mais, il nous dit seulement que c'était l'esprit de la nuit et qu'il craignait le jour, mais que d'autres viendraient. Ses pouvoirs sur la température nous étonnèrent toutes. Je fus la seule à la craindre à cause de ce petit quelque chose dans le regard. La fois suivante, elle ordonna à la moitié de prêtresses de devenir des réceptacles. C'est là que je suis partie. Mais… je ne sais pas ce qu'elles ont fait cette fois-ci. Je ne sais pas quelle folie est dans leur cœur. Elles ont capturé des enfants et ont dévoré des nains, pour se nourrir de leur sang. Je suis restée à distance, cherchant le meilleur moment pour agir. Et c'est en vous voyant que je me suis dit qu'il y avait quelque chose à tenter. La dissipation semble avoir un certain effet. Mais… je crains que le sang pur des enfants n'attire d'autres esprits encore plus mauvais. Il faut faire vite et tuer la Première. Puis nous détruirons le livre. Mais comment …
- Elle craint le jour, ses pouvoirs sont affaiblis. C'est le moment où tenter quelque chose !
- La Première est plus forte, c'est un esprit plus puissant qui est en elle. Elle résiste bien mieux au jour. Mais tu as raison, ce n'est qu'en attaquant de jour qu'on aura une chance. Demain, à l'aube il faudra agir.
»

Nous passons la nuit à élaborer une tactique. Elle me trace le plan du temple sur le sol. Derrière la grande salle ronde se trouve une arrière salle où vit la Première. Un passage mène dans les profondeurs où étaient retenues prisonnières les autres prêtresses. Halki trace des runes de dissipations sur mes flèches pendant que nous parlons.
« Halki, comment va-t-on l'affaiblir ? Sans Soleil nous sommes fichus.
- Je maîtrise la terre et la roche, n'oublie pas… Je vais faire exploser les joints entre les pierres mais, il va falloir que tu agisses vite. Elle est plus que rapide. Tu ne dois pas manquer ta cible sinon nous sommes fichus. Je serai trop fatiguée.
- D'accord… Et pour les autres ?
- Espérons que la mort de la première suffira. Il faut agir à midi pour que l'effet soit le plus puissant. Tiens, voilà cinq flèches de dissipation. Je ne pense pas que tu pourras tirer plus de deux flèches, mais on ne sait jamais.
- Dormons, il faut qu'on soit les plus reposés possibles pour demain.
»

Je me réveille à l'aube. Halki est encore endormie. Je prépare un petit-déjeuner rapide. Elle se réveille, visiblement la nuit fut cauchemardesque, ses rêves emplis de noirceur. Mais, sans rien dire, elle prend du pain et une pomme. J'attrape une corde pour pouvoir escalader le Temple. Puis, faisant une grande boucle pour éviter la porte principale du temple, nous nous approchons. Aucune trace des monstres mais ils sont là et plus nombreux encore.

« Regarde, là, si on passe sur cette colonne, on pourra grimper très rapidement. Il faut se dépêcher, le soleil est presque au Zénith. Viens, cours ! »

Je pars en courant pour traverser la petite étendue sans forêt, le plus proche du sol possible. Aucun mouvement. Halki passe devant moi, sans bruit. Elle lance la corde et attrape une décoration sur le toit. Puis lui attrapant sa cheville je la soulève jusqu'à la base de la colonne penchée. Puis la suis toujours furtivement. Pourtant je sens que quelque chose ne va pas… Est-ce une impression où la température s'est refroidie ? Je me retourne. Rien pourtant… Ce sont juste des sueurs froides.

« Tu es prêt ? me dit-elle. »

J'acquiesce d'un hochement de tête, encochant une flèche. Elle est belle là, sous le soleil, concentrée sur son objectif. Je dois me reconcentrer ! Le sol tremble et la pierre s'effondre. Un cri strident ! Elle est là, en pleine lumière. La flèche part. Mais, à sa place s'est jetée une de ses créations. La flèche la perce. Son corps brûle sous les rayons et la flèche l'achève. Mais la Première n'est déjà plus là. Un mouvement rapide me surprend. Elle jaillit sous mes pieds m'envoyant valser. Déjà la langueur m'envahit. Son visage est déformé par la haine. Mais, sous les rayons, il brûle un tout petit peu. Je peux presque bouger à nouveau.

« Sale vipère ! Tu ne peux pas me tuer, je Sssssuis une déeSsssSssse. »

Sa main de cadavre essaye de m'étouffer. Je ne peux plus respirer. J'essaye d'attraper une flèche tombée sur le sol mais je suis trop faible.

« Dégage créature de la nuit ! hurle Halki. »

Trop faible pour incanter un sort elle fonce sur la Première. Quel courage, mais c'est trop tard, je suis déjà mort… enfin je crois. Le soleil m'illumine à nouveau.

« Garce, crie la Première. »

Je reprends mes esprits. Halki a réussi à repousser la Première. Elle m'a lâché, pour se protéger. Puis d'un coup du revers de la main, elle envoie valser Halki. Mais j'ai le temps de saisir la flèche.

« Et toi, je vais te vider de ton sang, tu seras mon serviteur personnel. » Des canines surdéveloppées apparaissent dans sa bouche déjà brûlée par le soleil. Elle se jette sur moi. Et… le noir complet. […]

« Qu'est ce qu'il s'est passé ! Qu'est ce qu'il s'est passé ?! »

Le grand-père ne prend pas la peine de répondre, continuant son récit.
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