Entre Légendes et Réalité, la malédiction de Thana
#5
[…] La petite fille lève ses yeux humides vers moi. Elle semble terrifiée… et affamée.
« Ramenez moi chez moi, s'il vous plaît, je veux voir ma maman…
- Je vais faire tout ce que je peux pour te ramener à ta maman. Mais… je suis comme toi, prisonnier. Tu es là depuis quand ?
- Trois jours… Les méchantes dames… Elles m'ont capturée. Elle me donne presque pas à manger. Je veux rentrer chez moi !
- Viens, allons. »

Je la prends dans mes bras tentant de la calmer. Nous avons passé le reste de la journée ainsi, attendant le retour de ces monstres. La nuit tombe sur nous. Quelques instants après, je ressens de nouveau un froid intense courir le long de mon dos. Elles sont de retour. L'ombre nous enveloppe. Petit éclaireur me souffle la voix diabolique dans l'oreille. « Mon petit éclaireur se prend pour un protecteur… Si tu savais ce qui va lui arriver. » Je sursaute. Comment est-elle arrivée dans mon dos ? Le poignard, caché dans ma manche jaillit. Je le sens rentrer dans son ventre. Son cri vrille mes oreilles. La fillette s'est jetée au sol, tentant de se boucher les oreilles. Je n'ose pour ma part me retourner.
« Sale vermine, tu voulais me tuer ! Tu ne sais donc pas que je suis immortelle ! Je ne peux pas encore te tuer, mais, bientôt, nous nous délecterons de ton sang. »
Ma main, engourdie par le froid lâche le manche du poignard. Une terrible langueur s'empare de mon corps… et de mon âme.
« Ne sombre pas dans les ténèbres ! Tu dois être préparé pour demain soir… Viens avec moi. Toi aussi petite. »
Une main glacée me saisit par le cou. Elle m'envoie balader deux mètres en avant. Une étrange brume m'enveloppe… Une brume noire. Elle s'épaissie. Ce sont maintenant des bras de fumée qui m'enveloppent, et me soulèvent. J'aperçois la fillette dans le même état, évanouie.
« Allons rejoindre vos amis… lance-t-elle en riant. »
S'il restait une once de chaleur dans mon cœur, ce rire a tout fait disparaître. Elle passe devant nous. Maintenant je peux la voir. C'est une naine… ou plutôt c'était une naine. Car sa peau est blanche comme la neige, son regard tranchant comme du métal. Et, surtout, elle est entourée de cette fumée… Elle se dégage de son être ! Elle l'enveloppe comme des extensions d'elle-même. Une force irrésistible les entraîne. D'un mouvement de la main elle ouvre les grilles qui bloquaient le passage. Trois autres femmes de leur espèce s'approchèrent, chacune avec deux prisonniers. Un adulte et un enfant, toujours. Elles nous amènent dans une salle. Mes soupçons se confirment… Nous sommes bien dans le temple de Thana, comme en témoignent sculptures et fresques. Et, au bout, une femme. […]

Le vieux nain ferme son livre bruyamment. Les enfants, captivés par le récit, sursautent.
« Aller ! au dodo ! Si vous êtes sages, vous aurez la suite demain !
- Non, encore !
- Oui Papy, il est encore tôt !
- Aller, on ne discute pas, sinon, c'est moi qui vais me faire disputer ! »


Les enfants sortent à contre cœur de la pièce. Le vieux nain reste au coin du feu, le regard vide, plongé dans des pensées intimes. Des souvenirs ? Peut-être. De toute manière, personne n'était dans sa tête.
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