L'étoile tombée du ciel.
Loin du temple, Hilary ewilan marchait toujours. L'elfe avait marché des jours durant, avec les souvenirs des nains en pleine lutte. A présent, il n'y avait plus que deux fragments de magie, là où jadis il y avait eu des élémentaires. Dans la plaine verdoyante, elle avait parcouru avec sa blessure au bras une centaine de lieues. Au bout d'un temps, celle-ci avait fini par cicatriser, et laisser la jolie marque d'un tracé rose allant de son avant-bras jusqu'à son coude.
Hilary grimpa une haute colline et se mit sur la pointe des pieds. Là, elle scruta l'horizon de ses yeux violets. Au loin, elle voyait les immenses tours de la cité d'Asteras, entièrement d'ivoire, d'un blanc éclatant, semblable à celui de la neige. En leur sommet, se tenaient de larges anneaux en bronze. Les reflets du soleil donnait l'illusion qu'ils étaient incrustés de pépites d'or.


En parlant d'or, l'elfe avait quelque poudre semblable dans sa besace. Elle se dit, en regardant le contour des remparts dans le ciel qu'il lui faudrait gagner la ville pour vendre ses récoltes. Elle serait alors immergée dans une foule d'elfes aux propos mièvres et aux manières affectées.

Sur cette pensée fort désagréable, elle poursuivit sa route, laissant derrière elle Asteras et son temple, son temple et la fillette, la fillette et sa suite.

Elle marcha si bien qu'elle voyait déjà la forêt à l'extrême Nord de Tilador. Une forêt qu'elle connaissait bien, pour l'avoir beaucoup fréquentée... et y avoir passé quelques nuits. L'odeur de certains arbres lui était familière, leurs formes aussi, ainsi que leurs couleurs de saison. Néanmoins, quelque chose était différent. Mêlée à l'odeur des pins, et au souffle glacé du vent, il y avait de la magie. Pas la magie des créatures extraordinaires, ni celle des esprits qui hantent nos forêts. Non, une magie exceptionnelle. Une énergie intense qui se diffusait lentement sur toute cette région, accompagnée par de petits tourbillons et vents indisciplinés.


En allant plus au Nord, Hilary remarqua que ces phénomènes à l'évidence très peu naturels étaient plus nombreux. Plus puissants, aussi.

L'elfe se fraya un chemin entre les arbres, jusqu'au sortir de la forêt. A cet endroit, une grande nappe de neige recouvrait le sol. Un mage tout a fait immense - un Haut-elfe plus haut qu'elfe -, passa devant elle. Sa silhouette mince et élancée s'en allait dans la blancheur de le neige. Elle rattrapa cet homme, qui sans nul doute appartenait à la guilde de la Flèche d'Argent, par la rapidité de ses pas.


Les joues d'Hilary devinrent incarnates, le haut de ses pomettes violacé par le froid. Elle inspira profondément et relâcha dans l'air un énorme nuage par la bouche. Amusée, elle perça l'épais rond de fumée glacée de son doigt violet.
Des elfes affluaient, à présent. Tous semblaient avoir la même destination. Perplexe, l'elfe aux cheveux roses balaya les lieux du regard afin d'y trouver quelque animation.


De fait, un objet fumant attirait tous les regards. Deux hommes, l'un mage et l'autre pas, se tenaient penchés au-dessus de ce qui semblait être une sphère. Un autre homme, un espadon dans son gant de cuir, se tenait un peu à l'écart.


- Voilà qui est du hasard. Et quel heureux hasard, fit l'elfe, dans un sourire qui ne lui ressemblait pas.


Ce sourire, il ne traduisait guère la joie mais la surprise. Enthanel, une vieille connaissance d'étude, se trouvait là, devant ses yeux, debout, dans son corps grand et mince. Ses larges vêtements ne suffisaient à cacher sa ténuité et on devinait sous cette robe ample quelque souplesse. Hilary se plaça à sa droite, et sans le regarder, s'installa sur le sol. Ses cheveux livraient bataille dans le vent que produisait la sphère. Ils s'emmêlaient d'une manière inextricable et fouettaient son doux visage. A présent, elle ne voyait plus rien. Pas même Enthanel.
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