21-11-2020, 18:26:05
*BOOUUUM !!!*
Fiente, encore raté ! Décidément pas moyen de mettre au point ce damné dispositif de stockage… J’étais pourtant persuadée de toucher du doigt la clé du succès. Ou peut-être n’aurai-je justement pas dû y toucher… Difficile de savoir, il faudrait que je fasse d’autres tests. Enfin dès que j’aurai rangé un tant soit peu le laboratoire. Et visiblement rebâti le mur est. Encore des distractions ! En serai-je jam-
*boum boum boum*
Ciel, des contre-coups ? Ai-je par la plus grande des mégardes, déclenché quelques incongrues réactions en chaîne ? La porte en tremble, mais, par la nouvelle béance, le ciel semble s’être éclairci. Qu’est-ce ce nouveau myst-
« Anjie, ouvrez par tous les diables ! La coupe est pleine ! Cette fois-ci vous êtes allez trop loin, vous êtes renvoyée !! »
Fiente, le doyen. Quand donc me laissera-t-on accomplir mon grand œuvre en paix ? Ma création changera la face d’Ecridel à jamais, sombres larves ignorantes, incapables de reconnaitre la grandeur quand bien même elle leur explose à la gu-
« Je vous entends, crénom ! Cessez de faire la sourde oreille et sortez ! Je jure sur les Dieux que c’est vous qui allez payer les frais de maçonnerie cette fois ! »
Oh-oh… Voilà qui devient sérieux. J’ai besoin de toutes mes ressources, pas question de lâcher la moindre piécette à ce vieillard pompeux. Je fais le tour de la pièce d’un rapide coup d’œil. Il n’y a là -hélas ! - que peu de choses à sauver, mes plans achèvent de se consumer et mon prototype est calciné. Qu’a cela ne tienne, il est temps de trouver un nouveau local, moins sensible aux éléments peut-être. Je retrouve ma chaussure droite cachée sous une table à dessin -elle aussi en miettes- cherchant des yeux une sortie discrète, ou en tout cas qui ne me jetterai pas directement dans les bras d’un créancier. Mais ! Mais qu’importent les portes quand une si magnifique échappatoire vous ouvre les bras ! C’est un signe des Dieux ! Ou alors juste une expérience ratée de plus, bref, je suis un génie ! Mh, le câble du défunt paratonnerre me servira bien pour cette petite escapade, du moins jusqu’au deuxième, si mes calculs sont corrects.
Ils ne sont pas corrects.
Mais il est difficile de calculer correctement quand un singe hirsute vous houspille depuis l’anciennement mur est. Voyons, si j’arrive à me balancer je devrais pouvoir atterrir sur l’auvent de cette échoppe, ça devrait être suffisamment sol-
Décidément, le sort s’acharne sur ma personne ! Je me relève tant bien que mal, lissant mes jupes comme si de rien et remercie ce brave marchand de s’être si galamment interposé entre les pavés et ma personne. Je ne comprends pas pourquoi il se met à brailler d’ailleurs. Ce n’était là que quelques carottes et navets. Voir un chou ou deux. Mais ils ont connu un destin ô combien enviable ! Ils sont morts pour la science !
« Arrêtez-laaaaaaa !!!! »
Autant pour la science et la dignité ! Sauve-qui-peut ! Je relève mes jupes et prends la fuite à travers les rues, mais il semblerait qu’où que j’aille la foule à mes trousses ne fasse que grossir. Qu’ai-je bien pu faire à ces gens ? Factures, factures, au diable la finance ! Voila que la garde municipale s’en mêle ! Ah, si je ne me retenais pas ! Incultes ! Iconoclastes ! Analphabètes ! Ah, voilà le port ! Et un navire en partance, mais hé ! Pas si vite ! Partez pas sans moi !!
« Atteeeeeendeeeeez moiiiiii !!! »
Je remonte le ponton en cavalant, jupes au genou avant de sauter par-dessus la bastingage -peut-être aidée par un petit sortilège- pour atterrir sur le pont. Ou plus exactement sur l’un des marins qui semble s’être précipité à ma rescousse.
« Vous êtes bien aimable mon brave ! Anjie Soluveïss, à votre service ! »
Je me relève et me retourne une dernière fois vers ma foule d’admirateurs afin de leur envoyer l’expression de mes meilleurs sentiments sous la forme d’un geste désinvolte du majeur et me retourne vers les autres passagers.
« Où allons- nous, au fait ? »