[RP] Orgueil et Préjugés
#35
L'elfe continuait à regarder l'extérieur en ruminant.
Il en voulait à Selinde de l'avoir fait sortir de ses gonds. Mais plus encore, il s'en voulait lui-même de s'être emporté autant devant la Commandante. Il venait d'exposer clairement une faiblesse à quelqu'un qui, il en était sûr, saurait l'exploiter. À cause de sa perte de sang-froid, le rapport de force avait changé en sa défaveur.

« Pas seul. » répondit-il d'une voix éteinte sans prendre la peine de se retourner. « Le démon de chair dont il était question a supposément éliminé une brigade de l'Inquisition, à l'exception notable de Lhuste qui en aurait réchappé de justesse. Comme cela aurait été suicide d'y aller seul, je lui ai notifié que j'attendais des compagnons. Elle se doutera de quelque chose si je lance l'expédition sans quelque renfort. »

Israfel se tourna vers la talienne et pris quelques secondes pour la dévisager.
Voilà quelques fois depuis le début de leur entrevue qu'elle arrivait à le pousser à la faute, au point de lui faire commettre des erreurs dignes d'un débutant en négociations. De tous ceux qu'il avait croisé, amis ou ennemis, elle était la première à y arriver.
Elle le déstabilisait, au point qu'il en venait à penser que la plus grande menace n'était peut-être ni les Holdars ni les Xalari.

Et la réplique de Selinde ne l'aidait pas beaucoup à comprendre ses faiblesses. Il savait que Victor Di Scudira était un sujet sensible pour elle depuis la fin tragique de leur amourette, mais la talienne semblait prendre très à cœur le sujet alors qu'ils ne s'étaient connus que quelques mois au plus. Ce n'était rien. À peine un battement de cil dans une vie.
L'elfe peinait à concevoir que la pyromancienne compare la perte de son amant à celle de parents qu'il chérissait depuis son plus jeune âge. Décidément, il ne comprendrait jamais les Humains et leur hâte sentimentale.

À tort ou à raison, il était allé trop loin en s'emportant de la sorte. S'il voulait que sa collaboration avec Selinde perdure au moins pour l'instant, Israfel devait s'excuser.
Il s'approcha à nouveau de la sorcière et posa un genou en terre.

« Je suis sincèrement désolé de m'être emporté comme je l'ai fait. Des mots n'auraient pas du me mettre dans cet état, et encore moins me faire lever la main sur vous. Cela n'arrivera plus. »

Peinant à trouver les mots pour se racheter, le noble conservait les yeux rivés sur le sol entre lui et la jeune femme, sa longue chevelure blanche retombant en partie sur son visage. Il espérait que le fait qu'il soit plus désolé de s'être emporté que d'avoir brutalisé la dame serait moins facilement perçu si son regard restait hors de vue.

« En ce qui concerne le mobilier détruit, j'en ferai livrer au siège de votre guilde dans les plus brefs délais. »

La remarque était banale. Elle le faisait passer pour n'importe lequel de ces enfants de bonne famille qui pensaient que tout pouvait s'acheter, même le pardon. Ce n'était pas très éloigné de l'opinion que Selinde semblait avoir de la noblesse et il trouvait préférable qu'elle assimile sa perte de sang-froid à un caprice d'enfant gâté qu'à une réelle faiblesse de sa part.
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