17-06-2018, 21:32:53
Le mande-orage sourit au refus cinglant de Selinde. La jeune femme semblait réellement vouloir s'en tenir à une relation strictement professionnelle, une bonne chose si c'était le cas avec tous ceux dont elle doutait. Elle se laisserait moins facilement manipuler si les sentiments ne s'en mêlaient pas.
Il écouta l'instruction de la Commandante sans l'interrompre, son sourire s'agrandissant au fur et à mesure d'une façon presque sinistre. Malgré son assurance, elle ne savait pas tout, ou alors la pyromancienne avait gardé pour elle certaines informations tout comme lui.
Mais Israfel jugea qu'il avait suffisamment testé les limites de leur collaboration et celles de la patience de Selinde. Il ne gagnerait rien à ne pas communiquer des informations cruciales à une alliée même de circonstances.
« Je me souviens de cet exarque et de son remarquable tour de magie, en effet. J'aurai aimé l'étudier plus en détails, mais dans le feu de l'action, j'ai à peine eu le temps de le contempler avant qu'il disparaisse sous un déluge de feu. À ce stade, nous ne pouvons rien faire de plus que des suppositions.
De ce que j'en ai vu, la magie semblait provenir de la dépouille de l'exarque lui-même, mais j'ignore à quel point s'étend le contrôle des illusions Holdars. Ils seraient mignons s'il ne s'agissait que de manipulation visuelle, mais pour peu qu'ils soient capables de régir nos sens dans leur intégralité, ils pourraient faire passer une mouche pour un dragon ou un désert pour un champ de fleur sans que nous puissions nous douter de quoi que ce soit. L'un d'eux pourrait même être ici dans cette pièce sans que nous en sachions rien. »
Le jeune elfe haussa les épaules avec dédain, conscient dès qu'il était entré dans un lieu privé choisi par Selinde que ses hommes pouvaient aussi bien se trouver en embuscade dans une autre pièce, notamment le skalde qu'elle venait de mentionner et qui la suivait d'habitude comme une ombre. Un espion Holdar en plus ne changerait pas grand chose à l'équation.
Il reprit, laissant de coté son sourire narquois pour continuer de manière plus stoïque.
« Il y a encore quelques informations que je me dois de vous communiquer.
Nous ne pourrons pas vraiment compter sur le gouvernement elfique. Je ne vous apprends sans doute rien, mais les raisons de cet état de fait sont intéressantes.
Il y a actuellement une lutte de pouvoir, mais elle prend une ampleur assez importante. La reine Ashtalia s'oppose depuis longtemps déjà au retour de la reine légitime Mélyriëlle d'Alcascyr. Elle perd de plus en plus de partisans, même au sein de sa propre cours, qui voient son illégitimité comme une chance de prendre la couronne. C'est assez banal jusque là.
Mais ce petit conflit est arrivé à un point où nombre d'institutions notamment l'Inquisition sont presque paralysées par les complots de toutes sortes. Et, pour ne rien arranger, Mélyriëlle vient de recueillir à Cyrijäl une Xalaro dénommée Yuel, ancienne haut-gradée de Vi'aria devenue pacifiste, qui a accepté de rester dans la ville et de répondre à nos questions si nous les épargnions elle et ses compatriotes en faveur d'une cohabitation pacifique.
Ce ne serait pas un problème si Yuel n'avait pas justement disparu sans laisser de trace peu de temps après. Vu les informations que cette Xalaro détient, non-seulement sa disparition nous est très dommageable mais en plus Mélyriëlle va pouvoir utiliser ce savoir qu'elle s'est accaparée pour faire pression sur Ashtalia, fragilisant encore la stabilité de l'empire elfique. Si Cyrijäl n'est pas accusée de pactiser avec les démons et rasée d'ici-là.
Et vu la façon dont les informations ont tendance à se perdre entre Cyrijäl et Asteras, je ne serai pas surpris de trouver un ou l'autre espion Holdar dans les hautes instances des gouvernements des deux reines. »
Israfel soupira, une manière très éloquente de signifier tout le mal qu'il pensait de cette lutte intestine.
« Le seul avantage de cette situation est qu'avec le décès d'Aki et la défection de Yuel, Vi'aria n'a plus de figure importante connue pour commander ses troupes à l'exception du félon Rajaat. Elle y tient sans doute plus car il est désormais le seul garant de la cohésion de ses armées que pour sa compétence. »
Le mande-orage fit enfin silence, se doutant que ces nouvelles informations ne seraient pas forcément les plus utiles à Selinde dans l'immédiat. La Commandante semblait vouloir se focaliser sur les Holdars alors que lui-même s'était surtout concentré sur le problème démoniaque, n'ayant du coup que bien peu d'informations capitales sur les géants blancs.
À ses yeux, les Holdars n'étaient pas la menace la plus importante : malgré leur supériorité militaire depuis longtemps établie, ils s'étaient toujours montrés plutôt passifs jusqu'à présent, se contentant de rester derrière les falaises d'Andoras et d'en éloigner les envahisseurs. Ils n'avaient pas besoin d'espions pour prendre l'avantage, et l'elfe ne s'expliquait leur présence que comme une assurance pour maintenir le statut-quo. Là où les intentions de Vi'aria étaient ouvertement belliqueuses : diriger Synca en soumettant ou éradiquant tous ses peuples.
Mais la démone avait sans doute quitté son repaire du temple d'Edar depuis longtemps maintenant, et Fryelund seul savait où elle pouvait bien se terrer. Dans sa poche de réalité nommée Enfer gelé, elle était surpuissante et intouchable, ils ne pouvaient donc rien contre elle pour l'instant.
Contre les espions Holdars, en revanche, la jeune femme semblait avoir déjà entamé un travail de nettoyage. Et il brûlait d'apprendre l'avancée de son enquête.
Il écouta l'instruction de la Commandante sans l'interrompre, son sourire s'agrandissant au fur et à mesure d'une façon presque sinistre. Malgré son assurance, elle ne savait pas tout, ou alors la pyromancienne avait gardé pour elle certaines informations tout comme lui.
Mais Israfel jugea qu'il avait suffisamment testé les limites de leur collaboration et celles de la patience de Selinde. Il ne gagnerait rien à ne pas communiquer des informations cruciales à une alliée même de circonstances.
« Je me souviens de cet exarque et de son remarquable tour de magie, en effet. J'aurai aimé l'étudier plus en détails, mais dans le feu de l'action, j'ai à peine eu le temps de le contempler avant qu'il disparaisse sous un déluge de feu. À ce stade, nous ne pouvons rien faire de plus que des suppositions.
De ce que j'en ai vu, la magie semblait provenir de la dépouille de l'exarque lui-même, mais j'ignore à quel point s'étend le contrôle des illusions Holdars. Ils seraient mignons s'il ne s'agissait que de manipulation visuelle, mais pour peu qu'ils soient capables de régir nos sens dans leur intégralité, ils pourraient faire passer une mouche pour un dragon ou un désert pour un champ de fleur sans que nous puissions nous douter de quoi que ce soit. L'un d'eux pourrait même être ici dans cette pièce sans que nous en sachions rien. »
Le jeune elfe haussa les épaules avec dédain, conscient dès qu'il était entré dans un lieu privé choisi par Selinde que ses hommes pouvaient aussi bien se trouver en embuscade dans une autre pièce, notamment le skalde qu'elle venait de mentionner et qui la suivait d'habitude comme une ombre. Un espion Holdar en plus ne changerait pas grand chose à l'équation.
Il reprit, laissant de coté son sourire narquois pour continuer de manière plus stoïque.
« Il y a encore quelques informations que je me dois de vous communiquer.
Nous ne pourrons pas vraiment compter sur le gouvernement elfique. Je ne vous apprends sans doute rien, mais les raisons de cet état de fait sont intéressantes.
Il y a actuellement une lutte de pouvoir, mais elle prend une ampleur assez importante. La reine Ashtalia s'oppose depuis longtemps déjà au retour de la reine légitime Mélyriëlle d'Alcascyr. Elle perd de plus en plus de partisans, même au sein de sa propre cours, qui voient son illégitimité comme une chance de prendre la couronne. C'est assez banal jusque là.
Mais ce petit conflit est arrivé à un point où nombre d'institutions notamment l'Inquisition sont presque paralysées par les complots de toutes sortes. Et, pour ne rien arranger, Mélyriëlle vient de recueillir à Cyrijäl une Xalaro dénommée Yuel, ancienne haut-gradée de Vi'aria devenue pacifiste, qui a accepté de rester dans la ville et de répondre à nos questions si nous les épargnions elle et ses compatriotes en faveur d'une cohabitation pacifique.
Ce ne serait pas un problème si Yuel n'avait pas justement disparu sans laisser de trace peu de temps après. Vu les informations que cette Xalaro détient, non-seulement sa disparition nous est très dommageable mais en plus Mélyriëlle va pouvoir utiliser ce savoir qu'elle s'est accaparée pour faire pression sur Ashtalia, fragilisant encore la stabilité de l'empire elfique. Si Cyrijäl n'est pas accusée de pactiser avec les démons et rasée d'ici-là.
Et vu la façon dont les informations ont tendance à se perdre entre Cyrijäl et Asteras, je ne serai pas surpris de trouver un ou l'autre espion Holdar dans les hautes instances des gouvernements des deux reines. »
Israfel soupira, une manière très éloquente de signifier tout le mal qu'il pensait de cette lutte intestine.
« Le seul avantage de cette situation est qu'avec le décès d'Aki et la défection de Yuel, Vi'aria n'a plus de figure importante connue pour commander ses troupes à l'exception du félon Rajaat. Elle y tient sans doute plus car il est désormais le seul garant de la cohésion de ses armées que pour sa compétence. »
Le mande-orage fit enfin silence, se doutant que ces nouvelles informations ne seraient pas forcément les plus utiles à Selinde dans l'immédiat. La Commandante semblait vouloir se focaliser sur les Holdars alors que lui-même s'était surtout concentré sur le problème démoniaque, n'ayant du coup que bien peu d'informations capitales sur les géants blancs.
À ses yeux, les Holdars n'étaient pas la menace la plus importante : malgré leur supériorité militaire depuis longtemps établie, ils s'étaient toujours montrés plutôt passifs jusqu'à présent, se contentant de rester derrière les falaises d'Andoras et d'en éloigner les envahisseurs. Ils n'avaient pas besoin d'espions pour prendre l'avantage, et l'elfe ne s'expliquait leur présence que comme une assurance pour maintenir le statut-quo. Là où les intentions de Vi'aria étaient ouvertement belliqueuses : diriger Synca en soumettant ou éradiquant tous ses peuples.
Mais la démone avait sans doute quitté son repaire du temple d'Edar depuis longtemps maintenant, et Fryelund seul savait où elle pouvait bien se terrer. Dans sa poche de réalité nommée Enfer gelé, elle était surpuissante et intouchable, ils ne pouvaient donc rien contre elle pour l'instant.
Contre les espions Holdars, en revanche, la jeune femme semblait avoir déjà entamé un travail de nettoyage. Et il brûlait d'apprendre l'avancée de son enquête.