27-11-2017, 21:37:34
Elle est assise dans son fauteuil, un verre de vin sur son bureau. De petites lunettes qui lui donnent un air de chat coincées sur son nez, elle relit en silence les dernières lettres qui lui parviennent, ici et là, du continent. Il y en a peu qui retiennent son attention. Une en particulier a été mise bien de côté. Elle la lira en dernier car il y a sur l'enveloppe blanche le sceau des di Scudira. Elle est sérieuse, Cendre, sans doute un peu trop. Sa main sur son front, elle fronce les sourcils en déchiffrant les diverses affaires. Les nouvelles ne sont pas bonnes, mais elles ne sont pas beaucoup plus graves qu'à l'accoutumée, aussi elle ne s'en fait pas.
Elle est si absorbée par sa lecture qu'elle en oubli même de relever le nez de sa paperasse quand un domestique – Soward – entre dans le bureau. Il est malingre mais futé, le bon Soward, il sait que c'est elle qui tient les ficelles de la bourse des Sentinelles, il sait aussi qu'elle peut être aussi pingre qu'un dragon et qu'elle crache les mêmes flammes qui fondent l'acier. Aussi il y va avec douceur quand il s'introduit, d'une toute petite voix :
« Mademoiselle Meneldä… »
Elle secoue la main, d'un petit air agacé, alors qu'elle déchiffre le prix qu'ose exiger le maréchal-ferrant pour le ferrage de toute l'écurie. Que croit-il celui-là ? Qu'ils sont aussi riches que les Montecoffre ? Si seulement !
« Mademoiselle… »
« Par Edar, Soward, laisse-moi finir de devenir folle devant l'avarice des hommes... »
Elle persifle, tel un serpent.
« Mais le seigneur Aedarion est là. Il demande une entrevue. »
« Aedarion ? » Elle grimace, se redressant aussitôt sur son siège. Ses doigts sont fins et graciles alors qu'ils replient la lettre qu'elle était en train de lire. Ses grands yeux sont clairs, brillants. Elle hésite. « Le vieux ? »
« Non, Mademoiselle. Le seigneur Israfel, son fils. »
« Oh. »
La surprise se lit sur son visage, alors qu'elle papillonne des paupières. Israfel. La dernière fois qu'elle avait eu une nouvelle de lui, Lenwë disait l'avoir vu au passage sur le chemin et aussi à Cyrijäl. Elle n'avait pas eu ce plaisir. Finalement, c'est un sourire qui se dessine sur son visage, un rictus agréable et avenant. Elle retire lentement ses lunettes qu'elle repose sur le bureau.
« Dites-lui que je veux bien le recevoir alors. »
Elle agite sa main, range le bureau autant qu'elle peut, ce qui consiste assez simplement à ouvrir un tiroir et y pousser tout ce qui peut y entrer sans rien renverser. Elle réajuste son corset, ses belles boucles rousses, masse son nez qui a été trop longtemps pincé par ses verres et finalement soupire.
Quand les portes s'ouvrent de nouveau, Soward laisse entrer l'elfe en refermant les portes derrière lui.
La rousse se lève aussitôt, par éducation tout d'abord, par amitié ensuite. Elle approche d'un pas calme sans dissimuler son sourire.
Il est vrai que le départ d'Israfel avait beaucoup fait parler au sein de la petite guilde qu'ils étaient à l'époque, mais elle n'avait gardé aucune rancœur. Sa haine était déjà de trop concentrée contre son frère et sa famille. Il ne lui restait pas assez de place dans ce petit cœur abîmé pour ressentir davantage.
Elle tend sa main, comme une dame, et pencha la tête pour découvrir combien ils avaient changé et grandi. Elle tout d'abord ; elle est plus haute, moins enfantine. Son visage reste parfait, mais son sourire arrange toujours le tout aux couleurs de la taquinerie. Les cicatrices sur sa peau claire se sont accumulées, mais la plus grande est invisible au commun des mortels. Seuls les rares à avoir partager sa couche ont eu la surprise du dernier cadeau que lui ont offert les Agars.
Elle a l'air de bien se porter au demeurant. Sa mine est rayonnante.
« Si on m'avait dit que je reverrai Israfel Aedarion, je n'en aurais pas cru mes demi-oreilles ! »
Un petit rire ponctue sa phrase, la rendant amicale.
« Quel bon vent te mène à nous, mande-orage ? »
Là, c'est plutôt taquin. Son air faussement intéressé, mi-moqueur mi-sournois, se peint si facilement sur le minois de la rousse, qu'on se demande même si un autre air lui siérait mieux.
Elle est si absorbée par sa lecture qu'elle en oubli même de relever le nez de sa paperasse quand un domestique – Soward – entre dans le bureau. Il est malingre mais futé, le bon Soward, il sait que c'est elle qui tient les ficelles de la bourse des Sentinelles, il sait aussi qu'elle peut être aussi pingre qu'un dragon et qu'elle crache les mêmes flammes qui fondent l'acier. Aussi il y va avec douceur quand il s'introduit, d'une toute petite voix :
« Mademoiselle Meneldä… »
Elle secoue la main, d'un petit air agacé, alors qu'elle déchiffre le prix qu'ose exiger le maréchal-ferrant pour le ferrage de toute l'écurie. Que croit-il celui-là ? Qu'ils sont aussi riches que les Montecoffre ? Si seulement !
« Mademoiselle… »
« Par Edar, Soward, laisse-moi finir de devenir folle devant l'avarice des hommes... »
Elle persifle, tel un serpent.
« Mais le seigneur Aedarion est là. Il demande une entrevue. »
« Aedarion ? » Elle grimace, se redressant aussitôt sur son siège. Ses doigts sont fins et graciles alors qu'ils replient la lettre qu'elle était en train de lire. Ses grands yeux sont clairs, brillants. Elle hésite. « Le vieux ? »
« Non, Mademoiselle. Le seigneur Israfel, son fils. »
« Oh. »
La surprise se lit sur son visage, alors qu'elle papillonne des paupières. Israfel. La dernière fois qu'elle avait eu une nouvelle de lui, Lenwë disait l'avoir vu au passage sur le chemin et aussi à Cyrijäl. Elle n'avait pas eu ce plaisir. Finalement, c'est un sourire qui se dessine sur son visage, un rictus agréable et avenant. Elle retire lentement ses lunettes qu'elle repose sur le bureau.
« Dites-lui que je veux bien le recevoir alors. »
Elle agite sa main, range le bureau autant qu'elle peut, ce qui consiste assez simplement à ouvrir un tiroir et y pousser tout ce qui peut y entrer sans rien renverser. Elle réajuste son corset, ses belles boucles rousses, masse son nez qui a été trop longtemps pincé par ses verres et finalement soupire.
Quand les portes s'ouvrent de nouveau, Soward laisse entrer l'elfe en refermant les portes derrière lui.
La rousse se lève aussitôt, par éducation tout d'abord, par amitié ensuite. Elle approche d'un pas calme sans dissimuler son sourire.
Il est vrai que le départ d'Israfel avait beaucoup fait parler au sein de la petite guilde qu'ils étaient à l'époque, mais elle n'avait gardé aucune rancœur. Sa haine était déjà de trop concentrée contre son frère et sa famille. Il ne lui restait pas assez de place dans ce petit cœur abîmé pour ressentir davantage.
Elle tend sa main, comme une dame, et pencha la tête pour découvrir combien ils avaient changé et grandi. Elle tout d'abord ; elle est plus haute, moins enfantine. Son visage reste parfait, mais son sourire arrange toujours le tout aux couleurs de la taquinerie. Les cicatrices sur sa peau claire se sont accumulées, mais la plus grande est invisible au commun des mortels. Seuls les rares à avoir partager sa couche ont eu la surprise du dernier cadeau que lui ont offert les Agars.
Elle a l'air de bien se porter au demeurant. Sa mine est rayonnante.
« Si on m'avait dit que je reverrai Israfel Aedarion, je n'en aurais pas cru mes demi-oreilles ! »
Un petit rire ponctue sa phrase, la rendant amicale.
« Quel bon vent te mène à nous, mande-orage ? »
Là, c'est plutôt taquin. Son air faussement intéressé, mi-moqueur mi-sournois, se peint si facilement sur le minois de la rousse, qu'on se demande même si un autre air lui siérait mieux.