10-04-2011, 12:04:33
Seigneur, nous devons fuir ! Ils sont trop nombreux, nous ne pourrons pas tenir plus longtemps, quittez la maison, nous les contiendrons le temps de votre fuite, je vous en prie, partez !
Le guerrier des ombres aurait volontiers donné sa vie pour préserver celle de Grendashk.
Ce dernier avait tant fait pour eux, il avait tant donné. Pourquoi ne fuyait-il pas ?
Ah mon ami, fidèle jusqu'au dernier instant...
Non je ne fuirai pas, si mon heure est venue et bien soit.
Il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir, je fais le choix de vivre pleinement ma mort, plutôt que de me préparer à une existence de reclus, terré dans un trou quelconque, dans l'attente d'une attaque surprise.
Mort au combat, les épées à la main et les bottes au pied, n'est-ce pas une belle mort ?
Mais toi, ne donne pas ta vie en vain, sors de cette maison, tu trouveras bien un endroit où poursuivre ton existence en paix, loin de tous ces inconscients soumis à la volonté du Thain.
Tiens, prends cet or et va-t'en, c'est un ordre mon ami, tu ne m'as jamais déçu, tu ne commenceras pas aujourd'hui.
Le seigneur de la Maison des Ombres, sa magnifique armure imbibée de son propre sang et de celui de ses adversaires, ses épées rougies jusqu'à la garde, ses cheveux emmêlés collés sur son visage par les plaques brunâtres de sang coagulé, n'avait pourtant rien perdu de sa superbe.
Sa volonté sans faille le servait encore à l'instant de sa mort. Son sourire, apparemment indéfectible, toujours fier et courageux.
Offrant une accolade à son ami, il dégaina à nouveau ses épées et descendit au rez-de-chaussée, entrainant à sa suite les guerriers vers la porte de la cave, espérant ainsi libérer un passage et favoriser la fuite de son dernier défenseur.
Il continuait pourtant à se battre, frappant à grands coups d'épée ses adversaires.
Mais la fatigue imposait sa loi, et bien souvent ses coups ne portaient plus, ne transperçaient plus les solides armures naines.
Lui-même manquait maintenant de vigilance, il recevait de plus en plus de coups, il lui était impossible d'être attentif aux volées de carreaux et de flèches qui sans cesse transperçaient son armure de cuir déchirée, en lambeaux.
Profitant d'un instant de répit, Grendashk saisit l'arc qu'il portait dans son dos, ce bel arc de magnifique facture, qu'il avait conservé depuis si longtemps. Il le déposa au sol en jetant un regard à Grundel, accompagné d'un clin d'œil malicieux.
Grendashk savait que la découverte de son journal ainsi que le geste qu'il venait d'accomplir, susciteraient des questions à l'encontre du conseiller. Ce dernier aurait probablement, lui aussi, des comptes à rendre.
C'était là la dernière ruse de Grendashk, le dernier aveu.
C'était en même temps, pour le seigneur de la Maison des Ombres, même si ce titre ne lui était pas reconnu, une façon de mettre un point final à cette histoire, de reconnaitre sa défaite face à son implacable adversaire.
Ah si seulement Grundel avait été un guerrier, leur duel aurait été grandiose, pensa-t-il...
Apercevant du coin de l'œil le dernier guerrier de la maison des ombres franchir la porte de l'étage et se diriger vers la porte de la maison, il élargit encore son sourire, heureux de voir son ultime ami s'échapper de la mêlée et vivre, vivre, vivre.
Grendashk avait eu une belle existence, avec ses réussites, ses échecs, ses joies et ses peines.
Une vie bien remplie, durant laquelle, quoiqu'on en dise, il avait construit, avait créé.
Il avait été lui aussi un bâtisseur, finalement bien plus abouti que la plupart des guerriers qui le combattaient maintenant, dont les uniques faits de leur existence étaient des faits d'armes.
Certains se posaient bien des questions, il l'avait senti durant ses échanges avec Oghren Fondelame, mais trop tard, le moment n'était plus aux questionnements.
Toujours est-il que la Maison des Ombres lui subsisterait, il y avait bien longtemps qu'il avait anticipé sa mort et qu'il s'était arrangé pour que la survie de la maison ne dépende pas de lui.
Il pensait à tous les miséreux, les nanillons, les prostitués des deux sexes, les petits voleurs, les apprentis assassins, qu'il avait rencontrés et protégés.
Eux se souviendraient de lui et entretiendraient sa légende.
Il espérait que la jolie naine qui l'avait accompagné durant ces dernières semaines pourrait sortir vivante de tout ce chaos, elle le méritait.
Une fois son ami sorti de la maison, Grendashk se tourna vers ses nombreux adversaires, avides de sang et de victoire. Tous, il le voyait dans leurs yeux, désiraient sa mort.
Grundel l'observait vivre ses derniers instants. Était-ce de la peine, du regret, qu'il percevait dans le doux regard posé sur lui ?
Grebash, le Seigneur de la Maison des Runes, le frère jumeau de Bregash, celui qui lui avait enlevé Shaani, la seule naine qu'il avait vraiment aimée, avait comme d'habitude son attitude impassible, détachée.
Oghren, le nouveau seigneur des Fondelame, dont il savait qu'il avait semé une graine de discorde dans son esprit. Peut-être cette graine germerait-elle et lui ferait se poser des questions essentielles. Peut-être même ferait-elle évoluer la politique de Karad dans le bon sens, pourquoi pas...
Et tous les autres, guerriers, archers, maitres des runes, tous réunis contre lui, la plupart sans même savoir vraiment pourquoi, si ce n'est que Baram II, leur maître à tous, avait commandé sa mort et qu'en serviteurs fidèles ils lui obéissaient.
Voilà, c'était terminé.
Il ne lui restait plus qu'à mourir.
Le seigneur de la Maison des Ombres jeta ses deux épées au sol.
Puis il sortit une dague effilée de son fourreau de cuisse, bravant ses adversaires du regard, il plongea soudainement la dague dans son cœur, l'enfonçant profondément d'un geste puissant.
Sa vue se troubla, quelques larmes de douleur et de regret, peut-être, coulèrent sur ses joues, traçant des sillons rougeâtres sur son visage ravagé par les combats.
Ses genoux se dérobèrent, son corps s'affaissa.
Allongé sur le sol, ses adversaires penchés sur lui, frustrés peut-être de ne pas avoir été "celui qui a tué Grendashk", il eut un dernier sourire à la vie.
Et mourut.
Le guerrier des ombres aurait volontiers donné sa vie pour préserver celle de Grendashk.
Ce dernier avait tant fait pour eux, il avait tant donné. Pourquoi ne fuyait-il pas ?
Ah mon ami, fidèle jusqu'au dernier instant...
Non je ne fuirai pas, si mon heure est venue et bien soit.
Il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir, je fais le choix de vivre pleinement ma mort, plutôt que de me préparer à une existence de reclus, terré dans un trou quelconque, dans l'attente d'une attaque surprise.
Mort au combat, les épées à la main et les bottes au pied, n'est-ce pas une belle mort ?
Mais toi, ne donne pas ta vie en vain, sors de cette maison, tu trouveras bien un endroit où poursuivre ton existence en paix, loin de tous ces inconscients soumis à la volonté du Thain.
Tiens, prends cet or et va-t'en, c'est un ordre mon ami, tu ne m'as jamais déçu, tu ne commenceras pas aujourd'hui.
Le seigneur de la Maison des Ombres, sa magnifique armure imbibée de son propre sang et de celui de ses adversaires, ses épées rougies jusqu'à la garde, ses cheveux emmêlés collés sur son visage par les plaques brunâtres de sang coagulé, n'avait pourtant rien perdu de sa superbe.
Sa volonté sans faille le servait encore à l'instant de sa mort. Son sourire, apparemment indéfectible, toujours fier et courageux.
Offrant une accolade à son ami, il dégaina à nouveau ses épées et descendit au rez-de-chaussée, entrainant à sa suite les guerriers vers la porte de la cave, espérant ainsi libérer un passage et favoriser la fuite de son dernier défenseur.
Il continuait pourtant à se battre, frappant à grands coups d'épée ses adversaires.
Mais la fatigue imposait sa loi, et bien souvent ses coups ne portaient plus, ne transperçaient plus les solides armures naines.
Lui-même manquait maintenant de vigilance, il recevait de plus en plus de coups, il lui était impossible d'être attentif aux volées de carreaux et de flèches qui sans cesse transperçaient son armure de cuir déchirée, en lambeaux.
Profitant d'un instant de répit, Grendashk saisit l'arc qu'il portait dans son dos, ce bel arc de magnifique facture, qu'il avait conservé depuis si longtemps. Il le déposa au sol en jetant un regard à Grundel, accompagné d'un clin d'œil malicieux.
Grendashk savait que la découverte de son journal ainsi que le geste qu'il venait d'accomplir, susciteraient des questions à l'encontre du conseiller. Ce dernier aurait probablement, lui aussi, des comptes à rendre.
C'était là la dernière ruse de Grendashk, le dernier aveu.
C'était en même temps, pour le seigneur de la Maison des Ombres, même si ce titre ne lui était pas reconnu, une façon de mettre un point final à cette histoire, de reconnaitre sa défaite face à son implacable adversaire.
Ah si seulement Grundel avait été un guerrier, leur duel aurait été grandiose, pensa-t-il...
Apercevant du coin de l'œil le dernier guerrier de la maison des ombres franchir la porte de l'étage et se diriger vers la porte de la maison, il élargit encore son sourire, heureux de voir son ultime ami s'échapper de la mêlée et vivre, vivre, vivre.
Grendashk avait eu une belle existence, avec ses réussites, ses échecs, ses joies et ses peines.
Une vie bien remplie, durant laquelle, quoiqu'on en dise, il avait construit, avait créé.
Il avait été lui aussi un bâtisseur, finalement bien plus abouti que la plupart des guerriers qui le combattaient maintenant, dont les uniques faits de leur existence étaient des faits d'armes.
Certains se posaient bien des questions, il l'avait senti durant ses échanges avec Oghren Fondelame, mais trop tard, le moment n'était plus aux questionnements.
Toujours est-il que la Maison des Ombres lui subsisterait, il y avait bien longtemps qu'il avait anticipé sa mort et qu'il s'était arrangé pour que la survie de la maison ne dépende pas de lui.
Il pensait à tous les miséreux, les nanillons, les prostitués des deux sexes, les petits voleurs, les apprentis assassins, qu'il avait rencontrés et protégés.
Eux se souviendraient de lui et entretiendraient sa légende.
Il espérait que la jolie naine qui l'avait accompagné durant ces dernières semaines pourrait sortir vivante de tout ce chaos, elle le méritait.
Une fois son ami sorti de la maison, Grendashk se tourna vers ses nombreux adversaires, avides de sang et de victoire. Tous, il le voyait dans leurs yeux, désiraient sa mort.
Grundel l'observait vivre ses derniers instants. Était-ce de la peine, du regret, qu'il percevait dans le doux regard posé sur lui ?
Grebash, le Seigneur de la Maison des Runes, le frère jumeau de Bregash, celui qui lui avait enlevé Shaani, la seule naine qu'il avait vraiment aimée, avait comme d'habitude son attitude impassible, détachée.
Oghren, le nouveau seigneur des Fondelame, dont il savait qu'il avait semé une graine de discorde dans son esprit. Peut-être cette graine germerait-elle et lui ferait se poser des questions essentielles. Peut-être même ferait-elle évoluer la politique de Karad dans le bon sens, pourquoi pas...
Et tous les autres, guerriers, archers, maitres des runes, tous réunis contre lui, la plupart sans même savoir vraiment pourquoi, si ce n'est que Baram II, leur maître à tous, avait commandé sa mort et qu'en serviteurs fidèles ils lui obéissaient.
Voilà, c'était terminé.
Il ne lui restait plus qu'à mourir.
Le seigneur de la Maison des Ombres jeta ses deux épées au sol.
Puis il sortit une dague effilée de son fourreau de cuisse, bravant ses adversaires du regard, il plongea soudainement la dague dans son cœur, l'enfonçant profondément d'un geste puissant.
Sa vue se troubla, quelques larmes de douleur et de regret, peut-être, coulèrent sur ses joues, traçant des sillons rougeâtres sur son visage ravagé par les combats.
Ses genoux se dérobèrent, son corps s'affaissa.
Allongé sur le sol, ses adversaires penchés sur lui, frustrés peut-être de ne pas avoir été "celui qui a tué Grendashk", il eut un dernier sourire à la vie.
Et mourut.