Cendre et poussière
#5
Floki était las de la misère, la crasse, la maladie. Las également du travail manuel, et de beugler des ordres à des gueux au regard vide. Tout cela lui rappelait les mendiants loqueteux de son village natal, ces moins qu'humains qui semblaient presque se complaire dans leur misère. Bien sûr, ces paysans du Skövendör n'étaient rien de comparable : ils étaient de braves travailleurs, que le sort - et la cruauté d'un homme - avait privés du fruit de leur labeur, de leurs foyers et de bien plus encore.

Du reste, les travaux ne semblaient jamais devoir finir. Les réparations avançaient lentement, les vivres étaient sévèrement rationnés et la main d'œuvre exténuée.

Floki réunit ses camarades trappistes, ainsi que les chefs locaux, et annonça son intention de partir à Björnhill, afin d'y plaider la cause de cette région oubliée et obtenir une aide substantielle du Jarl Stirling. Il fut décidé de réduire autant que possible la délégation, afin de ne pas dégarnir les rangs déjà trop maigres des travailleurs ; les préparatifs furent rapidement faits et Floki, accompagné du brave Gared, se mirent en route.

[---]

Le soir tombe et la pénombre gagne les steppes enneigées de l'Ingemann. Rapidement, le monde des deux voyageurs se réduit au bruit froissé des pas sur la neige, au cliquetis des mailles métalliques et aux formes noires des collines environnantes, qui se détachent du ciel bleu sombre, sans lune mais constellé d'étoiles. Ils voyagent à un rythme infernal depuis plusieurs jours, se reposant peu, marchant la meilleure partie de la nuit, faisant fi du froid de la steppe et des yeux brillants et affamés des bêtes sauvages qui les guettent constamment.

Au loin, une lumière vive se distingue, telle un phare guidant les deux marcheurs.

[Image: 138.png]Ha ! Ce doit être notre refuge ! Nous voilà presque arrivés !



Gared, plus lourdement équipé et rendu taciturne par la fatigue, répond d'un simple grognement.

Les deux trappistes atteignent leur refuge au milieu de la nuit. Logan Blackstone, une nouvelle recrue, veille sur le foyer. Ils échangent des salutations rapides, puis les voyageurs exténués prennent possession de deux paillasses et s'endorment immédiatement.

Le lendemain, ils iront demander audience au Jarl Stirling, et en profiteront pour glisser une lettre plus personnelle à l'influente devineresse Ermine.
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