Instants de repos
#5
« Les agars ne savent pas jouer à la belote ? Je croyais que ce pays comptait une taverne par habitants ! Qu'est-ce que diable ils y font entre deux pintes ? »

Le jeune homme se contenta de hausser les épaules et de faire une légère moue. Il n'en savait rien, et n'en avait pas grand chose à faire. C'était probablement surtout une plaisanterie ennemie. Dans tous les cas, il ferait vraiment bouffer son jeu de cartes au Agar qui avait écrit ça. Einar il-ne-savait-plus-quoi.
Enfin, ce n'était pas le moment d'y penser. Il savait qu'il le ferait, et ça aussi, ça le faisait sourire.

Il marchait tranquillement, prenant soin de ne pas aller d'un pas trop rapide, si jamais Cendre ne pouvait pas marcher aussi vite que lui.
Il avait découvert la taverne où il se rendait à leur précédent passage à Yris. Elle portait le doux nom d' "Écureuil ventripotent". Pourquoi pas, après tout. C'était un nom origina, pour un endroit paisible, loin d'autres lieux plus... Agités, d'une façon ou d'un autre. Bien sûr, paisible ne voulait pas dire "où règne le silence". Les conversations se faisaient, mais ne dépassaient pas un volume de bruit exagéré. Du moins, il n'avait pas encore eu l'occasion d'assister à une conversation avec une personne ayant bien trop bue.
Il savait que cette taverne plairait à sa sœur, au moins parce que les banquettes qu'il y avait contre les murs étaient recouvertes d'un joli rouge. Heureusement que les gens n'étaient plus aussi à cheval sur les couleurs réservées aux castes, sinon tout serait bien plus terne. L'écarlate était sensé être l'apanage des Nurmeths. Le blason de son père l'était, en partie. C'était joli.

Laissant Cendre aller s'installer sur l'une des banquettes, il se dirigea tranquillement vers le comptoir et salua le couple de tenanciers. Il sourit et demanda d'une voix chantante :

« Un lait chaud et un cidre s'il vous plait. »

Il sortit quelques pièces et les posa sur le bois lissé par les années au service du bon-vivant, puis alla s'asseoir en face de la jeune femme. Il ricana légèrement en voyant qu'elle avait déjà - ou devait-il penser "encore" ? - son livre préféré. Les comptes des Sentinelles.

« D'après toi, à combien s'élève la tête d'un jarl corrompu par les holdars ? »

« Tu ne peux pas t'en empêcher... Tu ne peux pas lâcher un peu ce livre ? »

Il avait dit tout ça toujours en souriant, avec un air taquin.
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