[RP] Sur les traces de la truanderie
#2
Plus le temps passait, plus l'espoir de mettre la main sur ce présent pour mon frère s'étiolait. Mais ce temps, je l'avais mis à profit pour investiguer sur ce réseau de contrebande, et tenter de remonter la piste de ces précieuses marchandises dérobées aux saurotarques. En vain.

Pourtant, quelques négociateurs fameux dans ce milieu crapuleux ne m'étaient pas inconnus. Par le passé, il nous était arrivé de faire appel à leur service pour écouler des biens intangibles, mais dont la valeur, elle, l'était pour qui savait s'en servir. Par peur ou par ignorance, ils restèrent silencieux devant mes manigances et me laissèrent à mon désarroi.

Bredouille dans ma quête, je désespérais de ne rien trouver. Jusqu'à cette soirée où je trébuchai sur un ivrogne rampant sur le bas-côté du chemin. Maugréant quelques insultes bien senties à son égard, j'allais l'abandonner dans ses déjections quand j'aperçus l'emblème d'Asteras sur le pommeau de sa lame mal-entretenue…

Ainsi, nous nous retrouvions dans ces souterrains, coulisses clandestines du Marché Noir d'Asteras selon les dires de ce garde elfe, à la langue déliée par l'ivresse. Bien des aventuriers nous avaient précédés dans ces longs tunnels pour démanteler le réseau de contrebande qui s'y dissimulait. Mais malgré le sang de malandrins répandus, le commerce illégal continuait de fleurir dans ces si vastes boyaux puants.

Ce trafic, fléau aussi bien d'Yris que d'Asteras, était décrit par les autorités comme une hydre de Tenagos dans les légendes populaires : une tête tranchée qui repousse immédiatement pour en prendre la place. Mais en réalité, seule la queue du reptile était inlassablement sectionnée et celle-ci finissait toujours par se reformer, comme Lev s'était satisfaite à l'observer sur des lézards.

Le veilleur aviné avait également évoqué l'évasion de Valyrielle de Maldorne, héritière d'une noble famille désargentée. Accusée de s'être faite l'associée des contrebandiers, elle s'était mystérieusement éclipsée avant son procès. Après une tournée supplémentaire de ce mauvais alcool, il m'en avouait les circonstances : des complices, vêtus de l'uniforme de la Garde d'Asteras avaient profité du retard, dont je soupçonnais le hasard de la coïncidence, des magistrats, pour récupérer la dame avant les véritables autorités judiciaires.

Elle n'avait pu organiser sa fuite depuis sa cellule. Quelqu'un l'avait fait pour elle. Les contrebandiers n'avaient pu dérober tous ces œufs aux saurotarques sans cohésion. Quelqu'un l'avait fait pour eux. Quelque part, ce quelqu'un devait actionner une à une, les ficelles pour mettre en mouvement sa myriade de marionnettes. Et il devait se trouver des indices, certainement insignifiants, de son existence ici-même.

Distraite par mes hypothèses, je manquai de glisser sur l'une des innombrables flaques visqueuses qui jonchaient les dalles des égouts. Je me rattrapai de justesse d'une main sur la paroi suintante. Je ne parvins pas à me retenir de crier l'expression de mon aversion lors de ce répugnant contact. D'un hochement de tête, je me sermonnai intérieurement.

"Regarde où tu mets les pieds, ma fille. Tu ne mèneras jamais les tiens vers les plus hautes ambitions les fesses à terre !"
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