[RP] Animation : Livraison spéciale
#70
Combien de temps, depuis combien de temps les agars arrachèrent Sabthryia à ses terres ? Bien sûr, la maîtresse des lames participait activement aux escarmouches pour repousser les "barbares" de ses terres bien aimées, et ses lames se teintaient régulièrement de pourpre. Lors de son dernier combat, elle avait fait naître trois grandes fleurs rouges sur les neiges qui bordaient la forêt, avant de prendre un mauvais coup sur la tête.
La déchéance dans une petite cage en fer, privée de ses armes et de ses bijoux, au moins les sauvages eurent la dignité de lui laisser ses vêtements et sa pureté.
Peu de temps après, ils placèrent la cage dans une robuste caravane de bois et protégée par une épaisse toile de lin. Le soleil passait à peine au travers du blanc et peu translucide tissu. Sabthryia repensa au tragique destin de Melanwë, la sœur de sa reine. Ses pensées devinrent mélancoliques, son chant un écho plaintif.
Puis il y eut du grabuge, des bruits sourds, le lin fut éclaboussé de vermeille, ses geôliers criaient, désœuvrés. Les bêtes qui traînaient le convoi accélérèrent leur trot qui se mua en une course folle. Ils s'arrêtèrent un instant, au fond de la caravane, des hommes blessés se faisaient soigner en urgence, un autre semblait soucieux, il scrutait les alentours, à la recherche d'éventuels poursuivants. Il notait sur son carnet, stressé.
Une flèche se planta dans son épaule, le carnet glissa. Les hommes s'affolèrent de nouveau, tirant leurs armes pour se défendre. Ils étaient déjà mal en point.
Un geôlier s'attarda sur sa cage, dont il attrapa la clef en murmurant

[Image: 91144.jpg]- "Cela n'a pas de sens de te retenir si nous mourrons. Fuis." ordonna-t-il, l'air un peu désolé. Quelques minutes avant, il soignait ses camarades. Les agars étaient-ils vraiment tous des sauvages cruels ? Éprouvait-il de la compassion pour le sort de Sabthryia ?
La porte ouverte de cage, l'elfe resta hébété quelques secondes. Fuir ? Elle ? La maître-lames attrapa une épée et une hache et se jeta au cœur de la mêlée, repoussant les bandits, déviant leurs flèches avec son épée, découpant leurs armures de cuir avec sa hache.
Le combat se prolongeait bien plus que ne le voulait les bandits, qui s'enfuirent en emportant quelques miettes du butin. Ils étaient nombreux, ils pouvaient espérer faire ployer l'elfe sous la fatigue à force, mais ils redoutaient pire.
Les main-de-givre hurlaient de joie face à cette aubaine.

[Image: 91145.jpg]- "Par ici"



Sabthryia remonta le sentier que les agars suivaient pour se réfugier. La petite troupe arriva avec la charette jusqu'à une groupe, ils récupérèrent quelques sacs de provision et poussèrent la charrette pour bloquer l'entrée.
Elle était étroite, ici le nombre importait peu. Une fois le bois détruit, Sabthryia massacra gobelin sur gobelin, se faisant parfois remplacer un guerrier agar, le temps de souffler, de manger ou de dormir. Leurs échanges se faisaient rares, mais l'elfe pouvait lire dans leurs yeux de l'incompréhension mais aussi de la gratitude.
Les gobelins cessèrent leurs attaques, apeurés, mais surtout décidés à employer une nouvelle stratégie. Dans la caverne, leur nombre faisait office de faiblesse, mais dehors, la maître-lames ne pouvait rien. Alors les main-de-givre entamèrent un siège pour affamer leurs victimes, tout en démembrant le reste de la charrette, jusqu'à qu'il n'en reste plus rien.

L'attente commença, longue, insoutenable. Les convoyeurs se montraient un peu moins tacite qu'elle, parlant de temps en temps de leur situation, de l'espoir fou que leur patron envoi des secours à temps. Sabthryia n'y pensait pas vraiment, elle se sentait morte et condamnée depuis sa capture. Elle ne savait même pas pourquoi elle les aidait.
Au bout d'interminables heures à attendre, une nouvelle silhouette se découpa dans la lumière de l'entrée. La guerrière prit position, bien appuyée sur ses jambes, la hache menaçante et l'épée près de son cœur pour la défendre. Un nain entra dans la caverne, quoiqu'il semblait plus grand et moins trapus que ses congénères, à moins qu'il ne s'agissait d'un petit agar à la pilosité sur-développé et au délicat parfum de bière.
Celui-ci se présenta comme un pacifiste, venu chercher les survivants. Les marchands disaient donc vrai, leur chef envoyait des secours. Il posa quelques provisions sur le sol pour montrer ses intentions et se garda bien de sortir son arme. Un ermite le suivait sur ses pas, proposant ses soins pour les blessés.
[Image: 91144.jpg]- "Vite, vite, venez soigner Thorkel ! Il s'est fait transpercer il y a quelques jours et la plaie peine à guérir !"
Le vieux guerrier reposait plus loin dans la grotte, debout mais adossé contre la paroi de la grotte. Un trou percé dans sa cuirasse laissait entrevoir de grossiers bandages. Cela semblait être une méchante blessure.
L'elfe s'éloigna vers le feu, affichant un air triste. Son destin lui revenait subitement en mémoire. Elle se posa juste à côté d'un homme à l'air noble et vêtu des vêtements riches quoique chauds, lui-même semblait désœuvré par la fin de cette aventure.
[Image: 91141.jpg]- "Je... Je suis sincèrement désolé. Je ne pourrai jamais assez vous remercier pour ce que vous avez fait, malgré que.."



[Image: 91145.jpg]- "Ce n'est rien" répondit l'elfe en reportant son attention sur le feu, "je me sais condamnée depuis un moment."



[Image: 91141.jpg]- "Vous l'aviez la possibilité de nous laisser et de partir."



[Image: 91145.jpg]- "Et je ne l'ai pas fait." murmura-t-elle, troublée.



Erik Freerikson se releva et alla à l'encontre de ses sauveurs, l'air partagé entre la joie et la tristesse. Fatigué, il s'adressa à ses interlocuteurs avec un seul, mais un mot qui portait toute la simple gratitude d'un homme qui sortait de l'enfer.

[Image: 91141.jpg]- "Merci."



Dans le même temps, Thorleif renâclait comme un cheval. Tenu en échec par quelques avortons, ceux-ci essayaient encore de la raisonner. Comment pouvaient-ils comprendre le juste châtiment infligé à ces vauriens ? La terre des ombres était promise aux marchands, et même à cette elfe s'il le fallait ! Tous étaient humbles face à la mort, tous étaient égaux, tous finissaient dans un trou.
Excédé, Thorleif jeta sa lance au sol, vaincu, et s'éloigna.
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