Cendre, ou l'oxymore sophistiqué.
#2

Comme il l'avait dit, la petite auberge ne payait pas de mine. Elle donnait sur le fleuve, et c'était bien la seule chose qui faisait qu'elle était aussi réputée et visitée – ça, et sa cuisine.

[Image: Zm580X3.png]Il était vrai que sous son toit de tuile d'ardoise se cachait une petite bonne femme, menue et enjouée, du nom d'Adorine. Elle était peut-être la plus grande cuisinière hors de la capitale, du moins c'était ce que pensait Lazzare. Il n'avait qu'une hâte à chacune de ses rondes jusqu'à Yris, c'était de s'arrêter au Lit du Fleuve pour y manger des paupiettes de sanglier rôties dans leur jus. L'idée même le fit saliver.
Il hâta quelque peu son cheval. Balios renâcla, mais il adopta un trot plus soutenu et plus rapide. Lazzare ne voulait pas rattraper le carrosse, et en même temps, quelque chose le poussait à au moins le croiser de nouveau. Cette chose c'était peut-être la fille-nuage, ou peut-être simplement son estomac. Sans doute la fille-nuage.
Depuis une dizaine de minute, la tête de Lazzare était envahie de son image, de son sourire doux et de ses yeux clairs. Ils étaient froids, mais il voulait en connaître la couleur. Il ne savait pas vraiment pourquoi il se hâtait autant – il avait vingt-cinq ans maintenant et les femmes n'étaient pas vraiment ce qui l'intéressait, il avait d'ailleurs bien assez à surveiller ses quatre jeunes sœurs qui étaient toutes plus jolies les unes que les autres et c'était là bien son problème.

Elle ne le regarderait sans doute pas ; il avait trop de couleur pour un elfe, et sans doute était-il trop mortel également pour un flocon immortel.

[Image: QMSeFHT.png]
Lazzare n'était pourtant pas des plus moches, il était même plutôt agréable. Comme la plus part des Di Scudira, il était grand et large d'épaules. Bien carré, comme disait son propre père. Il avait les cheveux roux - de sa mère - et des yeux vert clairs, brillants de sévérité la plus part du temps, une sévérité qui servait surtout à cacher un coeur d'or. Dans son armure, il aurait pu parader comme un coq, d'autant plus que perché sur son cheval, il ressemblait davantage à un capitaine qu'à un simple soldat. Mais ce n'était pas vraiment le genre de la maison.
Lazzare était modeste, d'une famille aisée qui avait toujours travaillé à faire grandir les affaires familiales. Lui-même s'y hâtait, afin de participer à l'éducation de ses sœurs, mais également pour préparer les différentes dots. Il ne voulait pas qu'elles aient un mari trop violent ou trop ivre, il voulait pour elles le meilleur, comme il voulait le meilleur pour lui.
Et le meilleur, à ce moment-là, c'était elle.

Le flocon immortel.

Il arrêta son cheval en l'apercevant. Le carrosse attendait devant l'auberge, les cerfs y étaient encore harnachés. Elle descendit, aidé par ce qui était plus tôt son voisin. D'ici, il put la détailler davantage, et la trouvait encore plus belle.
Fine et fluette, elle était haute mais seulement que de ses talons. Sa taille était élancée, elle semblait légère. Le moindre de ses pas était une danse, lente et minutieuse, calculée. Elle le surprit à la regarder. Il fut surpris qu'elle s'en aperçoive – il avait oublié que les elfes avaient des sens bien plus développés que le commun des mortels.

Elle lui sourit une seconde fois, et cette fois il fut sûr que ce sourire lui était adressé.

Il chavira.

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