11-07-2016, 20:49:10
Il était près de l'heure du Dragon.
La Tour de l'Ordre Flamboyant me surplombait de toute sa hauteur. Monumentale et écrasante, elle me rappelait sans cesse que je me devais de m'incliner régulièrement face à elle et ses occupants. Je soupirai. L'entretien avec mon tuteur de l'Ordre ne s'était pas si mal passé. Quelques sermons humiliants. Et deux-trois brûlures superficielles. Bien mieux que la dernière fois à n'en pas douter. Mais un jour… Oui, un jour. Je secouai la tête, dégageant mon esprit hors de ces chimères oniriques.
Désireuse de quitter les lieux dans les plus brefs délais, je m'engouffrai d'un pas frénétique, jouant du coude lorsque nécessaire, au milieu de la foule qui s'affairait, bruyante et agitée, sur la place principale d'Yris. Le tumulte, plus empressé qu'à l'accoutumée, semblait trouver son origine auprès d'une jeune cavalière à la monture alezane. La jouvencelle, d'une voix fluette, arborait les armoiries de la Maison Luciferi. Je laissai trainer mes oreilles distraitement tandis que je continuais mon trajet vers le quartier du Port.
Il était question d'une mission dangereuse dans l'Egura d'Aiguemirail, aux portes du marais de Tenagos. Bien loin d'appâter les mercenaires par un gain substantiel et facile, seule la promesse d'une tâche ingrate était faite. Peu de précision sur la menace à affronter. Qui donc serait assez fou pour risquer sa vie de la sorte ? Entre ma patrie et ma fratrie, j'aurai vendu la première pour sauvegarder la seconde du besoin sans le moindre scrupule. Pourtant…
Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence. Je n'ambitionnais guère à vivre de nos petits braconnages aux abords d'Yris. Les quelques patrouilles que nous confiait la Garde Talienne suffisaient à peine à améliorer notre quotidien. Et si nous tentions ? La famille Luciferi possède une grande notoriété et une influence suffisante pour espérer au moins une recommandation.
Evaline Luciferi, la Redresseuse de Torts. Ce nom ne m'évoquait que de prestigieux faits d'arme, relatés par les rumeurs et sublimés par les bardes. Je n'en avais peut-être cru qu'un quart lorsqu'ils me furent narrés. La véracité de ses actes de bravoure m'importait peu. La gloire n'est bien souvent qu'un leurre. S'il nous suffit de combattre un temps à ses côtés pour bénéficier de son aura, alors nous irons à Aiguemirail la tête haute.
Toujours dans mes pensées, j'aperçu à quelques pas de moi, sur le perron d'une auberge particulièrement fréquentée, la crinière laiteuse de mon frère. J'accélérai le pas pour me planter devant lui d'un sourire malicieux :
« Dione, finis d'un trait ta coupe de vin. Nous partons sur l'heure pour Aiguemirail. »
La Tour de l'Ordre Flamboyant me surplombait de toute sa hauteur. Monumentale et écrasante, elle me rappelait sans cesse que je me devais de m'incliner régulièrement face à elle et ses occupants. Je soupirai. L'entretien avec mon tuteur de l'Ordre ne s'était pas si mal passé. Quelques sermons humiliants. Et deux-trois brûlures superficielles. Bien mieux que la dernière fois à n'en pas douter. Mais un jour… Oui, un jour. Je secouai la tête, dégageant mon esprit hors de ces chimères oniriques.
Désireuse de quitter les lieux dans les plus brefs délais, je m'engouffrai d'un pas frénétique, jouant du coude lorsque nécessaire, au milieu de la foule qui s'affairait, bruyante et agitée, sur la place principale d'Yris. Le tumulte, plus empressé qu'à l'accoutumée, semblait trouver son origine auprès d'une jeune cavalière à la monture alezane. La jouvencelle, d'une voix fluette, arborait les armoiries de la Maison Luciferi. Je laissai trainer mes oreilles distraitement tandis que je continuais mon trajet vers le quartier du Port.
Il était question d'une mission dangereuse dans l'Egura d'Aiguemirail, aux portes du marais de Tenagos. Bien loin d'appâter les mercenaires par un gain substantiel et facile, seule la promesse d'une tâche ingrate était faite. Peu de précision sur la menace à affronter. Qui donc serait assez fou pour risquer sa vie de la sorte ? Entre ma patrie et ma fratrie, j'aurai vendu la première pour sauvegarder la seconde du besoin sans le moindre scrupule. Pourtant…
Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence. Je n'ambitionnais guère à vivre de nos petits braconnages aux abords d'Yris. Les quelques patrouilles que nous confiait la Garde Talienne suffisaient à peine à améliorer notre quotidien. Et si nous tentions ? La famille Luciferi possède une grande notoriété et une influence suffisante pour espérer au moins une recommandation.
Evaline Luciferi, la Redresseuse de Torts. Ce nom ne m'évoquait que de prestigieux faits d'arme, relatés par les rumeurs et sublimés par les bardes. Je n'en avais peut-être cru qu'un quart lorsqu'ils me furent narrés. La véracité de ses actes de bravoure m'importait peu. La gloire n'est bien souvent qu'un leurre. S'il nous suffit de combattre un temps à ses côtés pour bénéficier de son aura, alors nous irons à Aiguemirail la tête haute.
Toujours dans mes pensées, j'aperçu à quelques pas de moi, sur le perron d'une auberge particulièrement fréquentée, la crinière laiteuse de mon frère. J'accélérai le pas pour me planter devant lui d'un sourire malicieux :
« Dione, finis d'un trait ta coupe de vin. Nous partons sur l'heure pour Aiguemirail. »