Premières années.
#4
Elle ne connaissait pas ce genre de chose. Chez les Taliens, elle avait été heureuse avant. À Malefosse, son père était bien connu, bien aimé du peuple. Il était vrai qu'il n'avait de beau que le visage et l'armure, mais au moins il inspirait tant de crainte que nul homme n'aurait osé dire de sa fille qu'elle était une catin, car ce n'en était pas une.
Se mordant la lèvre inférieure pour retenir un juron de même envergure, la jeune fille leva les mains, sentant la chaleur picotait le bout de ses doigts. Elle n'eut pas le temps de déverser son brasier qu'un contre-sort coupait aussitôt son adversaire.
Elle tourna le visage et surprit le jeune elfe qui venait de la « sauver » tourner les talons.

Cendre resta quelques secondes bête, se demandant même s'il ne l'avait pas touché également. Elle fronça légèrement les sourcils et finalement quitta sans plus un mot ni un regard le petit groupe qui se formait autour du pauvre étudiant qui balbutiait des inepties désormais.

C'est dans un silence saint qu'elle pénétra dans la bibliothèque. Elle ne connaissait pas l'étudiant, mais il était plus simple de dire qu'elle ne connaissait pas grand monde. Tout au plus croisait-elle parfois un étudiant qu'elle avait jadis croisé au cours d'une soirée que donnait son père. Des bourgeois, il n'y avait que ça ici, alors oui, il y avait l'embarras du choix.
Lazzare était si fier de voir sa fille dans une école prestigieuse d'Asteras. Ah ! Asteras ! Le bon fantasme talien, l'éducation des élites…

Cendre repéra enfin le jeune homme et hésita. Elle était cachée derrière un pan de bibliothèque, tordant ses doigts encore brûlants. Elle était si particulière, si unique. Un mélange étrange, un monstre pour certains même. Mais il l'avait aidé, et elle avait reçu son éducation de la meilleure des mères. Quelle fille serait-elle si elle manquait à la plus petite de ses obligations ?

Elle se pinça finalement les lèvres, ravala son orgueil et sa frustration, et finalement avança. Ses talons faisaient à peine de bruit. Cendre n'avait pourtant rien d'aérien, si ce n'était peut-être sa robe courte sur ses genoux, d'un blanc pâle, cousu de fils rouges.

Les yeux ambre de la jeune fille se plantèrent dans le regard de l'elfe, et elle fit une légère révérence, sans rougir.

« Merci. »

Elle se redressa.

« Merci d'être intervenu. »

Cendre pensait et aurait aimé dire qu'elle n'en aurait pas eu besoin, la politesse cette fois-ci l'étouffait.

« Je m'appelle Cendre Meneldä… mais tu peux m'appeller Yùla, c'est plus simple à prononcer. »

Aucun accent ne tâchait son elfique parfaitement prononcé. Bien sûr, il restait que le Cendre était typiquement talien, et qu'elle aimait ce nom, surtout prononcé par Lìrulìn et son accent du nord. Le même accent qu'on pouvait dénoter chez Cendre pour avoir appris l'elfique avec sa mère.
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