24-03-2015, 14:58:14
Le temps de L'Okh Ankhô
Le temps s'écoulant plus vite qu'on ne le voudrait, je me suis retrouvais bien rapidement au portes de l'enfance. Je n'avais que treize ans quand mes parents me proposèrent de passer l'Okh Ankhô car ils avaient confiance en moi. Eux même l'avait passé jeunes et ma sœur également, il n'y avait jamais eu de problème jusqu'à présent. Ce n'était pas une chose aisée mais acquérir son totem est plus long que difficile. Ou tout du moins en général.
J'étais émerveillée à cette idée. Comme la majorité des enfants, j'étais aussi impatient qu'un jeune chiot de savoir quel était mon totem. Ce n'est ordinairement pas une surprise, mes parents et ma sœur ayant des félins pour totem je pouvais être quasiment certain d'en avoir un également. Mais il y a toujours l'incertitude, cette petite ouverture qui laisse les enfants façonner les rêves les plus fous sur leur futur. Je rêvais d'avoir un oiseau, d'obtenir des ailes et de pouvoir voler. Un rêve bien puéril sans doutes mais c'était ainsi.
On me prépara à l'Okh Ankhô mais aussi au Khagan Arrhos, tant sur le plan physique qu'intellectuel. On m'abreuva de conseil, on me donna des armes et de la nourriture pour les premiers jours même si j'aurais dû me débrouiller seul pour la suite de toute façon. Je me sentais prêt, j'avais l'habitude de la forêt, je savais chasser, trouver de l'eau et reconnaitre les plantes comestibles. Je pouvais aller vivre au milieu de Korri. Je me croyais aussi prêt sur le plan mental même si je me fourvoyais.
Le jour fatidique arriva enfin et je partis seul m'enfoncer dans les recoins les plus sauvages de Korri. Ma famille se réveilla avec moi à l'aube et sur leurs souhaits de chance je commençais à marcher.
C'était quelque chose d'étrange, je connaissais les lieux où je marchais car je venais à peine de partir et pourtant je me sentais exposée. Pour la première fois j'allais seul, je n'avais ni amis, ni membres de familles pour m'accompagne. Je me plongeais pour la première fois dans la solitude et elle serait très longue. Je marchais ainsi toute une journée avant de trouver un coin sauvage mais agréable.
L'endroit était magnifique, un petit coin d'eau au pied d'un des plus grands arbres que j'avais jamais vu. Dès que je le vis je décidais de m'y installer, ce n'était sans doute pas bien prudent car un point d'eau attire souvent de nombreuses bêtes mais captivé par la beauté de l'endroit j'y restais tout de même. Repérant rapidement les environs je m'installais pour la nuit et choisis une imposante branche pour lit.
Je n'avais plus rien à faire quand le soleil se coucha et que les ombres commencèrent à prendre possessions de la forêt. Rien d'autre à faire que de réfléchir, la tension montait doucement en moi et je décidais alors de manger pour passer le temps. Des œufs fraichement ramassés par mon père à l'aube, accompagnés de quelques fruits et d'un morceau de viande séchée. Ce n'était pas exceptionnel mais je goutais à la liberté, une liberté solitaire mais que je commençais à apprécié.
Lorsque j'eus finis mon repas la nuit était alors noire et je rejoins la sécurité de ma branche. Incapable de dormir je me mis enfin à prier Wismo. Le temps passait lentement et je n'avais pas l'habitude de prier longtemps, je me contentais habituellement d'une petite prière ou plutôt d'une imploration. Je remerciais donc Wismo pour tout ce qu'il m'avait accordé au long de ma courte vie. Pour les petites choses comme pour les grandes ces remerciement dura jusque tard dans la nuit.
Je dormis d'un sommeil agité, au cœur de la forêt, avec tous les sons qui parvenait jusqu'à moi, mon angoisse était décuplée. Quand le soleil montant finit par me réveiller je me dirigeai vers le sol. Buvant l'eau de la source et grignotant des baies sortis de ma besace je réfléchissais à ma journée. Je décidais de me promener aux alentours jusqu'à ce que le soleil soit au plus haut dans le ciel puis je reviendrais à la source pour prier Wismo. Je partis donc sans objectif particulier si ce n'est d'admirer le paysage. Je n'étais qu'un enfant encore capable de m'émerveillé devant la moindre petite chose. Je croisai quelques animaux lors de mon escapade mais rien de plus dangereux qu'un renard lorsque soudain un puissant rugissement parcourut la forêt. Je n'avais jamais croisé un animal capable de pousser de tel hurlement, à en croire les dires de mon père ce ne pouvait qu'être un imposant félin, peut être un tigre ou une panthère. Ce rugissement rappela à mon esprit les raisons de ma présence, je m'arrêtais donc net là où je me trouvais et m'assis pour prier Wismo. Commençant par réciter des prières que l'on m'avait apprises je finis par me laisser emporter par mon inspiration.
Ce fût la lumière déclinante qui me ramena à la réalité avant même la faim ou la soif. Plongée dans ma méditation je n'avais pas vu le temps passer. Ramassant ma lance je rentrais donc à mon campement, une fois arrivé je remarquais de larges et félines traces de pas en direction de l'étang. La créature que j'avais entendu plus tôt avait dû passer par là. Epuisé et commençant à m'habituer à la forêt je dormis cette nuit-là d'un sommeil paisible.
Pour la seconde fois le soleil me réveilla, sautant au pied de l'arbre je me dirigeais vers l'eau pour me désaltérer quand alors je le vis.