Un invité innatendu

[Belial]

Enfin, le guerrier avait révélé la raison de sa venue. Enfin, il évoquait la menace Holdar proche, peut-être trop proche des deux peuples. Une trêve pour combattre cet ennemi commun qui pour le moment restait cloisonné chez lui.

Les centaures avaient par le passé affronté les holdars. Et les batailles ne s'étaient pas toute soldées par une victoire, loin de là. Les centaures les avaient défiés et en avaient payé le prix. Pourquoi recommencer ?

Vous parlez d'un ennemi commun, pour l'instant, apathique. Mettre nos rancœurs de côté pour combattre cet ennemi impassible, c'est le discours que vous tenez ? Nos archives débordent de récits de bataille contre les Holdars, que nous avons provoquées. Nous tenir à l'écart nous a valu une sécurité provisoire, pourquoi y renoncer !

Ne cherchez-vous pas simplement des soldats à sacrifier pour mener une vendetta contre les hommes bleus ? Vous n'êtes que félonie, recherchant toujours le piège pour éradiquer l'ennemi sans combattre. Nous ne pourrions pas vous faire confiance si nous nous battions côte-à-côte sur le champ de bataille !

Et notre puissance n'est plus à justifier, Eltiri, Gario, nous ne craignons pas votre contre-attaque.


Callicéa s'était de nouveau emportée. Le roi poursuivit en calmant le jeu.

La menace holdar n'est pas réelle tant que nous allons pas les provoquer. Nous avons réussi à contenir la menace avec nos alliés les sylvains, et temporairement les nains.

Votre affinité avec le peuple du soleil n'assure pas une sécurité sur le champ de bataille si nous combattons à vos côtés. Vous le soulignez vous-même : l'incendie d'Eltiri a créé une animosité de certains de vos compatriotes plus forte que la menace holdar. Je doute que ces personnes sachent qui est leur véritable ennemi lors d'une bataille contre les hommes bleus.

Nous n'arriverons pas à nous faire mutuellement confiance, et cela provoquerait notre perte sur le champ de bataille. Votre trêve n'est qu'une utopie qu'aucun de nos deux peuples souhaite. Portez ce message à la personne qui vous envoie, si elle existe.

Votre fureur vengeresse pourrait vous mener à une offensive mal préparée et se solderait par un nouvel échec. Réfléchissez-y, et freiner votre envie de représailles pourrait bien être la solution la plus viable.

La grande prêtresse frissonna à l'écoute des dernières paroles du roi.

Vous n'allez pas le relâcher, tout de même ?



Le roi sourit. Il avait une idée derrière la tête, un cadeau de départ.

Le garder ici ne nous sera d'aucune utilité, et attirerait les foudres de sa nation. Je pensais à le renvoyer avec un cadeau personnalisé.


Une lueur de compréhension brilla dans les yeux de Callicea. Sans répondre, elle ferma les yeux et marmonna des paroles inaudibles pendant un long moment, son chapelet entre ses mains. Lorsqu'elle eut fini, elle hocha la tête face au roi.

Nous allons vous raccompagner à la frontière, puisque vous n'êtes plus en état de combattre.



Sa phrase fut ponctuée d'un sourire de la grande prêtresse, qui ajouta.

Notre déesse sait reconnaître un ennemi lorsqu'elle en voit un. L'inimitié d'Aletheria maudit un ennemi le rendant impuissant. Nous faisons preuve de clémence, souvenez-vous en.