Gario
#30
« On se casse ! »


Les mots vinrent s'écraser sur l'esprit de la Centaure, et sous leur force, un édifice de visions mirifiques s'écroula pesamment.

Adraste, sortant d'une riche villa de Gario, deux coffres d'argent incrustés de pierreries sous les bras, des épices et des tissus rares plein la croupe.

Adraste, couchée lascivement sur une montagne de soie, gouverneuse du nouvel avant-poste centaure. Gario pleine de temples. Et de quelques sous-sols d'un autre acabit.

Adraste, honorée du rang de prêtresse et de trésorière du Temple, pour services rendus à la patrie.

Fini. Foutu. Kaput. Un jour peut-être, mais pas aujourd'hui. L'ennemi arrivait et il n'était pas ravi des plans de l'alliance pour sa petite cité en toc.

En une fraction de seconde, elle s'était retournée et avait longé le mur est de la ville en une folle cavalcade, dans un petit nuage de sable et de rêves contrariés. Un bond du haut d'une dune et tout le champ de bataille s'offrit à elle. Déesse, la marée d'hélions et d'hommes bêtes était impressionnante et les pauvres membres de l'alliance assez fou pour se perdre dans ce pétrin passaient un mauvais quart d'heure.

Un mouvement fluide, une traction de corde, un sifflement. Sans ralentir. Sans s'arrêter. Un trait lancé à la face du ciel, un peu comme ça. Mais au loin un corps ennemi s'écroule, une flèche dans le dos.

Continuer à courir.

Et bientôt le désert et son sable trompeur font place à une sensation plus familière. De l'herbe, fraiche et douce, le bruit de l'eau non loin. La plaine. Son terrain. LEUR TERRAIN. Elle ne peut s'empêcher de sourire à l'idée qu'ici, elle ne craint rien.

Priscilla ne tarde pas à apparaitre non loin. Kaelderya les dépasse à son tour, dans la même cavalcade furieuse aux allures de fuite éperdue.

Mais les Miséreux ne fuient pas.
Ils reculent.
Un peu.
Puis s'arrêtent.

Au loin la bataille fait rage. On aperçoit plus que quelques ennemis, l'avant-garde, composées tout à la fois des plus téméraires et des plus assurés. Les flancs à moitié enfoncés dans l'ondée, l'archère et l'émissaire tiennent un conciliabule.

« On pourrait continuer le repli, tout simplement »
« Le moral très chère. Le moral »
« Bon euh…hum…mais lequel alors ? »


La discussion continue encore un peu. Des signes sont échangés, des sifflements se produisent. Et soudainement les Miséreux se remettent à galoper.
Vers le désert.
Et un champion hélion s'écroule, face sur le sable.
L'heure de la retraite a sonné.
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