La plage
#2
Un petit tour à Jada et s'en va. Ainsi était devenu la vie du groupe : nos villes natales ne sonnaient qu'avec la notion de brèves escales. La belle aventure, celle qui nous fait découvrir ce qui se cache derrière l'arbre, celle qui nous fait prendre conscience des dangers de ces poussières de cailloux, recouvrant presque toute végétation, ce sable s'insinuant dans les poils et nous grattant. La belle aventure, celle qui nous fait rencontrer d'autres groupes de fiers guerriers, ou de lâches "associés", celle qui nous fait découvrir les richesses semées à chaque endroit de la carte, matérielles ou vivantes.

L'aventure, c'est surtout celle qui répond à l'appel de nos instincts. Et un fois sorti de Jada, ce dernier nous avait mené au bon endroit. Une lutte avait été engagée, le sang avait déjà coulé, et les brancards avaient déjà circulé.
Au clair de la plaine, centaures & sylvains avaient mis à mal un groupe d'aventuriers, improvisés. Des solitaires rassemblés sous une cause commune, regroupés derrière la bannière de l'espoir et de la gloire. La lutte durait depuis quelques jours, de brèves escarmouches de chaque côté, des positions qui fluctuaient au vent et aux épées. Une véritable guerre des tranchées, où quand l'un reculait, ce n'était que pour revenir prendre position le lendemain.

Guérilla peu attractive, une chasse ou chacun était à la fois chasseurs, chassés et victimes, ou chaque position donnée n'était valable qu'un bref instant. Contexte mauvais, peu propice à une bonne arrivée. Nous étions en marche, au delà de la forêt, par delà la rivière. La vaste plaine, ouverte, mais modelée par les combats qui s'y tenaient, pour permettre à chacun de tenir (ou pas) une position, pour se barricader, se camoufler, disparaitre.
L'oiseau qui volait trop loin ne vit rien, malgré le regard perçant de sa métamorphose. Il fila droit dans les filets de l'adversaire. Sans qu'il ait eu le temps de battre des ailes plus loin ou de se retourner, il se retrouva plié au sol, son corps oscillant entre sa forme d'aigle et son corps d'homme. Nous étions arrivé trop confiants, et Poukilette ne fut que le premier à en prendre conscience. Au même tarif, Selim l'apprit peu après, alors que déjà le clairon d'un rassemblement sonnait. Nous étions désormais dans la partie, et chassés avec deux victimes.

Nous avions disparu. L'attention n'avait tenu sur nous que le temps de nous reprendre. Nous préparions notre seconde manche, calmes, mais déterminés.
- Wycket, tu seras nos yeux. Prépare notre chemin vers eux, vois et entends autant que possible. La lumière de Solaris t'aidera. Pendant ce temps, nous préparons notre contre-offensive. Soit prêt.
- Reçu.
- Avant de partir, un peu de soutient.
- L'idée, c'est d'ouvrir pleinement un second front. Nous contournerons le combat actuel, en espérant qu'ils tiennent bon jusqu'à notre venue. Nous avons une journée pour nous préparer dorénavant.
C'est du Nord Ouest qu'est venu notre assaut. Durant une journée, j'ai pisté l'ennemi, pris des notes, transmis mes informations aux fouines pour qu'elles les apportent aux miens. J'étais prêt à bondir.

La manœuvre fut redoutable, inattendue. Tour à tour dans la bataille, les rayons, les flèches, les lames se mêlèrent au centre de la plaine. Dans la surprise, l'ennemi ne put que tenter de reculer. En vain. Rapidement, la masse adversaire fut réduite de moitié. Mais à leur différence, nous n'avions pas besoin de reprendre notre souffle, ils ne fuyaient que pour lutter deux pas plus loin. En deux jours de combats, il ne restait plus qu'un marathonien.

Je portais mon regard vers l'Ouest. Eltiri ne brulerait pas de nouveau. Eltiri pouvait s'endormir en paix ce soir.
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