(anim #2) Sur les cendres d'Eltiri.

[Saëvitia]

Elle était revenue en retard. Fermant la marche du convoi, Saëvitia avait attendu sagement que le chariot finisse son périple pour s'engager à son tour dans l'enceintre détruite. Le paysage qu'elle avait délaissé pour venir en renfort contre les brigands avait bien changé... Des feux-follets et des esprits alarmés avaient envahi les lieux. Ils l'agressèrent immédiatement mais les druides et guérisseurs parvinrent à la raisonner et l'empêcher d'user de ses dagues en représailles.
Elle n'aimait pas ça. Il n'était pas dans ses habitudes de laisser quiconque la toucher sans en subir les représailles. Les esprits ne devaient pas faire exception.

Plus elle se rapprochait de l'ancien centre-ville et plus les esprits se raréfiaient. Les hommes-bêtes étaient présents en masse, réunis autour d'une jeune pousse qu'ils semblaient protéger envers et contre tous. Si une chose lui échappait totalement, c'était que l'on puisse risquer sa vie pour préserver quelques feuilles. Elle ne comprendrait sans doute jamais ce qui liaient les hommes-bêtes si étroitement à leurs forêts, mais ce lien semblait trop tenu pour qu'ils parviennent à discerner les ennemis des alliés.
Certains, mués par la peur ou le désir de justice, attaquèrent férocement les Ents qui approchaient. D'autres, plus indécis, restaient en arrière à soigner leurs frères sans répondre à la menace imminente. Cette bataille ne la concernait en rien et l'hélionne aurait pu rester tranquillement en retrait, leur laisser la responsabilité de ce combat acharné. Mais elle n'appréciait pas le ton accusateur employé par les arbres corrompus alors même que les siens avaient combattu pour protéger cette forêt, sans être persuadé d'un retour.

"Quoiqu'ils en disent, tu n'es qu'une aberration. Les miens ont donné leur sang autant que les autres pour vous défendre !"

Elle s'était élancée, dagues en avant, virevoltante et déchaînée pour leur prêter main-forte. Ces créatures de cauchemar n'auraient pas pu triompher et cette victoire facile avait un goût amer pour les hommes-bêtes. L'hélionne, elle, s'en fichait. Elle s'était engagée dans ce combat à leurs côtés, mais elle aurait aussi bien pu les laisser faire par eux-mêmes. L'issue aurait été la même.

Contrairement à eux, elle pouvait compatir pour des voleurs car ils restaient des êtres humains même mués par de mauvaises intentions, mais face à ces végétaux vivants, elle ne ressentait rien qu'un vide profond.