Un galop boisé...
#3
Chemin faisant, le Sylvain maintenant bien connu des écureuils du Pelethor entendit le craquement de branches écrasées par les sabots ferrés. Une troupe qui poursuivait quelques fuyards basanés, galopant pour aller rendre aux alliés de leur ennemis l'avanie causée. Les adversaires de nos ennemis n'étant rarement nos amis, et voyant que le haut de la tenue n'était toujours pas de de mise chez les centaures, Swann trouva qu'il y avait un intérêt modique à participer à leur équipée, proposant sur le champ ses services d'éclaireur avisé.


Un petit bois entre la grande ville ruinée et la petite bourgade décavée fut parfait. Une bestiole qui ressemblait plus a une Sylvaine commune qu'aux guenuches velues auxquelles ils s'attendait en territoire bestial vint a passer. Son regard d'aigle et sa froideur lui transpercèrent le cœur, mais l'arc de Swann, déjà tendu pourtant, ne vibra point. Un autre déjà se pointait, son agresseur de la tour des mages, quelle chance, Evenisse était sauvée.

Il transperça le bougre, et personne ne semblât s'en offusquer. Mais l'alerte devait avoir été donnée, car déjà une horde répugnante déferlait. A l'arrière une poule caquetait, elle eût l'honneur d'être la seconde tuée.

Mais de partout les bêtes accouraient, reniflant, encore sans le trouver. Les Sylvains présents n'étaient pas très nombreux, on pouvait les compter sur la moitié des sabots d'un centaure sain, ou réciproquement sur les seins d'une cent… enfin bref, ils étaient deux. En danger.

Dans un acte pour le moins héroïque, certes accompagné d'une déclaration moins rhétorique, qui traduirait durant les millénaires à venir ou au minimum jusqu'au coucher du soleil dans un bain de sang l'honneur et la rusticité des centaures, Aegon fit barrage de son imposante stature d'étalon bien cambré (oui, j'ai bien dit cambré) pour protéger la jeune elfe coincée entre les hommes-bêtes et les homme-chevaux.
Pour elle, Halista avait intercédé.
Pour lui, non.
Elle devait lui en vouloir pour sa dernière calembredaine attribuée à son fessier. Elle devait vraiment lui en vouloir, car le plus horrible des passants, dont l'exhalaison seule aurait suffit à tuer, l'empoigna de son harpon pour l'extraire de son taillis. Jamais à l'avenir l'elfe ne pourrait humer pire odeur, il en était certain. Mais les grognements du ballot révélèrent par son haleine que finalement il s'était trompé sur ce point. A partir de cet instant, l'éclaireur ne comprit plus vraiment ce qui lui arrivait. D'un mouvement rotatif du harpon, l'elfe s'envola, interceptant dans sa trajectoire la volée de flèche de la guenuche glabre.

Son unique collègue présente s'approcha de lui, alors qu'on l'emportait quasi-inanimé, percé de part en part. Il imaginait déjà, à moitié dans un rêve, que la jolie blonde allait le consoler d'une étreinte qui presserait l'arabesque de sa poitrine opaline contre son plastron tressé, mais là encore il se trompait. La dernière parole qu'il entendit, était celle de l'usurière qui lui cria « Eh ! l'emmenez pas tout de suite, il me doit encore huit pièces d'or !! Plus les intérêts ! ».

Ce fut court mais intense.
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