16-02-2011, 20:39:47
Quater
Froid. Telle était la première sensation qu'eût Gwendolwenn en se réveillant. La seconde fut l'émerveillement. Elle s'était endormie araignée dans un marais sinistre et se réveillait dans la clarté presque insoutenable du soleil levant réfléchi par une neige immaculée à perte de vue. Elle s'empressa de regarder ses mains, de les faire bouger. Oui, elle était redevenue elle-même.
Et une fois encore à côté d'elle attendait patiemment, assis en tailleur sur le tapis de flocons, son mystérieux protecteur. Il se leva en souriant.
- Bonjour. Bien dormi ?
- Un peu frisquet.
- Bonne nouvelle, on va pouvoir se réchauffer. Une longue marche nous attend.
- Il n'y a pas de porte ici! Comment sommes-nous venus ?
Il montra le sol. Elle devait être ensevelie sous la neige. Décidément Gwendolwenn ne comprenait pas comment on pouvait passer la porte sans y entrer.
Ils se mirent en route. Marcher dans cette immense étendue blanche lui rappelait son expédition à la recherche de la fleur de mana. Elle n'en savourait que plus chaque pas avec ses nouvelles bottes.
Elle avait enfin l'occasion de lui parler, mais il éludait avec une finesse rare toute question personnelle. Quand elle lui demandait d'où il venait, elle se retrouvait à lui conter son enfance. Une question sur ses origines ? Les voilà partis dans un débat spirituel sur celle du monde. Son nom ? Et elle se trouva à lui avouer son faible pour les baies rouges.
Il marchèrent sans but apparent jusqu'au soir, voyant de-ci de-là un loup, un renard ou une belette, tous aussi incolores les uns que les autres.
Enfin il s'arrêta, et sorti de sa gibecière une arme étrange. Une épée courte et fine mais courbée en son extrémité. Il l'enfonça jusqu'à la garde dans la neige, dessina une ligne, puis une autre, encore une et revint a son point de départ. La partie courbe lui servit a extraire ce bloc rectangulaire de neige. Il répéta l'opération nombre de fois, expliquant qu'il fabriquait un abri en neige, pour qu'il leur soit plus facile de s'endormir ce soir.
Ils tapissèrent ensemble l'igloo afin d'en boucher les interstices, avec une pause bataille de boules de neige improvisée par Gwendolwenn. Ils entrèrent déposer leurs affaires. Elle vida l'une des outres, lui fouilla dans sa besace, en extrait une petite lampe à huile qu'il alluma. Ils sortirent dans l'obscurité.
Elle se demandait ce qu'il attendait. Et savait pertinemment qu'elle n'aurait pas de réponse.
- Il n'y a pas d'étoiles ?
Gwendolwenn se souvenait de la pureté du ciel, et aucun nuage n'était venu entre temps.
Et au moment où elle s'en inquiétait, elles apparurent. Peu à peu, scintillantes et multicolores. Et dans un crissement qui lui rappela l'arthropode du désert, un rideau nacré descendit du ciel. Elle avait déjà lu l'un ou l'autre manuscrit enluminé à ce sujet. Mais la réalité était incomparablement plus féérique.
Le spectacle achevé, ils retournèrent dans l'igloo pour le départ. La petite lampe à huile avait contre toute attente fait merveille sur la température. Se rendant compte qu'elle avait oublié de le faire jusqu'ici, elle le remercia de l'avoir sauvée du Korrigan et de son abomination.
- Il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur toi...
Une telle tendresse émanait des yeux de l'orateur que Gwendolwenn en eut un agréable frisson qui n'avait rien a voir avec l'environnement.
… mais que ceci ne soit pas une excuse pour te mettre en danger outre mesure !
- Où allons-nous cette fois ?
- Promet moi d'abord que tu garderas tout cela secret.
- Je ne sais si je pourrais tenir cette promesse. Je sais que je ne pourrais la tenir.
Elle se voyait déjà, décrivant à Ehluine chaque seconde de ce voyage.
- Si tu souhaites en être sûre, bois ceci.
Il versa une nouvelle fois une poudre dans un gobelet rempli d'eau.
- Encore une poudre magique. Un oubli définitif ? C'est du poison cette fois ?
- Peut-être.
Elle but d'un trait. Il s'approcha d'elle.
- Rêves et réalités seront indémêlables...
- Il l'étaient déjà, avoua-t-elle.
- De toute manière tu peux raconter ce que tu voudras a qui tu voudras, personne ne te croira.
Leur lèvres se touchaient presque. Elle sentit la caresse de sa main sur sa hanche.
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Froid. Telle était la première sensation qu'eût Gwendolwenn en se réveillant. La seconde fut l'émerveillement. Elle s'était endormie araignée dans un marais sinistre et se réveillait dans la clarté presque insoutenable du soleil levant réfléchi par une neige immaculée à perte de vue. Elle s'empressa de regarder ses mains, de les faire bouger. Oui, elle était redevenue elle-même.
Et une fois encore à côté d'elle attendait patiemment, assis en tailleur sur le tapis de flocons, son mystérieux protecteur. Il se leva en souriant.
- Bonjour. Bien dormi ?
- Un peu frisquet.
- Bonne nouvelle, on va pouvoir se réchauffer. Une longue marche nous attend.
- Il n'y a pas de porte ici! Comment sommes-nous venus ?
Il montra le sol. Elle devait être ensevelie sous la neige. Décidément Gwendolwenn ne comprenait pas comment on pouvait passer la porte sans y entrer.
Ils se mirent en route. Marcher dans cette immense étendue blanche lui rappelait son expédition à la recherche de la fleur de mana. Elle n'en savourait que plus chaque pas avec ses nouvelles bottes.
Elle avait enfin l'occasion de lui parler, mais il éludait avec une finesse rare toute question personnelle. Quand elle lui demandait d'où il venait, elle se retrouvait à lui conter son enfance. Une question sur ses origines ? Les voilà partis dans un débat spirituel sur celle du monde. Son nom ? Et elle se trouva à lui avouer son faible pour les baies rouges.
Il marchèrent sans but apparent jusqu'au soir, voyant de-ci de-là un loup, un renard ou une belette, tous aussi incolores les uns que les autres.
Enfin il s'arrêta, et sorti de sa gibecière une arme étrange. Une épée courte et fine mais courbée en son extrémité. Il l'enfonça jusqu'à la garde dans la neige, dessina une ligne, puis une autre, encore une et revint a son point de départ. La partie courbe lui servit a extraire ce bloc rectangulaire de neige. Il répéta l'opération nombre de fois, expliquant qu'il fabriquait un abri en neige, pour qu'il leur soit plus facile de s'endormir ce soir.
Ils tapissèrent ensemble l'igloo afin d'en boucher les interstices, avec une pause bataille de boules de neige improvisée par Gwendolwenn. Ils entrèrent déposer leurs affaires. Elle vida l'une des outres, lui fouilla dans sa besace, en extrait une petite lampe à huile qu'il alluma. Ils sortirent dans l'obscurité.
Elle se demandait ce qu'il attendait. Et savait pertinemment qu'elle n'aurait pas de réponse.
- Il n'y a pas d'étoiles ?
Gwendolwenn se souvenait de la pureté du ciel, et aucun nuage n'était venu entre temps.
Et au moment où elle s'en inquiétait, elles apparurent. Peu à peu, scintillantes et multicolores. Et dans un crissement qui lui rappela l'arthropode du désert, un rideau nacré descendit du ciel. Elle avait déjà lu l'un ou l'autre manuscrit enluminé à ce sujet. Mais la réalité était incomparablement plus féérique.
Le spectacle achevé, ils retournèrent dans l'igloo pour le départ. La petite lampe à huile avait contre toute attente fait merveille sur la température. Se rendant compte qu'elle avait oublié de le faire jusqu'ici, elle le remercia de l'avoir sauvée du Korrigan et de son abomination.
- Il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur toi...
Une telle tendresse émanait des yeux de l'orateur que Gwendolwenn en eut un agréable frisson qui n'avait rien a voir avec l'environnement.
… mais que ceci ne soit pas une excuse pour te mettre en danger outre mesure !
- Où allons-nous cette fois ?
- Promet moi d'abord que tu garderas tout cela secret.
- Je ne sais si je pourrais tenir cette promesse. Je sais que je ne pourrais la tenir.
Elle se voyait déjà, décrivant à Ehluine chaque seconde de ce voyage.
- Si tu souhaites en être sûre, bois ceci.
Il versa une nouvelle fois une poudre dans un gobelet rempli d'eau.
- Encore une poudre magique. Un oubli définitif ? C'est du poison cette fois ?
- Peut-être.
Elle but d'un trait. Il s'approcha d'elle.
- Rêves et réalités seront indémêlables...
- Il l'étaient déjà, avoua-t-elle.
- De toute manière tu peux raconter ce que tu voudras a qui tu voudras, personne ne te croira.
Leur lèvres se touchaient presque. Elle sentit la caresse de sa main sur sa hanche.
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![[Image: tn_aurore.jpg]](http://tirnamael.online.fr/hxres/andoras/tn_aurore.jpg)