Le Loup & la Guérisseuse
#2
"Je suis le chasseur lunaire, celui qui traque sans remords ses proies et qui les égorge sans pitié. Seule ma famille compte à mes yeux !"

Ainsi s'éveilla l'homme-bête. Une autre nuit venait de s'écouler et l'amertume se lisait de nouveau sur son visage.
Se frottant les yeux, se levant, s'étirant, l'homme-animal se préparait à sa journée.

« Seule ma famille compte à mes yeux ! »

Cela tournait dans son esprit. Avait-il prononcé ces mots un jour ? Était-ce une devise ? Les paroles et les pensées résonnaient encore et encore, sans but.
Inlassablement, les mots marquaient sa journée. Dès son réveil jusqu'au soir, en passant par les repas, les promenades et les rencontres.
Toujours silencieux avec les siens comme avec la nature. C'était une forme de communion avec la forêt.
Parler ne ferait que donner sa position et briser le bruissement du vent dans les arbres.

« Seule ma famille compte à mes yeux ! »

Déchéance ! L'agonie de son esprit continuait, pourrissant son âme avec d'interminables tourments.
Les mots seuls ne semblaient rien mais les sentiments revenaient. La fierté, l'honneur, l'amour... des choses qui prêtaient à sourire agréablement en y repensant mais la peur et la honte revenaient plus fortes en arrachant un rictus au visage du guerrier, réprimant ses traits jusqu'à ne plus avoir de sentiments visibles.
Qu'importe, la douleur était toujours là et présente dans sa chaire.
Cela le tourmentait en lui ôtant goût à la vie.

La nuit tombait et accentuaient les sentiments négatifs. La lune regardait la terre et ne faisait rien, pourtant c'était un chasseur né sous le signe lunaire ! La nuit le royaume où les hurlements de sa meute résonnaient.

Plus rien comptait.
Pourquoi vivre ? Cette question devenait une obsession.

L'homme-bêta avança, ses cheveux d'argents luisant sous l'éclat blanc de l'astre nocturne.
Ses pas le ramenaient au lac et sa main hésitait de nouveau à tirer l'épée pour trancher ses veines. L'ivresse du sang avant une morte lente et inéluctable... cela sonnait comme une belle échappatoire.

Pourtant... pourtant il arrêta son geste. La guérisseuse contemplait la surface liquide, sombre et opaque avec une certaine fascination. Ses longs et magnifiques cheveux blancs ressemblaient aux rayons lunaires. Sa tenue teintée et coupée avec soin semblait toujours bizarre pour le guerrier mais la guérisseuse possédait quelque chose de beau. Une beauté extérieur paraissait et une beauté intérieur rayonnait.

Le guerrier rejoignit silencieusement la disciple d'Estalia pour ne pas troubler sa concentration et s'assit à côté d'elle.
Puisque plus rien ne comptait et que sa vie n'avait plus de valeur à ses yeux, il exaucerait le souhait de la déesse de la vie : rester vivant et protéger sa fidèle.

Ainsi le loup devint le défenseur de la vie.
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